Un projet vertueux d’agriculture raisonnée, après avoir servi d’étendard électoraliste à Kotte Ecenarro, laisse les paysans le bec dans la boue.
2019, campagne électorale : les annonces de Kotte Ecenarro concernant le projet pilote de la ferme Legarralde étaient merveilleuses : mettre à la disposition de jeunes agriculteurs onze hectares de terrain avec ferme, « assurer un circuit court, l’indépendance alimentaire d’Hendaye, développer un projet pédagogique, exemplarité, haute valeur environnementale, agriculture raisonnée .. » etc.. etc.. etc. n’en jetez plus, la cour est pleine ! Ainsi présenté, ce projet Legarralde, qui n’y serait sensible ?
Mais à RamDam, nous connaissons bien la propension de Kotte Ecenarro à ramener à lui tout ce qui est dans l’air du temps, jusqu’à en être ridicule. Rien ne l’arrête : n’a-t-il pas sermonné en 2009 Jean Baptiste Sallaberry (coupable d’être élu à sa place) de ne pas « prendre l’exemple du Bhoutan dont le Roi préconise le ‘Bonheur National Brut’ » (SO du 26 novembre 2009) Morceau d’anthologie, vous en conviendrez.
Aussi, RamDam, prenant son bâton de pèlerin (et ses bottes de caoutchouc), est allé à la rencontre des paysans et des élus pour partager la gloire (future) d’une telle croisade.
Malheureusement, redevenu roi Bouthendayais, Kotte Ecenarro n’est pas Tolstoï, il n’y a pas eu de ‘Rédemption’. « Ne devenez pas le fossoyeur de Legarralde après avoir été le grand bétonneur » lui a lancé Pascal Destruhaut lors du dernier conseiller municipal, et tout semble lui donner raison.
Le ‘Bonheur National Brut’ du roi Bouthandayais : pour être brut, c’est même du brutal !
Kotte Ecenarro justifie tous les ratés « compte tenu des difficultés rencontrées par les agriculteurs dans le cadre de leurs installations respectives sur le site, » Ces difficultés sont simples à décrire : la municipalité n’a rien fait ! Elle a regardé les jeunes agriculteurs se débattre dans la gadoue. Dès l’hiver 2019, tout seuls, ils nettoient le terrain, amènent un groupe électrogène en attendant le branchement électrique, dératisent, se chargent d’une noria de bidons d’eau pendant qu’ils recherchent la vieille canalisation de la ferme, (rompue 400 mètres en amont) s’y branchent en creusant une tranchée avec leur propre matériel, et leurs propres deniers, etc… bref, l’enthousiasme est là et vite récompensé car les clients se manifestent aussitôt, (500 à ce jour) ce qui montre bien que leur projet répondait à une vraie demande sociétale.
Réaction de la mairie en tant que bailleur : RIEN ! Si l’on excepte de biens délicates attentions : une mise en demeure d‘évacuer sous 48 heures, pour raison de sécurité, le hangar (non restauré) où ils rangent leur matériel ; et une facture de AGUR pour branchement des compteurs d’eau. 800 € chacun ! (pris en charge par la mairie après que l’opposition municipale soit montée au créneau) et pour finir, Kotte Ecenarro versant des larmes de crocodile, se désolant du départ du 4° agriculteur qui devait installer sa famille dans la ferme toujours à l’abandon. Quelle délicatesse !

L’opposition accusera le maire de vendre du « rêve » ; stigmatisera sa tartuferie « M. le Maire est contre sauf quand il est pour » ; démontrera par les chiffres que ce projet n’est qu’un « effet d’annonce » puisque les sommes budgétées pour 2021 ne sont pas (ou très peu) dépensées alors que les agriculteurs (et leur clients) pataugent dans la boue. Pourquoi reporter ces lignes de dépenses à 2022 ? quel en est le but ?
Une conseillère municipale, Madame Cotinat, parlera d’« une installation ratée ». une autre accusera Kotte Ecenarro d’avoir utilisé ce projet comme « effet d’annonce » et un des agriculteurs nous confiera , dépité : « on dirait que ce projet a été lancé en espérant qu’aucun paysan ne se présenterait et maintenant qu’il existe des candidats motivés, ils gênent. »
Bye bye le bail
Il est tristement cocasse de lire les derniers conseils municipaux à la lumière de la réalité vécue par ces agriculteurs, lesquels sont bien gentils de supporter sans colère le baratin du maire : leur faire croire qu’ils sont protégés par un bail.
