Pour Paul Baudry les euros se ramassent à l’appel

Condamné à 100 000 euros d’amende à Bayonne, l’ancien maire de Bassussary ne serait plus redevable que de 20 000 euros si le parquet de Pau suit les réquisitions de l’avocat général. Surprenant !

Le moins que l’on puisse dire est que l’ancien maire de Bassussary a bien perdu de sa superbe. Paul Baudry arrive avec son costume gris un peu froissé de premier communiant et, à peine audible, chuchote au micro. Condamné en première instance par le tribunal de Bayonne à 24 mois de prison avec sursis, 100 000 euros d’amende et 10 ans d’inéligibilité par le tribunal correctionnel de Bayonne, le 8 septembre 2020, le maire déchu avait annoncé qu’il ne ferait pas appel… Avant de se raviser.

Au vu de l’énormité des charges qui pèsent contre lui, on se demande bien pourquoi l’ancien maire et deuxième adjoint à l’Agglo a remis une pièce dans la machine judiciaire, d’autant plus qu’il n’a visiblement rien à dire de nouveau : « À aucun moment, je n’ai mélangé mon rôle d’élu et mes compétences techniques ».

Tandis que la présidente de la Chambre des appels correctionnels de Pau, Anne Dufau, déroule assez mollement l’acte d’accusation, prise illégale d’intérêt, abus de biens sociaux, blanchiment de fraude fiscale et déclaration approximative à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, Paul Baudry semble s’enferrer de plus belle, expliquant qu’il est désormais sans activité et dans une « situation financière un peu tendue »,  ce qui ne l’empêche pas de minimiser ses torts : «  Je reconnais qu’il y avait un certain danger (à signer un contrat avec Vinci). Je suis resté intègre » . On est priés de garder son sérieux.

Une peine peut-être divisée par cinq

Dès qu’il y a un procès en appel à Pau concernant un élu, force est de constater que les réquisitoires sont souvent vifs… et les jugements cléments, à l’image de Didier Borotra qui avait réussi à convaincre les magistrats qu’il n’était pas au courant de l’engagement de sa fille par la directrice de la Cité de l’Océan, travaillant sous ses ordres.

Marc Bourrague, l’avocat général ne va pas faillir à la tradition. Ses propos sont durs pour Paul Baudry et l’association citoyenne que nous sommes a envie de dire : « Enfin ! ».

L’avocat général revisite les événements et sa lecture est féroce : «  La prise illégale d’intérêt ne fait pas de doute. Vinci n’a pas besoin du maire d’une commune, quelles que soient ses qualités. À aucun moment, il n’y a une logique pour Vinci à signer un contrat de recherche de terrain avec un maire. Les terrains disponibles, Vinci les connaît. Par ses fonctions à l’Agglo, Paul Baudry est le premier à connaître l’évolution du foncier et c’est cela qui intéresse Vinci. Le promoteur n’a pas fait une fondation pour aider les pauvres, mais pour gagner de l’argent. Monsieur Baudry aurait dû s’abstenir. » 

 Même démonstration implacable de l’avocat général pour l’abus de bien social commis, pour le blanchiment – « Les lessiveuses des années, 50, il n’y en a plus » -, et pour la tricherie dans la déclaration de patrimoine à La Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique : « Trop, c’est trop ! »

À partir du moment où aucun élément nouveau n’est venu alimenter ce procès en appel, on s’attend donc à un réquisitoire aussi sévère qu’à Bayonne. Surprise, si les deux années de prison avec sursis et les dix années d’inéligibilité sont maintenues (ce dont probablement Paul Baudry se contrefiche, n’ayant plus la moindre chance d’être réélu un jour), l’amende de 100 000 € se voit réduite dans le réquisitoire de l’avocat général à… 20 000 € « face à la glissade financière » de l’intéressé.

Diviser la peine initiale par cinq, alors que l’ex-maire reconnait avoir touché près de 84 000 euros de Vinci en Espagne, au moment où il était élu en France, voilà qui laisse un peu perplexe. Ah, si tous les prévenus qui ont des problèmes d’argent pouvaient être jugés avec un telle bienveillance par les tribunaux !

Le délibéré sera rendu le 13 octobre prochain et il sera intéressant de voir si les réquisitions de l’avocat général seront suivies ou si la peine initiale, qui paraissait juste au vu de la gravité des charges, sera maintenue. En attendant de savoir si les euros se ramassent à l’appel, Paul Baudry peut être ravi de son numéro de premier communiant qui semble avoir si bien marché.

Jean-Yves VIOLLIER

3 commentaires

  1. Encore un article bien édifiant…
    Apparemment, il y aurait en France les godillots, ceux qui se la jouent perso et ceux qui ne sont pas élus car pas dans le moule de cette république ?
    Mon Verbatim de la matinée
    Sur ce bonne journée
    Éric Huard

    J’aime

  2. Le présumé corrompu fait appel en justice …
    L’ambulance est pointée … pas loupée …
    Le corrupteur n’a semble t il pas été invité par la justice … rendue au nom du Peuple français …
    Et RAMDAM ne semble pas s’interloquer de cette absence ???
    Trois petits points … au Pays des Droits de l’Homme …
    Affligeant !!!
    Guy Aubertin

    J’aime

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.