Votre démocratie, vous la voulez comment à point ou seignanx ?

Déclaré « persona non grata » au conseil communautaire du Seignanx, notre reporter a suivi les débats… par la fenêtre.

Nous n’avions pas imaginé un tel scénario : reportage en immersion à Biarrotte, capitale éphémère du royaume d’Ubu. Et pourtant tout avait minutieusement préparé, à RamDam nous avions tout bien fait  :

-Nous avions collectivement décidé d’assister à la plus importante séance plénière du canton puisque décidant au nom des citoyens, du choix des actions et des dépenses publiques de l’année

-Nous avions averti par mail la présidente de notre intention, faute de retransmission vidéo, d’assister à cette réunion en vertu de l’article du C.G.C.T qui stipule que les réunions de conseils sont publiques

-J’avais rempli consciencieusement mon attestation de déplacement dérogatoire

-En entrant dans le sas de la salle communale de Biarrotte je m’étais enduit des pieds à la tête de gel hydro-alcoolique

-J’avais même mis des chaussettes propres au cas ou l’on m’aurait demandé de me déchausser avant de pénétrer dans le temple de la mascarade (au sens non péjoratif du Larousse :  »divertissement où les participants sont masqués »).

-Et enfin je m’étais muni de boules Quies pour ménager mes oreilles d’un excès de langue de bois

Mais tout cela n’a pas suffi, je suis resté à la porte cochère ;
En effet en prélude aux débats, la présidente, Isabelle Dufau vient au contact avec en second rideau son DGS chargé de s’assurer que par un jeu subtil d’accélération et changement de pied débordement je ne vais pas forcer le passage. Soit dit en passant le pauvre hère chargé de cette tâche ingrate manque de gabarit mais à sa décharge reconnaissons que les salles de remise en forme sont fermées depuis plus de 10 mois.
Affable sous son masque la récente présidente m’explique que la séance n’est pas ouverte au public et qu’elle ne fait qu’appliquer la consigne du préfet*, en l’occurrence que la mise autour d’une table de plus de 34 personnes ne pose aucun problème sanitaire mais que l’acceptation du seul spectateur non élu que je suis, fait courir un risque majeur à la société.
On a pourtant connu Isabelle, élue de Tarnos moins soucieuse du respect des consignes préfectorales. En 2017 lorsque avec ses collègues, elle avait résisté à l’injonction du représentant de l’État les sommant de décrocher une banderole affichée au fronton de la mairie et dénonçant un hold-up de l’État sur les finances de la commune. Ce qui avait d’ailleurs entrainé plainte du préfet et condamnation par le tribunal administratif au retrait immédiat de la banderole.

A gauche sur la photo Isabelle-la-rebelle entrée en résistance en 2017 face au préfet

J’ai bien tenté de parlementer avec Madame Dufau, argumentant que dépenser 50 000 € pour l’organisation des  »Assises du Seignanx » dont l’objectif est la démocratie participative est quelque peu antinomique avec la bunkerisation des lieux de décisions, mais rien n’y a fait, Isabelle-la-résistante n’a pas pris le dessus sur Isabelle- la-soumise : une consigne con reste une consigne. Croisant des élus aux regards surpris parfois inquiets de découvrir  »un qui n’est pas du sérail » je suis ressorti du bâtiment, la réunion des copropriétaires du canton allait pouvoir commencer sereinement. C’est donc par la porte entrebâillée que j’ai pu suivre les débats ou plutôt subir l’absence de débat. C’est devant une assemblée anesthésiée que d’une voix monocorde le rapporteur, maire de Tarnos a égrené les chiffres du budget prévisionnel 2021. Ah il était loin le temps ou tous ces consensuels d’aujourd’hui déposaient des motions et s’investiguaient, manifestaient, tentaient d’envahir la salle du conseil !

 »Dedans avec les miens dehors en citoyen »
la devise de Castex fait des émules

Heureusement au travers des vitres j’ai pu à la volée dérober certains tableaux power-point qui illustraient les propos de l’orateur et ainsi glaner quelques « informations classées secret-défense ». J’ai ainsi appris que la fameuse TEOM (enlèvement des ordures ménagères) taxe inique hier s’était refaite une virginité et était pérennisée à un taux identique à celui des années précédentes (un seul vote contre). J’ai noté au passage que madame la maire d’Ondres, qui interrogée quelques jours auparavant clamait être opposée à cette taxe, votait sa reconduction sans état d’âme.

Qui n’en veut de la TEOM à 10 % !

Les décisions suivantes portant sur une kyrielle de conventions de peu d’intérêt, j’ai laissé au correspond de Sud-Ouest bien installé au chaud le soin de scrupuleusement les noter et c’est donc après une heure et demi passée debout à tendre l’oreille dans le froid que j’ai courageusement décidé de me fondre dans les ténèbres et braver le couvre-feu.
J’ai donc pu regagner mon foyer sans croiser la brigade des 135. D’ailleurs s’ils m’avaient arrêté j’aurai sans vergogne dénoncé la teuf nocturne réunissant plus de six personnes dans la salle des fêtes de Biarrotte avec sono et vidéo-projections. C’est bas, je sais mais ça réchauffe.

Cependant toute expérience étant bonne à prendre, il m’aura tout de même fallu attendre frôler mes 75 piges pour entamer une carrière de voyeur et suivre des (d)ébats au travers le trou d’une serrure.

Dominique LAPIERRE

*Consignes qui devaient, promis juré, nous être fournies dès le lendemain par le DGS qui a du manger la consigne.

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