Pécresse la plus dépensière, Zemmour le plus naïf ?

Arides à éplucher, les comptes de campagne de la dernière présidentielle nous en apprennent beaucoup sur certains petits arrangements des candidats.

RamDameur passionné, Michel, quand il a du temps libre, préfère de très loin la lecture du « Journal Officiel » à celle de « Voici » ou « Gala ». Et rien ne l’amuse plus que d’aller farfouiller dans les data du gouvernement, ces données officiellement accessibles à tous les citoyens, mais que l’État prend un malin plaisir à rendre dissuasives au possible. Car il faut incontestablement une certaine opiniâtreté pour lire les 325 pages publiées par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.

https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=WEMso1qOCZh2qhuXAXmImQKF4sRY5i5EOB0AH67mhps=

Michel nous a adressé deux pépites que nous publions avec plaisir. Libre à chacun d’aller à son tour fouiller pour en extraire d’autres.

Meilleur rapport argent dépensé/votes obtenus pour Jean Lassalle

La première excellente idée consiste à extraire le chiffre officiel des dépenses de chaque candidat lors de la dernière présidentielle et à le diviser par le nombre de suffrages obtenus. Sans surprise les deux « accidents industriels » Valérie Pécresse et Anne Hidalgo arrivent en tête. Avec 14 millions d’euros, la candidate LR disposait du deuxième budget, juste derrière le président sortant, mais elle a tellement peu capitalisé sur son nom que chaque suffrage exprimé lui a coûté 8,53 euros. La candidate socialiste Anne Hidalgo, avec un budget de 3,7 millions, partait loin derrière Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou Yannick Jadot. Mais, comme elle a réussi à convaincre fort peu de monde, chaque suffrage exprimé lui aura coûté 6,07 euros. Le grand champion du rapport argent dépensé/votes obtenus, reste donc Jean Lassalle. Avec 813 000 euros, chaque suffrage récolté ne lui aura coûté que 0,74 euros. Ah, ces gars de la campagne pour qui un sou est un sou et qui savent faire des miracles, contrairement aux « Parisiennes », avec trois fois rien !

Des recettes parfois très suspectes

C’est en cherchant dans les recettes des candidats que l’on ne peut manquer de s’interroger sur « l’honnêteté » de leurs déclarations et sur le manque de curiosité des commissaires qui ont validé leurs comptes. Toute personne qui a participé au moins une fois dans sa vie à un meeting électoral sait qu’il il y a deux passages incontournables dans ce genre de manifestation. Le meeting ne se déroulera pas sans qu’une armée de petites mains ne circule dans les rangs avec une boîte ou un chapeau afin de vous délester de votre monnaie «  pour soutenir le candidat », tandis que d’autres bénévoles stratégiquement placés près des entrées et sorties vous guetteront derrière des tables pour que vous achetiez des objets promotionnels comme des tee-shirts ou écharpes à l’effigie du candidat, voire ses livres.

Même si sa défaite a été mémorable, imaginer que pas un membre de LR, n’ait pu trouver au fond de sa poche une pièce jaune à donner à la malheureuse candidate Pécresse reste plus qu’improbable. Pourtant, toute honte bue, Philippe Poutou et Valérie Pécresse affirment dans leurs déclarations qu’ils n’ont pas touché pendant les deux mois de campagne un centime d’euro de ceux venus les écouter. Et les commissaires chargés de valider les comptes de campagne ont gobé cela.

Mais après tout pourquoi se gêner puisqu’Emmanuel Macron en personne, n’a pas réussi à obtenir la moindre piécette des spectateurs venus l’écouter, même s’il reconnaît que les « produits dérivés » autour de sa jupitérienne personne ont rapporté 29 800 euros, un chiffre qui paraît bien faible par rapport à la notoriété du candidat.

À gauche, la tradition de donner aux meetings est très fortement ancrée. On peut donc s’étonner que pas un seul militant communiste ne se soit retrouvé avec une obole à fourguer à Fabien Roussel, au moment où Jean-Luc Mélenchon récoltait 74 273 euros. Heureusement, les produits dérivés, plus difficiles à planquer car souvent payés en chèques ou cartes de crédits, ont permis au candidat communiste d’amasser plus de 100 000 euros, soit trois fois le score de Macron.

Reste enfin le cas fort amusant d’Éric Zemmour. Pour autant qu’on s’en souvienne, il n’a pas été porté par une vague populaire impressionnante lors de cette dernière présidentielle. Ce qui ne l’empêche pas d’exploser les compteurs en déclarant 3 860 euros de menue monnaie récoltée lors des meetings et 476 617 euros de vente d’objets promotionnels. Soit au total seize fois ce qu’aurait récolté Emmanuel Macron. Un tel écart laisse perplexe et l’on peut se demander si le petit nouveau de la classe présidentielle n’a pas fait preuve d’une grande naïveté en ne bidonnant pas ses chiffres de ventes contrairement à ses copains.
Quand on vous disait qu’on peut trouver des informations passionnantes dans le « Journal Officiel »…

RamDam 64-40

Bayrou, encore une fois épinglé

Les commissaires chargés d’examiner les comptes de campagne d’Emmanuel Macron se sont étonnés de la présence de François Bayrou à la plupart des meetings. Le Haut-Commissaire aux Plan, que RamDam préfère qualifier de Haut-Commissaire aux Planques tellement il est inexistant, et absence de force de propositions, n’allait pas rater ces grands moments de flagornerie que constituent les réunions publiques du président sortant. Mais c’est promis, juré, ainsi qu’en atteste sa cheffe de cabinet, il n’a pas utilisé les moyens de l’État mis à sa disposition.

Imaginer que Bayrou puisse être un profiteur du système, mais c’est qu’ils se montreraient presque impertinents ces commissaires chargés de vérifier les comptes de campagne !

Pour lire les 53 pages expliquant les décisions des commissaires : file:///C:/Users/33661/Desktop/Cuisine%20JTR/04%20Avril%202023/Commentaires%20commissaires%20comptes%20de%20campagne.pdf