Des allées Paulmy à la sauce promoteur

Des riverains en colère contre un projet du promoteur Alday viennent de gagner un référé suspendant le permis de construire déposé. Mais ce n’est que le début d’une longue bataille.


Sur cette vue aérienne, obtenue grâce à Google Earth, le caractère basque des villas de ce quartier saute aux yeux. Ce qui n’empêche pas le promoteur Alday d’envisager un bâtiment de 20 mètres de long sur 17 de large.

« Je crois que c’est la première fois que je vis cela depuis que je suis élu » reconnaît Alain Lacassagne, adjoint à l’Urbanisme et grand ordonnateur de la tambouille immobilière du restaurant « Baionako udaletxea » (Pour les touristes, le restaurant de la mairie de Bayonne). Mais n’est pas Alain Ducasse qui veut et la cantine municipale vient de se faire sérieusement tancer par le tribunal administratif de Pau, suite à un référé déposé par des riverains qui n’avaient pas goûté le plat mitonné par la mairie, au 13 allées Paulmy. Un intitulé « Villas Paulmy à la sauce Al d’ail », le promoteur Robert Alday étant à l’origine du projet. Notre maître-queue Alain Lacassagne, reste sur sa faim, à propos du verdict du tribunal administratif de Pau, mais fait bonne figure : « Il n’y a rien d’anormal. Le juge a suspendu les travaux et il se laisse ainsi le temps d’analyser. Nous sommes dans une démocratie et il est heureux que des citoyens puissent contester un projet immobilier ».

Voir des citoyens obtenir gain de cause, même provisoirement, compte tenu des fragrances quelque peu gênantes que ce plat distille, est suffisamment rare pour que RamDam 64-40 raconte l’affaire. En effet, les conclusions du juge, lors du référé du 6 novembre 2020, contiennent quelques appréciations fort goûteuses pour les chalands épicuriens que nous sommes.

On y apprend ainsi que le plat présente une telle quantité de victuailles, que seul un Gargantua au sortir d’un jeûne contraint et forcé, peut l’ingérer. Le mets « se compose de deux bâtiments d’une longueur respective de 19,70 m et de 17,30 m, d’une hauteur au faîtage d’environ 12,50 m, comportant un rez-de-chaussée, deux étages et des combles, et reliés par un bâtiment d’une longueur de 6 m comportant un rez-de-chaussée et un étage », soit un volume bien supérieur aux quantités habituelles requises pour ne pas provoquer de nausées. Pas assez fouettée la meringue recouvrant la partie sud du plat, a une fâcheuse tendance à dégouliner en jus panoramique chez les voisins « de nombreuses ouvertures donnent sur la maison des requérants ». L’ensemble affecte donc directement les conditions d’acceptation par ces derniers.


Le projet en façade sud semble un peu copieux pour le voisinage

Le juge note aussi que, si l’aspect du plat laisse à penser qu’il s’agit là d’une préparation culinaire traditionnelle locale, il n’en demeure pas moins que l’origine des ingrédients et le mode préparatoire ne peuvent en aucun cas, supporter l’appellation de « produit du terroir » : « Si l’architecture et les caractéristiques de chaque bâtiment composant le projet s’inspirent du style néo-basque du bâtiment existant sur le même terrain, elles tranchent en revanche avec le style basque traditionnel de la maison des requérants et de la maison voisine. Par ailleurs, le volume que constitue l’ensemble du projet rompt sensiblement avec celui des constructions identifiées par ce document d’urbanisme. »

Le juge décide donc au vu de ces éléments de suspendre la mise au menu de cette galimafrée, approuvée par la ville le 27 novembre 2019.

Une décision qui réjouit Yon Dourisboure, autre gourmet consterné par la qualité de la préparation, auteur du blog villas-paulmy.fr : « Je suis très content de ce jugement qui me donne un peu d’espoir. Ce que je trouve intéressant, c’est l’argument utilisé par le juge pour suspendre ce permis. Tout comme nous, il a reconnu que le bâtiment était trop gros par rapport à son l’environnement emblématique de la ville de Bayonne. C’est un argument auquel le juge du fond pourrait être sensible.. »

Pichet a déjà édifié ses résidences à la place de l’ancienne clinique Paulmy, tandis que Bouygues convoite sérieusement l’emplacement de la clinique d’oncologie et qu’Alday, malgré ce référé perdu, continue à mijoter sa préparation. Pas de doute possible, dans cet îlot verdoyant, c’est une sacrée partie de « Top chef » qui va se dérouler…

Éric MENARD

2 commentaires

  1. Au-delà du fait en cause dans ton article, j’extrais la phrase d’Alain Lacassagne :
    « Il n’y a rien d’anormal. Le juge a suspendu les travaux et il se laisse ainsi le temps d’analyser. Nous sommes dans une démocratie et il est heureux que des citoyens puissent contester un projet immobilier ».
    La démocratie se résume-telle à ses yeux comme un juste équilibre entre l’élu qui accorde aux sociétés ce qui les intéresse et le citoyen qui n’a pas à être consulté puisqu’il peut aller en justice. C’est si simple. Rien d’anormal effectivement !
    Certes, Alain Lacassagne n’est pas le seul à s’exonérer de cette fausse démocratie. Le Maire d’Hendaye, Kotte Eccenaro, dans une situation semblable déclarait : « nous avons entendu que des personnes ont porté plainte… à cause des nuisances générées.. je laisse faire les riverains qui ont le droit d’exercer un recours..» Là encore, rien d’anormal !
    Pauvre Alain ! Qu’a-t-il appris de ses années de référent à Anticor ?
    Michel Gellato

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