Le 1er avril n’est pas que je jour des bonnes blagues. C’est aussi celui de la fin de la trêve hivernale et donc la permission d’expulser. Au Pays basque, l’amer monte à juste titre.
Désarroi, colère, espoir, déception,la question du logement est sur toutes les lèvres, s’invite dans tous les débats, fait la une de tous les journaux écrits ou télévisuels, car partout l’accès au logement se durcit.
En cette journée européenne pour le droit au logement, presque 4000 personnes se sont mobilisées samedi 1er avril devant la sous-préfecture de Bayonne, à l’initiative du collectif Se Loger Au Pays Herrian Bizi. Ce rassemblement est là pour rappeler qu’en 2023, le droit au logement n’est toujours pas respecté. Des prises de parole en français et en basque de Maialen Errotabehere et Txomin Heguy, représentant le collectif font état de données inquiétantes mais réelles (trop de résidences secondaires, quasiment pas de locations à l’année, quartiers aux volets et commerces fermés, délais honteusement longs pour accéder à un logement social, spéculation immobilière, etc.), avec un ultimatum à la clé « à partir du 1er janvier 2024, nous n’accepterons plus qu’une habitation principale soit transformée en résidence secondaire ».

(Photo François BERLAND)
Des élus, maires de différentes communes, président de la communauté des communes du pays basque sont présents. Le député Inaki Echaniz également : « Il y a près de 15 millions de personnes en France, concernées par la crise du logement. J’ai déposé une proposition de loi, portant sur la fiscalité permettant de réduire la spéculation ».
Les trombes d’eau continues ne freinent pas l’ardeur du cortège qui commence engagé devant la sous-préfecture et qui s’ achève très mouillé sur l’esplanade Roland Barthes. L’ambiance bon enfant autour de pintxos et tapas se poursuit par des taloak au fromage, ventrèche et txistora au son des musiciens et chants basques, histoire d’oublier dans l’amitié et la convivialité, pour une soirée ce douloureux problème du logement.
Push : pousse toi que je m’y mette
Un documentaire PUSH réalisé par un cinéaste suédois et présenté le 24 mars dernier à l’Atalante, explique pourquoi, il devient si onéreux de vivre dans nos villes. Dans ce documentaire on peut entendre cette analyse faite sur les nouveaux habitants. « Ils ne sont pas foncièrement méchants, ils sont amoraux. Mais comme ils sont foncièrement amoraux, ils sont méchants ». Le constat est là, deux mondes s’opposent. D’un côté, le pouvoir, l’argent, les riches et de l’autre les autres.
Jean-Pierre Saint-Picq (président de l’association Atalante) et Erwan Desplanques (journaliste à Zadig) approuvent : « Nous aimerions qu’il soit possible à tous de vivre au pays, de s’y loger de façon raisonnable et abordable en ne refusant pas aux nouveaux habitants de s’y installer mais en souhaitant que la spéculation ne gangrène pas les communes, en créant des quartiers entiers de maisons vides et des appartements aux volets ouverts seulement l’été. Pour qu’un pays vive, il faut de la vie toute l’année, un voisinage convivial avec une vie de quartier où les gens se connaissent et se parlent ».
Le droit au logement est bafoué
Daniel Harotzarene (association Atherbea) ne dit pas autre chose : « La plateforme Se loger au Pays Herrian Bizi créée en 2021, s’est constituée pour faire face à la difficulté croissante de notre territoire de produire des logements accessibles à ceux qui vivent et travaillent au pays Basque. Elle regroupe une trentaine d’organisations, d’associations, de syndicats et de mouvements politiques qui travaillent ensemble sur les thématiques de fond sur le logement, les résidences secondaires, la précarité, les migrants ».
Carole (association Herrian Bizi) poursuit : « La première mobilisation du 21 novembre 2021 avait rassemblé 8000 personnes. Cela a permis de faire bouger les choses comme le vote de la compensation. Il faut pouvoir faire davantage face à l’ampleur de la spéculation et de la crise du logement. Nous espérons que la nouvelle manifestation du 1er avril rassemblera encore plus de monde ». Hélas, les très fortes pluies ont contrecarré cet espoir d’être encore plus nombreux.
Ce droit d’avoir un toit est partout menacé dans le monde, ce qui a amené les Nations Unis à décider une grande enquête de part le monde sur le logement convenable.
Léilani Fahra, avocate et rapporteur pour les Nations Unies a parcouru plusieurs pays sur différents continents de 2014 à 2020. En 2019, elle a initié le mouvement mondial SHIFT, qui réclame et réalise le droit humain fondamental au logement. « Nous devons nous éloigner du logement en tant que lieu d’investissement de capital excédentaire et revenir au logement en tant qu’endroit pour vivre dans la dignité, élever des familles et participer à la communauté ».