Flash-back : Kotte Ecenarro : « en février 2020, les agriculteurs ont signé un bail » Or, les agriculteurs n’ont jamais signé de bail mais une « convention pour mise à disposition » des terrains, convention révocable annuellement. Ce n’est pas du tout pareil. Lors du dernier CM le maire, se gargarisant du nouvel accord signé par les agriculteurs en remet une couche : « Ce bail signé pour une durée initiale de six ans, court jusqu’au 31 décembre 2025 ». encore une fois Kotte Ecenarro joue avec les mots. Les agriculteurs ont accepté (à leur corps défendant et faute de mieux) de signer non un bail, mais une « charte » sans valeur juridique, alors qu’un vrai bail agricole apporte une vraie garantie et pour 9 ans (et non 6) et c’est, évidemment, ce que les agriculteurs demandaient.
L’opposition (Monsieur Pouyfaucon) relèvera la duperie d’un tel accord : « aucun planning de travaux », accord « « flou, insuffisant qui laisse les agriculteurs dans leur précarité » « une charte est un engagement moral nullement opposable » « impossible de se projeter dans l’avenir, d’investir et solliciter les banques »
A cela la mairie (Monsieur Grabières) répondra « il y a nombre d’agriculteurs qui n’ont que des baux oraux, ils arrivent quand même à vivre ». Sûr que les banques seront rassurées.
Posez votre liste de Noel
Trois ans ont passé depuis l’enthousiasme pompeux mais passager de Kotte Ecenarro. Suite à pas mal d’articles salés dans la presse locale (SO octobre 2020 et novembre 2021), une vidéo* (ironiquement triste) sur les réseaux sociaux et les interventions rerépétées des conseillers municipaux (et pas seulement d’opposition), se faisant écho du mécontentement des agriculteurs, le maire propose aux conseillers municipaux d’entériner à leur tour cette « charte ». Ensuite, juré crache, on pourra envisager de déclencher les travaux de « démolition » et faire des commandes de matériel « provisoire »
*https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=362204759025554&id=100057080994737
Car si rien n’a été fait, et si on ne peut que prévoir du provisoire, c’est la faute des agriculteurs eux-mêmes. Kotte Ecenarro : « encore faut-il qu’ils nous disent ce qu’ils veulent ». Mais qu’ils sont bêtes ces paysans, deux ans après leur installation et 500 clients, ils ne savent toujours pas ce dont ils ont besoin ! La mairie se rendant compte combien une telle déclaration était déplacée, essaiera de la rattraper en leur conseillant de « présenter leur liste de Noël », ajoutant ainsi à la bêtise, l’irrespect, ce que SO se fera un plaisir de rapporter.
La face cachée de la terre
Mais quel intérêt Kotte Ecenarro aurait-il de saboter ce projet ? à qui profiterait le crime ? Réfléchissons : si on met côte à côte : le fait curieux du choix d’une canalisation d’adduction d’eau de 125 mm (35 mm actuellement « dimension que l’on installe en général pour alimenter un lotissement » dixit l’ouvrier qui l’a posée) ; le fait que l’accès à la ferme nécessite une servitude sur un terrain d’Urrugne dont le maire n’aurait pas répondu depuis deux ans ; le fait qu’en cas d’échec, un plan B envisagé serait d’ouvrir une voie partant directement de la ville ; le fait que les agriculteurs ne sont liés à la mairie que par cette vague « charte » et qu’enfin, la mairie a déjà pointé les coupables des futurs retards : ceux qui « appuient sur la pédale de frein », c’est à dire ceux qui critiquent que « les belles paroles visant à se construire une façade écologique n’ont pas été suivi d’effet »…et si, dans le futur, imaginons que les agriculteurs, épuisés de pousser la forteresse de la mairie, jettent tous l’éponge… sûr que Kotte Ecenarro pourra se lamenter « ah si on nous avait laissés gérer à notre façon ; maintenant, fatalitas, que faire de ce terrain ainsi viabilisé ? » Devinez !

Certes, ce terrain auparavant constructible avait été classé ZAD par l’ancienne Municipalité (J.B.Sallaberry) et redevenu agricole. Donc, comme l’affirme Kotte Ecenarro, sa destination est « sanctuarisée » . Si c’est Kotte Ecenarro qui le dit …
Pour le moment, les agriculteurs que nous avons rencontrés récemment sont toujours très motivés. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas un bon signe : quand on pousse les gens dans leur dernier retranchement, quand on détruit, outre leur gagne-pain, leur espoir, quand pour défendre un projet phare, vertueux, qui profiterait à tous, il faut se battre contre celui qui détient le pouvoir et dont on est, en plus, son faire-valoir, on va droit à l’affrontement.
Plus que triste, c’est dangereux !
Michel Gellato