Être un mauvais maire, ça peut arriver. Mais tenter de continuer à exister à tout prix quand on a un bilan aussi calamiteux, c’est pathétique.
Les médailles à Biarritz ont toujours relevé de la farce la plus absolue. En 1994, la sémillante secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports du gouvernement Balladur, Michèle Alliot-Marie décide d’arroser un peu son territoire des Pyrénées-Atlantiques et de distribuer des récompenses à deux de ses fidèles soutiens. Catastrophe, les services gouvernementaux se plantent et c’est ainsi que Robert Rabagny, cancre à l’école s’il en fut, se retrouve décoré… des palmes académiques, tandis que Max Brisson obtient… le mérite sportif.
« Pendant la cérémonie, j’ai trouvé les gens un peu bizarres » reconnaissait après coup avec sa franchise habituelle Géronimo, ex-mascotte des terrains de rugby, qui a longtemps cru avoir obtenu ses palmes académiques parce qu’il avait été maître-nageur. Avec beaucoup d’humour, le futur sénateur Brisson avouait lui aussi un moment de gêne, au vu de son physique plantureux, en se voyant décerner le mérite sportif au milieu de jeunes athlètes qui affichaient la moitié de son tour de taille.

Il n’est de bonne mascarade qui ne se poursuive éternellement. C’est donc en toute logique que l’étincelant maire de Biarritz de 2014 à 2020, celui qui a fait perdre à la ville le prestigieux Hôtel du Palais, l’homme qui faisait une connerie à chacune de ses décisions et la justifiait par une platitude dont lui seul avait le secret, vous avez tous reconnu Michel Veunac, vient de recevoir le titre d’officier de la Légion d’honneur. Sans doute pour son sens de la dignité, lui qui n’hésite pas, contrairement à tous les usages républicains, à s’afficher en tribune d’honneur d’Aguilera aux côtés de Jean-Baptiste Aldigé, prouvant ainsi que pour un peu de lumière, Michel Veunac est encore prêt à tout.
Ramdam 64-40 pour compléter la collection de hochets de ce phénomène qu’il faudra conserver dans le formol après sa mort tant il incarne une façon de faire de la politique d’un autre temps, se sent donc obligé de lui décerner le pouet-pouet de bronze de la ringardise. Pour cet homme d’un autre siècle, un klaxon serait en effet beaucoup trop moderne.
Jean-Yves VIOLLIER