Officiellement assistant parlementaire de Jean-Jacques Candelier de mai 2009 à juin 2014, Fabien Roussel travaillait en fait pour le PCF tout en touchant l’argent de l’Assemblée nationale, comme l’a démontré Mediapart.
Peut-on prétendre à la fonction suprême quand on s’est montré peu regardant sur l’utilisation de l’argent public ? La réponse pour RamDam est évidemment non. Dans cette campagne présidentielle d’une grande faiblesse, la petite musique de gauche du candidat communiste est plutôt intéressante et détonne par rapport aux trop prévisibles Jadot, Hidalgo ou Mélenchon. Mais l’enquête de Médiapart est d’une précision absolue. La culpabilité de Fabien Roussel est indiscutable.
Fabien Roussel a beau crier au complot, répéter sur tous les tons que « les pneus de sa voiture se souviennent de l’époque où il était assistant parlementaire » et affirmer qu’il n’a pas produit de documents parce que « il est trop pris par sa campagne », sa culpabilité ne fait guère de doute.
De mai 2009 à juin 2014, Fabien Roussel qui était salarié à hauteur de 3 000 euros brut par mois par le député communiste Jean-Jacques Candelier au titre d’assistant parlementaire, a consacré tout son temps au Parti Communiste français (Il a pris la tête de la fédération du Nord en 2010) tout en vivant grâce aux largesses de l’Assemblée nationale.

Tous ceux qui ont côtoyé au cours de leur existence un véritable assistant parlementaire savent à quel point il ne cesse de produire du texte imprimé. Il faut donc s’appeler Fabien Roussel ou Pénélope Fillon (même si le premier cas est moins grave que le deuxième qui relevait de l’enrichissement personnel) pour faire partie de l’espèce rare des assistants parlementaires qui ne laissent pas de traces.
L’assistant parlementaire à l’Élysée, le député qui l’emploie à la maison
Les preuves sont multiples. Pouvez-vous imaginer un député qui présente son équipe en oubliant le plus important de ses salariés ? C’est ce que Médiapart a retrouvé dans un document affiché sur le site Internet de Jean-Jacques Candelier. Ce document gênant a disparu depuis.

Dans le même style, est-ce qu’il vous paraît plausible que l’assistant parlementaire soit reçu par le Président de la République sans que le député qui l’emploie ne soit là ? Le 22 octobre 2013, Fabien Roussel vient défendre seul le Valenciennois, suite à une pétition lancée par le parti communiste, pendant que Candelier reste à la maison.
Et puis il y a enfin cet enregistrement datant de 2018 où le député Jean-Jacques Candelier, dont tout le monde à gauche comme à droite loue le travail et la rigueur, se fait piéger au téléphone par un de ses interlocuteurs à qui il confie ses états d’âme. « Pour être honnête, la situation n’était pas trop nette… On a bien fait d’arrêter ». Benoîtement, le député communiste raconte sa surprise de nouvel élu quand on lui expliqué la règle du « Un, un, un » et ce que cela impliquait. « Quand je suis arrivé, on me dit ( en parlant des assistants parlementaires payés avec le crédit collaborateur de 10581 euros actuellement) Un pour la Fédération du Nord. Un pour le central (Le siège du parti) Un pour toi. » On ne peut faire aveu plus explicite.
Seul « l’expert » Bayrou défend Fabien Roussel
Et même si cette pratique a été courante dans tous les partis ce n’est pas une excuse. Un seul élu s’est efforcé de le défendre et c’est particulièrement révélateur. François Bayrou sur France 2 s’est montré catégorique : « Ce qui est reproché à Fabien Roussel, c’est une espèce de dévoiement judiciaire de choses qui sont absolument normales. Un député, son métier c’est d’aller à l’Assemblée nationale, d’étudier des textes et c’est de faire de la politique. Sans ça, il ne serait pas député. ». Parole d’expert, puisque le Béarnais a fait exactement la même chose au Parlement européen, en utilisant ses assistants parlementaires pour faire tourner la machine MoDem.
Fabien Roussel est probablement un candidat de valeur. Mais il ne lui reste maintenant qu’une chose à faire : se retirer de la course à la présidentielle.
Jean-Yves VIOLLIER