En 2020, année électorale oblige, Jean-René Etchegaray avait distribué des chocolats aux personnes âgées. Une de ses administrées vient de saisir le procureur de la République et lui demande de diligenter une enquête.
Appelons-la Gracianne D. et passons sous silence son âge, même s’il est évident que cette pétulante Bayonnaise, avec un nom à particule long comme la robe d’un procureur, n’a visiblement pas sa plume dans sa poche et témoigne d’une jeunesse d’esprit et d’un sens de l’observation fort réjouissants. Au procureur, Jérôme Bourrier, elle vient justement d’adresser une lettre désopilante, en date du 9 juin dernier, intitulée « Le maire, les vieux et les chocolats » et signée du nom de l’héroïne d’Agatha Christie, Miss Marple. Elle lui demande, au nom de l’article L 106 du code électoral, qui prévoit de sanctionner de deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 15 000 euros toute personne ayant effectué des dons ou libéralités en argent ou en nature dans le but d’influencer le vote d’un ou plusieurs électeurs, d’ouvrir une enquête contre Jean-René Etchegaray.
Et il ne fait guère de doute que le procureur, même si cette lettre l’embarrasse, a dû sourire à plusieurs reprises en découvrant les investigations de la désopilante vieille dame.
Une première distribution en mars 2020
Par un « double hasard de la vie », élégante traduction d’un problème de santé, Gracianne s’est retrouvée de décembre 2019 à août 2020, en plein confinement et en période électorale, bénéficiaire de deux prestations du CCAS (Centre communale d’Action Sociale) : le portage de repas et l’aide à domicile.
Si son aide à domicile lui convient visiblement, Gracianne n’a vraiment pas été emballée par les repas de la CCAS, « une sous-bouffe de pauvre absolument sinistre et bien souvent carrément infecte, voire immangeable ». Mais là n’est pas le propos de cette demoiselle à particule sans doute nostalgique des derniers rois de France qui ne s’affirme « ni démocrate et encore moins républicaine » et « pas inscrite sur les listes électorales » ce qui ne l’empêche pas de veiller attentivement à l’usage des deniers publics.
Début mars 2020, comme le raconte Gracianne, « on sonne à l’interphone de ma résidence. Après vérifications d’usage, j’accepte d’ouvrir et me retrouve face à un jeune homme qui me met dans les mains un petit cube de plastique contenant une petite poule en chocolat et sept petits œufs. Le jeune homme me dit laconiquement : « C’est de la part du maire de Bayonne » et tourne les talons aussi sec. »
Toute personne normalement constituée se serait pâmée devant cette inespérée générosité mais pas notre Miss Marple qui « laisse la porte d’entrée de son appartement suffisamment ouverte pour pouvoir écouter et surveiller les allées et venues du jeune coursier ». Bonne inspiration ! Le jeune homme poursuit sa tournée au deuxième étage et s’arrête chez une vieille dame pour lui distribuer la même petite poule en chocolat. En revanche, il ignore les deux autres personnes âgées de l’immeuble et Miss Marple en déduit que seuls les bénéficiaires du CCAS ont reçu des chocolats.
Une deuxième distribution en mai 2020
L’événement serait totalement sorti de la mémoire de notre brillante enquêtrice s’il ne s’était renouvelé début mai 2020. L’employée de la société Eole qui lui livre ses repas, lui remet ce jour-là un « élégant petit sac orange vif ». La curieuse Gracianne découvre une boîte de chocolats d’un des grands noms de la Ville et une enveloppe blanche contenant « une lettre du maire de Bayonne où il était question, au milieu d’un baratin de circonstance, de la tradition bayonnaise qui voulait que tous les ans, à l’occasion de la fête de Pâques, le maire offre des chocolats à ses administrés ». Au lieu de se réjouir de cette manne inespérée, Gracianne fait son mauvais esprit. Elle s’étonne de cette distribution bien après les fêtes de Pâques mais peu avant le deuxième tour des municipales, mais surtout, en inspectant la boîte, « 18 carrés de chocolat noir au lait », elle remarque une étiquette « À consommer de préférence avant le 11 janvier 2020 ». Heureusement Gracianne, malgré sa colère et son sentiment d’un procédé particulièrement inconvenant, n’ira pas jusqu’à écrire que Jean-René Etchegaray a tenté d’assassiner les petits vieux de sa ville à coups de chocolats périmés.
Et en 2021, plus de chocolats de Pâques !
Discutant cette année avec la vieille dame du deuxième étage qui s’étonne de ne rien avoir reçu du maire « Y a plus de sous ! », Miss Marple, qui a bien compris que les chocolats étaient réservés aux années électorales, s’est donc décidé à écrire au procureur : « Manipuler à des fins électorales des personnes vulnérables en leur faisant remettre par deux fois des chocolats est non seulement un procédé pitoyable mais surtout particulièrement répugnant (…) Donner un œuf pour avoir un bœuf ou comment l’actuel maire de Bayonne Jean-René Etchegaray a – pour se faire réélire maire en 2020- acheté ou tenté d’acheter, ce qui revient au même -l’intention vaut le fait !– les voix des vieux, des précaires, et autres personnes de sa commune en les inondant de chocolats. »
Et la malicieuse Miss Marple de conclure à l’adresse du procureur : « Souvent femme réfléchit. Bien fol qui ne s’en méfie » avant de préciser dans un Post-Scriptum : « À titre d’information et à toutes fins utiles, les boîtes de chocolats ( qui sont restées intactes) ne se trouvent plus à mon domicile mais à un autre endroit… »
Reste maintenant à savoir si le procureur va poursuivre et si Jean-René Etchegaray va se retrouver chocolat.
Jean-Yves VIOLLIER
Jean Yves, ton récit en chocolat un délice .
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Bonsoir,
Je constate que Mr Jean-Yves VIOLLIER a lu le bulletin municipal et particulièrement l’article du groupe politique « Bayonne ville ouverte, article dans lequel est narrée la même anecdote, mot pour mot. Rien de nouveau quoi!!
LESNE
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Le bulletin municipal a publié sans commentaire la lettre de cette dame. mais l’information, c’est qu’elle a écrit au procureur ce qui fait comme une légère différence.
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