Lors du dernier conseil municipal, l’opposition biarrote s’est mobilisée contre un « cadeau » fait aux occupants d’une maison située 3 rue Pellot : 33 m2 dans le jardin classé de la chapelle impériale.
Fallait-il qu’il y ait urgence absolue pour qu’on modifie ainsi l’ordre du jour du dernier conseil municipal ! Pourtant il y a plusieurs années que les deux occupants du 3 rue Pellot, Monsieur et Madame Pétard -ça ne s’invente pas !- semblaient accepter que la maison vendue sous l’ère Veunac leur permette d’avoir la vue sur le superbe jardin classé de la chapelle impériale mais pas l’accès.
Il faut croire que la ville de Biarritz a été sensible à leurs arguments, puisqu’elle a proposé dans la délibération numéro 2 le déclassement de 33 m2 du domaine public attribués à cette malheureuse famille cherchant l’air pur pour la somme de 30 000 euros. Une décision qui a plus qu’agacé l’ensemble de l’opposition tandis que la majorité, contrairement à l’ère Veunac, votait sans moufter malgré toute la tension qui règne actuellement sur l’épineuse question du logement au Pays basque. Au final, vingt-neuf voix pour et huit contre.
Si vous voulez voir à quoi ressemble un maire qui rame pour faire passer une décision, ne ratez pas le début de ce conseil. Encore quelques efforts et Maïder Arostéguy va pouvoir postuler à la sélection des Jeux olympiques de 2024 dans l’équipe de France d’aviron.
L’office de Tourisme débordé
C’est un simple problème de « tour d’échelle » qui justifierait sa décision. Écoutez bien et défense de vous tenir les côtes de rire. Les occupants de la parcelle cadastrale 478p2 sont obligés d’aller demander la clé à l’Office du Tourisme, situé à deux pas, lorsqu’ils veulent faire des travaux sur les murs donnant sur le jardin, le plus souvent fermé au public. « Cette servitude d’échelle casse les pieds à Biarritz Tourisme qui doit fournir la clé du jardin à chaque fois que les propriétaires la demandent ». On découvre que le personnel de Biarritz Tourisme, totalement surmené, n’a vraiment pas trente secondes à consacrer à quiconque.
Le document d’Urbanisme présenté aux élus.
Pour convaincre de la nécessité impérieuse pour la Ville de vendre ce morceau de terrain, Maïder Arostéguy se croit obligée d’en rajouter : « À un moment donné, les propriétaires ont besoin de s’affranchir et personne n’est disponible, c’est compliqué ». On imagine aisément la souffrance de ce couple qui répare les murs extérieurs de sa maison tous les jours et de préférence entre midi et deux quand le personnel déjeune.
Destizon demande un contrôle de légalité de la délibération
Bien entendu cette « fleur », ou plutôt ce « besoin de s’affranchir » a suscité les railleries de l’opposition. Corine Martineau exhume une photo datant de juillet 2020 où l’on voit les propriétaires de la maison concernée avec la nouvelle élue (« C’était lors d’une réception et c’est la seule fois où je les ai vus » a précisé Maïder Arostéguy). La pétulante opposante prédit ensuite que la fenêtre qui donne sur le jardin va devenir une magnifique porte-fenêtre permettant de déjeuner dans l’herbe l’été et s’étonne d’un prix si bas quand le « moindre boxe fermé de 20 mètres 2 tourne autour de 100 000 euros ». Elle affirme enfin « avoir téléphoné au service des monuments historiques, pas au courant de cette transaction ».
Guillaume Barucq, Nathalie Motsch, Sébastien Carrère, Brice Morin et Lysiann Brao s’indignent aussi de cette si surprenante sollicitude de la Ville. Patrick Destizon va encore plus loin en annonçant qu’il va saisir le préfet sur le sujet pour un contrôle de légalité.Il a totalement raison, même si Maïder Arostéguy en profite pour lâcher une de ces « punch-line » qu’elle affectionne : « Et pourquoi pas le Président de la République tant que vous y êtes ?»
