C’est sans doute un peu la faute à tout le monde si la réunion de concertation sur Aguilera a tourné à la foire d’empoigne et au meeting électoral.
En apparence, il ne manque pas un bouton de guêtre à la démocratie participative, façon biarrote : depuis 2021, trois réunions publiques ont été organisées pour réfléchir à l’aménagement du plateau d’Aguilera, couplées à trois balades urbaines, à trois ateliers thématiques, et à huit rencontres avec les associations sportives. 630 contributions de Biarrots ont été aussi étudiées et les mécontents ont encore jusqu’au 2 mars 2023 pour s’exprimer. Et pourtant le sentiment d’enfumage prédomine dans le bien-nommé Salon de Diane du casino municipal où les flèches acérées ont volé, car qui est capable de résoudre des équations à quarante inconnues. Un parking de 300 places en sous-sol ? « Des poches d’eau ont été détectées et des études sont encore en cours ». Des bâtiment R1 (un étage), R2, ou R2 avec attique à l’emplacement de l’actuelle USB ? « On ne sait pas encore. Tout dépend des décisions de l’Agglo ». Des R3 ou R5 devant le jai-alai ? « C’est à l’étude ». 350 logements ? 300 ? 200 ? « On attend les feux verts de tout le monde pour être plus précis ». On est décidément plus dans la démocratie putative que participative.
L’occasion était trop belle pour l’opposition
Après des interventions mineures de Jean-Baptiste Dussausois-Larralde et Corine Martineau, depuis peu passionnée par le rugby, « Jamais Borotra ou Veunac n’auraient fait disparaître le rugby à Biarritz ! », c’est Nathalie Motsch qui va nous offrir un échange avec Maïder Arostéguy, digne d’une finale olympique de ping-pong verbal.

On le sait, quand elle veut se donner la peine de travailler ses dossiers, l’avocate et ancienne adjointe à l’Urbanisme de Michel Veunac, peut être étincelante : « Venez avec votre copie quand elle est un minimum travaillée », commence, pateline, Nathalie Motsch sous les applaudissements d’une grande partie des 200 personnes présentes, avant d’enchaîner. « Au vu de l’état du dossier, il y a peu de chances d’imaginer qu’il y ait un premier coup de pioche pendant ce mandat et c’est tant mieux ! ». Ovation dans la salle.
C’est compter sans le légendaire sens de la répartie de Maïder Arostéguy : « Je vous rappelle que le dossier a été ouvert sous la mandature de Michel Veunac et que rien n’a été fait. Nous au moins, nous essayons de faire avancer les choses ». Et alors que l’ancienne adjointe, devenue opposante, tente de protester, Maïder Arostéguy profite du micro ouvert pour marquer le point gagnant sous les huées du public: « Est-ce que vous pouvez me donner la date de votre diplôme d’architecte ou d’Urbanisme ? » Entre ces deux-là, le match retour promet d’être passionnant.
Les riverains pour le logement social… mais ailleurs !
Arrive ensuite la longue liste des riverains du projet et leur légitime inquiétude. Certains se sont plongés dans le maquis des textes de loi, d’autres, visiblement, ne voient pas beaucoup plus loin que le portillon de leur jardinet, mais tous peinent un peu à comprendre les nombreuses contraintes liées à l’Urbanisme, ce qui pose le problème d’une démocratie devenue totalement illisible pour ses administrés. Alors on tente tout de même sa chance. Bien sûr, on est pour la création de logements sociaux au Pays basque, « Mais pourquoi ici, alors qu’il y a d’autres endroits possibles ?». L’intéressé ne précisant pas lesquels.

