Maider Arosteguy : « La démocratie participative est parfois un peu démoralisante… Mais on continue ! »

Aménagement d’Aguilera, Hôtel du Palais, Biarritz Olympique, la première magistrate de Biarritz répond sans filtre à RamDam 64-40.

En janvier, on se demande parfois comment font les élus pour continuer à voir la galette des rois en peinture, entre les vœux de la Ville, ceux aux Biarrots, ceux au personnel municipal, ceux du département, ceux de l’Agglo et ceux des villes voisines, où la présence est indispensable, courtoisie oblige. RamDam 64-40 peut en tout cas témoigner que contrairement à un sénateur local qui a de plus en plus de mal à boutonner son costume, Maider Arosteguy, qui a accordé une heure à RamDam 64-40 en compagnie de Thomas Habas, membre du cabinet, juste avant de se rendre aux vœux de la CAPB, n’a pas pris un gramme depuis son élection et a gardé ce franc-parler qui fait son charme.

RamDam a suivi de très près le dossier d’aménagement du plateau d’Aguilera. Entre les promenades sur le site, les réunions publiques, les consultations publiques, personne ne peut vous reprocher de ne pas avoir cherché à connaître l’avis des Biarrots. Pourtant beaucoup d’habitants de la Ville ont le sentiment qu’on les a sollicités sur des plans de masse et qu’ils n’auront pas la parole pour l’aménagement définitif de ce plateau.

J’entends bien ce reproche. Le processus administratif est extrêmement frustrant pour le citoyen qui n’est pas fin connaisseur de la vie administrative française. Dans le processus dit de MECDU (Mise En Conformité des Documents d’Urbanisme), ce qui apparaît clairement, c’est le nombre de logements. Même le nombre de logements sociaux a évolué puisqu’on était partis sur un projet ambitieux à 56% et qu’on nous a imposé 60%. Évidemment, on n’a pas hésité un instant à accepter, car le logement social ne concerne pas que les familles démunies, mais aussi les jeunes, les saisonniers, les personnes âgées et précarisées. On me dit « Aguilera ? Jamais vous n’obtiendrez le quota nécessaire » Et alors ! Si j’ai 110 familles qui trouvent un logement, c’est 110 respirations.

Comment avez-vous vécu les turbulences lors des réunions publiques ?

Dans ce type d’exercice qu’est la démocratie participative, ce sont souvent les gens les plus à l’abri qui font le plus de bruit tandis que ceux qui en ont besoin ne se manifestent pas ou très difficilement. Est-ce qu’il faut arrêter de le faire ? Bien sûr que non, mais c’est quand même un peu démoralisant, je ne vous le cache pas. Des fois on a envie de tout envoyer balader, mais il ne faut pas lâcher. On ne communique jamais assez. On ne reçoit les gens jamais assez. On ne va jamais assez sur le terrain face à des citoyens en souffrance qui ont besoin d’énormément d’explications et d’accompagnement.

« Politiquement, L’Hôtel du Palais est plus un boulet qu’un avantage »

Passons à l’Hôtel du Palais. Vous aviez annoncé un referendum auprès des Biarrots pour savoir s’ils veulent le garder ou souhaitent le vendre. RamDam est parfaitement conscient que le palace est difficilement vendable actuellement. Mais pourquoi avez-vous renoncé à ce referendum lors de ce mandat, alors qu’il vous aurait permis d’avoir une feuille de route très claire vis à vis des électeurs ?

– L’Hôtel du Palais n’est pas tout à fait invendable mais n’est pas dans les conditions optimales actuellement. Aujourd’hui, il n’est pas estimable à sa valeur réelle, il faut le valoriser de façon financière. Le groupe Hyatt, au début, a eu beaucoup de mal à saisir la culture de ce palace qui est un hôtel familial. Ils sont habitués à une clientèle d’hommes d’affaires et n’ont pas réalisé qu’on a des familles qui viennent l’été trois à quatre semaines et attendent un peu de reconnaissance. Une nouvelle direction a été mise en place et les résultats semblent prometteurs. Il faut maintenant que l’Hôtel prenne une vitesse de croisière et démontre sa capacité à être rentable.

Vous ne nous expliquez pas pourquoi vous avez repoussé l’idée d’un referendum ?

Quand vous faites un referendum, c’est pour faire une action dans la foulée. Ça ne fait pas sens par rapport à la sérénité dont l’établissement a besoin actuellement. Par ailleurs, je pense que la population biarrote, majoritairement âgée et encore attachée à l’Hôtel, n’est pas encore assez mûre sur cette question. Le palace a besoin de stabilité.

En quelque sorte, vous nous dites que vous n’organiserez un referendum que lorsque vous serez sûre du résultat ?

Pas du tout. J’ai dit que j’organiserai deux consultations populaires sur la réorientation de la Cité de l’Océan et sur le Palais, si le besoin se faisait sentir. Avant de réaliser les grandes dépenses prévues en 2027, je pense qu’il sera judicieux de consulter les Biarrots pour savoir s’ils veulent garder ou non la propriété de cet établissement. Sachez que pour le maire de Biarritz que je suis, politiquement, l’Hôtel du Palais est plus un boulet qu’un avantage.

