La réforme des retraites du gouvernement Borne est un long reniement de la démocratie enveloppé dans l’utilisation d’articles de loi légaux où le passage en force est devenu une seconde nature.
La réforme des retraites par le gouvernement Borne est un long processus d’utilisation d’articles de loi qui lui permettent d’aller au plus vite pour faire voter son projet de loi. Pour le compromis social, on repassera puisqu’Emmanuel Macron a choisi le compromis politique avec Les Républicains. Après l’utilisation presque à outrance de l’article 49.3, Élisabeth Borne et ses ministres ont sorti de leur chapeau deux nouveaux articles pour parvenir à faire passer la loi le plus rapidement. Tel un bulldozer lancé sur un chantier pour détruire tout sur son passage, le gouvernement est entré sans vergogne dans cette opération de destruction de la démocratie. C’est par l’utilisation de l’article 47.1, qui a permis de raccourcir le délai d’examen par le Parlement du projet de loi sur les retraites, que cette vaste besogne offensive a démarré.
Fortement agacé par la mise en lumière dans les médias des mensonges de ses ministres sur la pension de 1200 euros minimum accordée aux futurs retraités, le gouvernement a poursuivi sa petite combine destructrice en utilisant ce week-end devant le Sénat l’article 44.3. Ce qui a obligé les sénateurs à voter d’un bloc le projet de loi et non article par article. Bien aidé dans cette manœuvre par une droite pas peu fière de voir mettre en place une loi qui leur convient à merveille (Valérie Pécresse, durant la présidentielle proposait d’allonger l’âge de la retraite à 65 ans), le gouvernement par l’intermédiaire de ses ministres crie à qui veut l’entendre qu’il n’utilisera pas l’article 49.3 pour le vote final ce jeudi 16 mars 2023 après la Commission Mixte-Paritaire qui doit statuer sur les éléments à retenir. Le recours au 49.3 aura pour conséquence d’engager la responsabilité du gouvernement.
Si l’utilisation de tous ces articles est tout à fait légale, elle n’en reste pas moins immorale et pose la question de la légitimité d’un projet de loi rejeté par la majorité des Français. « Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent ? », ou le croient. Cette citation de Jacques Chirac prend alors tout son sens dans cette situation où les paroles d’un jour peuvent très vite évoluer quand la situation devient critique. En choisissant de faire sienne cette réforme Emmanuel Macron a opportunément oublié au passage qu’en 2019, il déclarait ne pas vouloir allonger l’âge de départ à la retraite.
François BERLAND