La première magistrate de Biarritz a tort de plaisanter sur ce sujet qui horripile nombre d’électeurs. Difficile de dire si cette histoire relève du « spécial copinage » ou d’une maladresse politique de la Ville, mais, à l’heure où la question du logement au Pays basque devient un sujet majeur, les passe-droits pour les proches ou la famille, les petites complaisances qui ont été si longtemps de mise dans nos villes et les arrangements au détriment du domaine public ne sont plus acceptables.
Jean-Yves VIOLLIER
Maud Cascino, adjointe à l’Urbanisme : « On leur a accordé le strict minimum »
Perplexe face à cette décision, RamDam décide d’interroger l’adjointe à l’Urbanisme de la ville de Biarritz. Fidèle à sa réputation, Maud Cascino ne se dérobe nullement et alors qu’on lui propose de parler en off, nous affirme immédiatement que « tous ses propos peuvent être retranscrits ». L’élue, qui avait un peu bluffé tout le monde lors d’une réunion publique de RamDam en sortant son bulletin de salaire d’adjointe et en permettant à qui le souhaitait de le consulter, se montre fidèle à elle-même : « Il n’y a jamais de passe-droit en ce qui me concerne ».
Avant de nous expliquer sa décision, elle tient d’abord à préciser l’historique de cette maison. « Le petit Gardenia, situé 3 rue Pellot, a été vendu à la Ville pour 1 million de francs en 1993 avec un jardin de 442 m2. Didier Borotra louait les locaux à des associations de la Ville qui appréciaient la situation centrale du lieu. Michel Veunac a décidé de vendre avec son équipe cette maison sous sa mandature. Entre temps, le site de la Chapelle impériale avait été classé et l’ancien jardin de cette maison avait été rattaché aux jardins de la chapelle. »
Maud Cascino tient à souligner ses hésitations avant la décision finale : « Lorsque Monsieur et Madame Pétard sont venus me voir pour tenter de racheter tout ou partie de l’ancien jardin de la maison, je n’étais pas très favorable à leur demande. Comme je ne connaissais pas les lieux, je me suis rendue sur place avec le responsable de l’Urbanisme et nous avons pris deux décisions. Ce jardin, presque toujours fermé, doit être entretenu et rendu aux Biarrots. Quant à la demande du couple, leur permettant de circuler autour de leur bien, lorsqu’ils ont besoin, elle nous a paru légitime, mais nous leur avons accordé le strict minimum ».
Nous évoquons alors l’aspect politique de ce dossier et le sentiment d’une faveur accordée à certains et refusée à d’autres. Pourquoi les riverains du Parc Mazon ou les acquéreurs de la villa Sion, vendue elle aussi sous l’ère Veunac, ne réclameraient-ils pas le même arrangement avec la Ville ? La réponse est immédiate « C’est clair, la vente de la villa Sion n’a pas été correctement gérée. Pour le reste, je verrai à ce moment-là ».
Magistrale leçon de mauvaise foi…!
Rémy Blanchet
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Bonsoir Monsieur,
Aujourd’hui la suite de « Biarritz in distress» avec l’hôtel du palais et le licenciement du directeur..
Merci pour vos synthèses qui font sourire malgré tout ce ramdam 🙏
Mireille Darre
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Les arguments avancés sont d’une mauvaise foi crasse! Donc on résume: Mr et Mme sont agacés de devoir marcher 3 minutes pour aller chercher des clés pour des travaux PONCTUELS (il est bien connu que le ravalement de façade se fait entre 12h et 14h, après 17h30, ou le dimanche, c’est monnaie courante chez les artisans)
Donc on cède un terrain classé, avec la complicité de Madame la Maire: tout va bien, on avance bien là!
Aurélie
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