« 35 conseillers municipaux, c’est trop »

Le troisième volet de notre entretien concerne la tenue des conseils municipaux. RamDam a l’habitude d’écouter attentivement les conseils municipaux de toutes les villes de la Côte basque. Nous sommes biens conscient qu’en tant que maire de Biarritz, nous n’avez pas le temps pour en faire de même, mais nous pouvons vous assurer qu’il y a des différences énormes avec Bayonne et Anglet. Biarritz est la seule ville où les conseillers se lèvent pendant la séance, vont et viennent et ne donnent pas le sentiment d’être très attentifs. Qu’en pensez-vous ? Ne devriez-vous pas faire des pauses ?

Maider Arosteguy et Thomas Habas semblent très surpris de notre remarque. La première magistrate de Biarritz évoque immédiatement l’Agglo et le conseil régional « où ça parle, ça téléphone » avant de détailler le fonctionnement de son conseil municipal : « On ne peut pas faire des pauses, car ça casse le rythme. Comme les conseils sont longs et durent parfois quatre heures, on a un buffet pour que les conseillers puissent boire ou se ravitailler, ce que je trouve normal ».

Comment jugez-vous votre opposition ?

Je suis très heureuse de l’opposition que j’ai, (Grand sourire qui permet toutes les interprétations possibles)

Nous souhaitons maintenant évoquer un cas qui nous indigne beaucoup, celui de Louis Bodin. L’homme est absolument charmant, mais est-il acceptable à une époque où les citoyens n’ont plus beaucoup confiance en leurs élus, d’avoir un conseiller municipal qui n’est jamais présent puisqu’il n’a assisté qu’à un conseil depuis votre élection ?

– Je préfère quelqu’un d’engagé qui reste à son poste plutôt que d’avoir une « potiche » qui ne va rien faire. Parmi les conseillers municipaux potentiels dans la liste d’élection, j’ai très peu de gens disponibles et en capacité de faire ce que fait Louis. Il apporte beaucoup à Biarritz . Il m’a proposé sa démission mais je l’ai refusée car je n’ai pas son équivalent en termes d’expertise et de réseau relationnel. Si Louis Bodin démissionne j’ai une situation pire que s’il reste.

Thomas Habas : « Quand Louis Bodin a des missions sur Paris, c’est quand même beaucoup mieux qu’il le fasse dans le cadre d’un mandat officiel ».

Mais on peut aider une ville de mille façons, sans avoir besoin d’occuper un poste de conseiller municipal. Surtout Louis Bodin avec sa notoriété !

– Je vais vous dire autre chose qui ne va pas être politiquement correct. 35 conseillers municipaux, ça ne sert à rien, c’est beaucoup trop. 238 à l’Agglo, c’est trop, 180 à la Région c’est encore trop…

Nous pouvons l’écrire ?

Absolument, je l’assume parfaitement.

« BO : on m’a craché dessus mais j’ai ravalé ma fierté»

Le dernier volet de notre entretien concerne Aguilera. Entre l’aménagement du plateau et le Biarritz olympique, n’avez-vous pas le sentiment que c’est là que va se jouer votre réélection si vous vous représentez ?

En ce qui concerne l’aménagement du plateau d’Aguilera, j’espère que nous aurons terminé la partie sportive avec l’USB, sélectionné le candidat avant l’appel à projet et que d’ici les prochaines échéances électorales les terrains seront vendus. Pour les premiers coups de pioche avant 2026, j’en doute.

Parlons maintenant du Biarritz Olympique. Vous avez décidé de revenir à Aguilera ce qui paraît normal au vu des sommes que la Ville donne au club, mais votre brusque revirement donne l’impression que vous avez trahi les Galactiques que vous souteniez auparavant.

On est venus me chercher et on m’a présenté des excuses. Comme je l’ai dit dans « La Semaine du Pays basque », il y a un temps pour faire la guerre et un temps pour l’arrêter. Le bad buzz était négatif pour le rugby, pour l’image de la Ville pour notre action. Les Galactiques, je n’ai de cesse de les remercier mais à un moment donné ils se sont lassés et la digue a cédé. Ils ont perdu espoir lorsque le rachat du BO ne s’est pas fait. À partir de là, je n’étais plus en capacité de refuser la main tendue pour avoir un rugby pacifié. On m’a craché dessus mais j’ai accepté de ravaler ma fierté. Je ne veux pas être celle ont on dit qu’elle a été le fossoyeur du BO.

Qui va aller à Saint-Sébastien voir jouer le BO ?

Ne nous excitons pas sur des projets qui concernent une autre collectivité que la nôtre et sur lesquels je n’ai pas véritablement la main.

Dominique DE LA MENSBRUGE et Jean-Yves VIOLLIER

Un commentaire

  1. Interview très intéressant. Je trouve que le ton et les arguments avancés sur les différents sujets abordés sont plein de bon sens. Biarritz a une maire qui maîtrise bien son sujet, malgré l’ampleur et les difficultés de sa tâche. Un seul bémol, de mon point de vue: pourquoi ne pas avoir dit plus tôt que les dirigeants du BO lui avaient présenté des excuses! C’est un minimum pour justifier son changement d’attitude récent envers les dirigeants. Il y a dû y avoir d’autres arrangements avec Gave le jour précédent son revirement envers eux, en particulier sur le projet maintenant dévoilé du côté de San Sebastian.

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