Le maire d’Hossegor s’assoit allègrement sur la loi Evin, sans faux col
En suivant le dernier conseil municipal du 5 novembre, au détour d’une décision, on apprend qu’au titre de sa marque Carlsberg la firme Kronenbourg va verser à la mairie d’Hossegor une somme de 25 000 euros.
Suite à l’étonnement d’un élu le maire Christophe Vignaud se voit contraint d’expliquer que dans cette opération la commune ne sert que de boîte à lettre ou plutôt de canette à fric.
L’entreprise américaine »World Surf League » au titre d’organisatrice de l’évènement sportif dénommé »Quicksilver Pro » d’Hossegor ne peut être sponsorisée par une marque d’alcool en application de la loi Evin.
L’imagination étant au pouvoir, la mairie va donc empocher de la part du brasseur alsacien les 25 000 € puis les rétrocédera à WSL sous forme de subvention.
Et voilà donc une bonne manière de contourner une loi de 1991 dont l’objet était de lutter contre l’alcoolisme et le tabagisme (qui font nettement plus de victimes que ce COVID qui accapare notre actualité depuis 2 ans). Claude Evin Ministre de la santé de l’époque voulait par cette loi, en particulier protéger les jeunes, une cible que les alcooliers et cigarettiers veulent à tous prix conquérir.

Depuis la promulgation de cette loi les puissants lobbies du tabac et de l’alcool n’ont cessé les pressions pour obtenir un assouplissement de la législation.
En 2015, alors qu’elle était présidente de l’Institut national du cancer, Agnès Buzyn, devenue ministre des Solidarités et de la Santé en mai 2017, s’opposait à un cet assouplissement et affirmait : « la publicité accélère l’initiation à l’alcool et augmente la consommation de ceux qui boivent déjà » . Interrogé en 2018 sur un éventuel (re)durcissement de la loi Évin, le président de la République Emmanuel Macron s’y oppose toutefois.
Si au plus haut niveau de l’État l’accord n’est pas parfait sur la question, un modeste élu local a lui, trouvé la bière philosophale et c’est ainsi que sur le littoral landais la loi Evin est bien morte, d’ailleurs la mise en bière a déjà eu lieu.
Espérons que le contrôle de légalité de la préfecture appréciera à sa juste valeur la cascade du nouveau maire de la cité huppée de Soorts-Hossegor qui avait, rappelons le, candidaté pour accueillir les épreuves de surf des jeux olympiques de 2024.
Dominique LAPIERRE