Entre les intérêts de la Ville, ceux de l’Agglo et le programme électoral à respecter, ce n’est pas facile d’être maire à Urrugne.
Notre article « à Urrugne le maire lance le jeu des 7 différences » a fait réagir plusieurs correspondants, certains défendant, d’autres critiquant le maire Philippe Aramendi. Que le maire d’Urrugne ait voulu mettre un frein au développement débridé de la construction en Pays basque, comme annoncé dans son programme électoral et le mettre en œuvre aujourd’hui ne peut être que porté à son crédit.
Mais, dans notre article, Ramdam remarquait que s’il y a bien une OAP (Orientations d’Aménagement et de Programmation) qui s’éloigne des critères affirmés du maire candidat, c’est bien l’OAP Kechiloa « hameau Muxilo » du promoteur Amodia.
Avoir accepté ce permis de construire et aujourd’hui continuer à en apprécier la validité, c’est soutenir cette AOP. Le jugement attendu du tribunal administratif de Pau engagé par Monsieur Cédric Tachoires, architecte-urbaniste qui soutient que cette AOP ne respecte aucunement l’article de la loi littoral (L121-8 du code de l’urbanisme) nous dira si les justifications du maire étaient impartiales.
Que ce soit clair, à Ramdam, nous n’avons aucun doute quant à l’intégrité de Philippe Aramendi, mais nous savons combien les promoteurs ont envahi la mairie sous la houlette de Odile de Coral. Résister à leur pression n’est pas facile. Quand il s’agit de plusieurs dizaines de millions d’€ les promoteurs sont vite « insistants ». Nous ne manquons pas de témoignages pointant l’agressivité de certains d’entre eux. (Mais ceci sera l’objet d’un autre chapitre)
L’OAP « Antxoenea », souci prévisible pour Philippe Aramendi ?
Outre ce jugement en cours, voilà une autre vieille histoire qui a beaucoup de chances de revenir sur la table du maire : l’OAP « Antxoenea » à Olhette.

Dès le début, tout sent l’embrouille. Ce terrain de 16 300 m² rendu constructible par le PLU de 2007 fut acquis en 2012 par un promoteur local pour y construire 39 logements (puis 49). La Communauté de Communes Sud Pays Basque intervient, préempte le terrain, et le fait acheter pour 1.050 millions d’€ à l’Office 64 de l’Habitat, bailleur social public.
Faut suivre ! mais ça ne fait que commencer. En mars 2012, les riverains du terrain demandent d’en savoir plus sur ce projet. Odile de Coral leur assure que, bien sûr, transparence et tout ça .. elle ne va pas tarder à les recevoir. Six mois après, la réunion a lieu, mais par un hasard bien sûr imprévisible, juste le jour où le permis de construire est déposé ! Du pur Odile de Coral.
Les riverains, pas contents, réunis en association, attaquent le permis de construire puis, (après s’être aperçu qu’une enquête publique discrète avait rendu ce projet légal), attaquent aussi le PLU. Par chance, le préfet se joint à ce combat et adresse une lettre salée à Odile de Coral l’obligeant à annuler ce PLU de 2013. En 2019 un nouveau PLU est lancé.
Du vent dans les ventes
Sentant venir le vent, le 11/07/2019, l’Office 64 de l’Habitat divise cette parcelle B092 en 11 lots (non sociaux), et les propose à la vente, de toute urgence, avant même de poser la demande d’aménagement à la mairie d’Urrugne, tant dans le Pays basque, on fait confiance aux copains.
Malheureusement, moins d’un mois plus tard, le 8/8/2019, le commissaire enquêteur classe, dans le nouveau PLU, la totalité de la parcelle d’Anxoenea en « naturel » ; classement entériné le 29 octobre 2019 par la mairie d’Urrugne puis le 4 novembre 2019 par l’Agglo.
Fichtre ! et l’Office 64 de l’Habitat qui vient d’y laisser 1.050 millions !!
Par bonheur pour les acheteurs potentiels, l’association réussit à les informer et ils renoncent à leurs projets. Cette démarche se retournera contre celle-ci, car les candidats déboutés et déçus, accuseront l’association d’être « contre le logement social » alors que rien de social n’était prévu dans le projet.
Pour le moment le nouveau maire d’Urrugne, Philippe Aramendi a regardé de loin la passe d’armes sans se prononcer. Pourtant, les décisions de justice vont dans le sens de son programme. Mais devant les intérêts en jeu, (1,050 millions que veut récupérer l’Office 64 de l’Habitat, dont Claude Olive, maire d’Anglet est le patron et vice-président de l’Agglo), la pression des promoteurs à l’affut et les engrenages politiques …. sait-on jamais, le nouveau PLUI de la CAPB pourrait-il faire un miracle ? C’est alors que nous retrouverons ou non Philippe Aramendi prêt à défendre ses engagements électoraux et maintenir cette parcelle « naturelle ».
PS : bien qu’ayant perdu leur procès contre l’association, l’Office 64 de l’Habitat se pourvoit en cassation devant le conseil d’État. C’est qu’il faut faire taire ces empêcheurs de lotir en rond. Depuis le début, l’Association a dépensé 28 000€ en procédures. Allez encore un petit effort et ils abandonneront.
Michel Gellato