Un autre reprend un vieux rêve des maires de la Côte basque face à l’impossibilité, ou prétendue telle, de réaliser 25% de logements sociaux à Biarritz. « Pourquoi le chiffre de 25% de logements sociaux ne devrait-il pas être atteint sur l’ensemble de l’Agglo et non ville par ville ? » Bon courage à l’élu qui va expliquer à un natif du quartier d’Espagne qu’il peut bénéficier d’un logement à bas prix à Mauléon ! Une riveraine tente même sa chance avec la loi Littoral, qui n’a pourtant strictement rien à voir à l’affaire, l’érosion du trait de côte concernant assez peu le plateau d’Aguilera ! Calmement, les élus expliquent la procédure MECDU (Mise en conformité des Documents d’Urbanisme entre la Ville et l’Agglo), ou l’impossibilité de contourner la loi SRU, mais visiblement l’incompréhension demeure.
Les faux-nez du BO étaient de la partie
Et cette grogne, de façon fort prévisible, va être relayée par tous les inconditionnels du BO, aussi décidés que l’opposition à profiter du désordre ambiant. Une dame, s’affirmant « Parisienne d’origine et Biarrote depuis peu, ne connaissant rien au rugby », demande « si les trois terrains actuels de rugby vont être maintenus » question plutôt insolite quand on n’est pas spécialiste du ballon ovale (Aldigé, sors de ce corps!). La réponse est évidemment oui, mais s’ensuit une longue tirade, visiblement préparée à l’avance, sur le rayonnement du BO dans la France entière, ce que personne ne conteste. Une autre riveraine enchaîne sur le bonheur procuré par le club de rugby, « Le terrain d’Aguilera, c’est notre maison », tandis que les opposants présents dans la salle comme Nathalie Motsch ou Patrick Destizon se font discrets. C’est en effet Michel Veunac qui a eu la lumineuse idée d’inciter la famille Gave à s’emparer du BO avec les conséquences désastreuses que l’on connaît tous. Maïder Arostéguy rappelle les liens de sa famille avec le club rouge et blanc et se veut rassurante. Trois repreneurs potentiels se seraient manifestés pour racheter le club à la famille Gave.
Nous sommes loin, très loin, du projet Aguilera et des inquiétudes des riverains et très près des limites de l’exercice de la démocratie participative avec tous les petits malins qui ont cru bon de venir « polluer » la soirée.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, ne voilà-t-il pas que peu après, le Biarritz Olympique se fait fesser d’importance à Oyonnax (42-17) amenant Jean-Baptiste Aldigé à quitter spectaculairement la tribune d’honneur avant la mi-temps.
Oui, décidément, fichue soirée !
Jean-Yves VIOLLIER
Pour lire toutes les contributions : https://www.democratie-active.fr/concertation-aguilera/observations-enquete-publique-dematerialisee-s999.html
Des repreneurs bordelais pour le BO afin de faire un co-working dont la ville manque tant ?? :))
Txeg
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Bonjour,
Aguiléra ou pas, le site de FAL était aussi à disposition me semble t’il ????
Guy Vanmeulebroucke
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« Après des interventions mineures de Jean »
Quel cinéma !
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Pour ma part, je reste persuadé que le regroupement du Biarritz Olympique et de l’Aviron Bayonnais reste aujourd’hui le sujet prioritaire. La création d’un seul grand Club Basque de Rugby pour rejoindre le niveau international . Les structures d’accueil et de développement seraient alors totalement justifiées, le choix et la vocation du site seraient totalement dédiés au Rugby, promotion immobilière logements sociaux seraient hors sujet, et cela permettrait de retrouver tout le rayonnement que l’on doit au Rugby dans notre Région.
Louis Charras
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Bonjour Louis,
J’aimerais partager votre angélisme, Louis, mais dans le monde du rugby comme dans celui des affaires, les fusions sont en réalité des absorptions. On le voit avec Bègles et Bordeaux, avec Le Stade Français et le CASG, avec le Racing et le Métro… En l’état actuel des deux clubs, il n’y a aucun doute que le propos de Jean-René Etchegaray, émis en 2015, serait tout à fait d’actualité : « Je suis pour la fusion du moment que les matches se jouent à Jean-Dauger avec des maillots bleu et blanc ».
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