Président d’un parti ET haut-commissaire au Plan, voilà du jamais vu sous la Ve République ! Mais il fallait bien donner un hochet à celui qui ne veut plus s’exposer en première ligne.
Toute personne qui a assisté à un conseil municipal à Pau, sait que le premier magistrat de la ville a un rapport disons un peu particulier à la vérité. On se souvient comment en avril 2018, François Bayrou a juré devant tous ses conseillers municipaux, quelque peu amusés par son impudence, qu’il avait « appris par les services » la nomination comme directrice des Halles de Sophie Borotra, fille de son grand copain Didier Borotra.

Même toupet phénoménal pendant le confinement quand les fonctionnaires des services municipaux ont été priés de se rendre disponibles dare-dare pour découdre en vitesse les étiquettes « Made in Taiwan » des masques et de les remplacer par un textile « Tricoté en Béarn ». Et comme décidément le maire de Pau ne fait pas dans la dentelle, les masques revisités Béarn ne seront distribués aux Palois que dûment accompagnés d’un mot manuscrit du maire. Ce qu’il ne faut pas faire tout de même pour être réélu !
« Il ne travaille pas, mais alors pas du tout ! »
Un ex-collaborateur du président du MoDem raconte l’inavouable dans « Le Canard enchaîné » (9/9) : « Il est d’une grande intelligence, mais les gens ignorent l’essentiel : il ne travaille pas, mais alors pas du tout. Il passe sa vie à être en retard et les chantiers qui aboutissent ont été conçus et menés par d’autres, même s’il excelle à se les attribuer ».
Nommé trois fois ministre de l’Éducation nationale sous Balladur et Juppé, le Béarnais a bien compris qu’il n’y avait que des coups à prendre dans ce type de poste et qu’il valait beaucoup mieux laisser les autres se salir les mains et manier des concepts fumeux dans une bonne planque où jamais personne ne pourra vérifier votre efficacité.

C’est ainsi qu’il s’est fait le chantre de la moralisation de la vie publique à l’époque où Ségolène Royal était candidate. Pas de chance pour lui ! Alors que Macron persuadé de son importance politique malgré ses troupes qui tiennent dans une cabine téléphonique, fait de lui son ministre de la Justice, il est obligé de démissionner pour des soupçons d’emplois fictifs concernant des assistants parlementaires européens rattachés au MoDem. D’autres hommes politiques auraient rasé les murs après un tel coup dur, mais ce n’est visiblement pas le genre de la maison.
Tout faraud, le maire de Pau s’en sortira par une pirouette verbale qui en dit long sur ses convictions : « Tout le monde est mis en examen ou à peu près dans la vie politique française » (« L’Obs », 28/11/2019)
Pas gêné pour deux sous, François Bayrou pour se remettre en selle au niveau national, a tanné François Hollande puis Emmanuel Macron avec son nouveau dada : la planification. Et pour bien montrer combien la question le préoccupe quasiment depuis sa naissance, il n’hésite pas à ajouter : « Gouverner, c’est prévoir ! » Mais où va-t-il chercher tout ça ?
Ému par une telle puissance créatrice, mais aussi bien conscient qu’il a désormais besoin du MoDem pour gouverner, le président de la République a cédé aux désirs du Connétable palois. Le voilà nommé Haut-commissaire au Plan depuis le 3 septembre… Tout en restant maire de Pau. Tout en restant président du MoDem. Mais quel homme !
« Un hochet donné au MoDem »
Cette nomination a suscité l’ironie des élus qui sont au charbon au quotidien. « Ce commissariat me paraît un peu hors du temps et décalé par rapport à la gravité de la situation. Je n’ai pas le sentiment que ça réponde aux craintes des Français », lâche le sénateur LR de Meurthe-et-Moselle Jean-François Husson.
À gauche, Rachid Temal (PS) se montre lui aussi très sévère : « Cela donne le sentiment que c’est un hochet donné au MoDem. » Comme si François Bayrou avait encore l’âge de recevoir des jouets.

Bayrou vu par Kiro du « Canard enchaîné
Mais ces remarques de grincheux laissent de marbre le penseur de la République, l’homme de la moralisation de la vie publique à appliquer à tout le monde sauf à lui. Quand François-les-grosses-oreilles parlera, nul ne saura s’il s’exprime au nom du MoDem ou en tant que grand planificateur, mais visiblement cela ne dérange pas le Président de la République, pourtant fort soucieux de mettre fin au cumul des mandats pendant sa campagne présidentielle de 2017 ;
Une bougie anti-connards sur son bureau
À François et ses paroles qui volent et n’intéressent personne, la jouissance de l’hôtel Cassini avec son parc de 5000 m2, le chauffeur à demeure, le budget annuel de 15 millions d’euros et la centaine de collaborateurs aux petits soins ! Les pensées profondes et originales de François Bayrou au service de la France valent bien cela. De même que la future élection de Macron en 2022.

Et sur son bureau, le successeur de Jean Monnet, le très-satisfait-de-lui-même François Bayrou, posera son objet fétiche offert par le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler : une bougie anti-connards qui les repousse mais ne les tue pas.
Pourvu que Bayrou ne parte pas en fumée, car ce serait vraiment une perte dont la France ne se relèverait pas !
Jean-Yves VIOLLIER
Triste situation de notre pays. Pendant ce temps, le ministre de la Justice écarte la magistrate, Madame Charlotte Bilger, qui était en charge de la procédure engagée contre Monsieur Bayrou et moult cadres du MoDem, à propos des attachés parlementaires européens du MoDem qui ont bien été employés, en dépit de la loi, au seul profit du MoDem. Madame Corinne Lepage le dénonce dans son livre « Mains propres ». Et c’est Monsieur Mathieu Lamarre, ancien attaché parlementaire du MoDem qui avouera l’emploi fictif qu’il assuma naguère au profit du MoDem. Il faut espérer que la procédure contre le MoDem aille à son terme.
Guy HUSSON
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