La gentrification en marche
Blackstone, fonds d’investissement américain, au capital en 2020 de 620 milliards de dollars, est propriétaire de 67 sociétés, dont le patron est loin d’être rassasié. Il espère tripler la taille de son entreprise dans les 5 ans. Aussi quand Blackstone décide de s’implanter dans les centres villes, cela fait dire à un ancien locataire : « Blackstone achète des quartiers entiers, sans regarder à la dépense ni même voir les habitants qui résident depuis des générations dans ces maisons et ses rues. Les locataires changent de propriétaires mais ne connaîtront jamais le nom du nouveau propriétaire qui ne s’embarrassera ni de les contacter ni de répondre à aucune sollicitation. Nous avons vu nos bâtiments se dégrader petit à petit, nous n’avons jamais trouvé le moindre écho auprès du propriétaire, nous ne le connaissions pas et nos lettres n’ont pas reçu de réponse. Je ressens ça comme un abandon volontaire. Le seul but est de nous chasser de nos logements pour reconstruire des logements de standing ».
Blackstone ne dit pas à ces locataires « Partez ! ». Blackstone dit « Si maintenant c’est trop cher pour vous (de par l’augmentation du loyer, celui-ci représenterait 90% de leurs revenus), n’y vivez plus ». Le phénomène se répète dans toutes les grandes capitales, qui ont des quartiers entiers d’appartements vides, investir dans la pierre c’est mieux que placer l’argent à la banque.
Ces quartiers se sont modifiés par l’installation de classes sociales très favorisées qui ne veulent plus cohabiter avec les classes plus modestes qui y résidaient jusqu’alors. Comme on le voit, ce phénomène mondial s’amplifie particulièrement avec les grandes métropoles qui peu à peu deviennent le territoire exclusif des riches.
Et pourtant le logement a un rôle fondamental pour la survie de l’homme, son aptitude au travail, la sécurité de la société et sa cohésion. L’Abbé Pierre, déjà en 1954, ne voulait plus voir personne à la rue. Un toit pour tous, était son credo. Presque 70 ans après, précarité et difficultés sont toujours là et cette situation n’est plus supportable ni acceptable.
Danielle BONNARDET
Ce qui est lassant avec tous ces « spécialistes du logement pour tous » et ces élus compatissants et plus généreux de leur pitié que portés vers une tentative de justice sociale remise régulièrement aux calendes grecques , c’est ce genre de discours creux , formatés dans lesquels ne sont évoqués ni la METHODE , ni les Moyens pour faire aboutir ce qui est depuis des lustres à Biarritz et sur nôtre Côte Basque un fantasme réformiste récurrent … Y a-t-il dans leurs programmes un texte sur la majoration de la Taxe d’Habitation pour les résidences secondaires , sauf à Bidart et à saint Jean de Luz …? NON , Ce n’est pas LA solution mais c’est un symbole et une entrée de fonds pour la Commune . Y a-t-il un simple « projet » de Clause Anti Spéculative de longue durée pour éviter la revente des logements aidés au « prix du marché » au bout de 5 ans (la Jurisprudence permet d’aller jusqu’à 20ans , Cassation Civil du 23/09/2009 , lorsqu’il existe un « intérêt légitime et sérieux » pour éviter par exemple la spéculation dans les communes trop « demandées » ? NON , on revend des logements impeccables qui ont été aidés et qui partent au « prix du marché » après 5 années ,au bénéfice des résidents secondaires . Y a-t-il des « projets » de Bail Réel Solidaire sur des terrains appartenant à nos Communes et permettant (en conservant le foncier qui est simplement loué pour un prix symbolique) de casser les prix jusqu’à la moitié et plus des prix du marché ? NON on préfère vendre à des promoteurs privés (Ecole Maternelle de La Rochefoucauld , terrain du 8 mai 1945 et Ecole Maternelle d’Alsace qui attend le bon vouloir de Pichet Immobilier pour devenir une Résidence secondaire de Luxe , cela pour la seule Biarritz….) Alors qu’ils nous parlent de leur Méthode et des Moyens qui seront mis en oeuvre ou qu’ils se contentent de continuer la gestion des trottoirs et des crottes de chien et qu’ils aient la décence et l’honnêteté de se taire quand ils savent pertinemment qu’ils ne feront rien qui aille à l’encontre de la « volonté générale » de leur électorat de base embourbé dans l’ornière du routinier et de l’égoïsme catégoriel … Depuis des lustres nous vivons à l’abri des « nuisances » de la mixité sociale , car c’est elle qui dérange nos élus et leurs électeurs , selon le vieil adage local : « Plutôt des vieux qui bavent que des jeunes qui braillent… » …
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