Trois campings entre les Landes et le Pays Basque posent quelques petits cas de conscience aux élus municipaux.
« Alors on n’attend pas Patrick ? ». Cette citation tirée du film Camping de Fabien Onteniente ne risque pas d’être appréciée chez certains élus de nos territoires qui ont quelques petits problèmes avec des campings où leur vie n’y est pas toujours un long fleuve tranquille. Trois affaires empoissonnent la vie d’élus à Hendaye, Saint-Jean-de-Luz et Ondres.
La justice claque par deux fois le beignet d’Éva Belin
On commence par Ondres dont nous avons relaté les nombreuses aventures. Pour rappel Éva Belin, la maire voulait récupérer la poule aux œufs d’or du camping Blue Ocean géré par la famille Dauga sous la forme d’une Délégation de Service Public (DSP) avant sa fin, le 30 octobre 2025. Après une première défaite devant le tribunal administratif de Pau qui a constaté que les arguments avancés par la mairie n’étaient pas probants, Éva Belin a pris une seconde claque sur le coin du museau par le Conseil d’État dont elle n’a même pas passé le premier filtre. D’après nos informations, l’avocat de la mairie ne s’est même pas déplacé à cette première audience devant le Conseil d’État. Un comble pour une municipalité pourtant si pressée de récupérer le camping malgré tous ses effets de manche en affichant dans la ville des banderoles pour appeler à la mobilisation contre les gérants du camping. De plus, la maire refuse toujours de rencontrer Patrick Dauga, le gérant du camping, afin d’apaiser les relations.
À Hendaye, Chantal Kehrig-Cottençon devant la justice le 15 juin
Le deuxième camping (Eskualduna) qui pose un gros souci est situé à Hendaye et appartient au mari de Chantal Kehrig-Cottençon, adjointe au maire à l’urbanisme de la commune et lui vaut un renvoi devant la justice le 15 juin prochain pour prise illégale d’intérêts. En cause, la modification du PLU en vue de faire passer tous les campings de ville en zone NK. Cette zone est destinée à être protégée en raison de la richesse du sol ou du sous-sol, dans laquelle les constructions et installations nécessaires à la mise en valeur de ces ressources naturelles sont autorisées. Dans les faits, seul le camping Eskualduna n’était pas encore passé dans cette zone, tous les autres étant déjà classés sous cette forme. À la presse, l’élue a déclaré qu’elle n’avait pris part à aucun vote lors des conseils municipaux et durant les réunions du comité de pilotage qu’elle présidait.
À Saint-Jean-de-Luz, mobilisation générale contre le camping Playa
La justice a tapé fort en condamnant le propriétaire à 300 000 euros d’amende, à remettre le site en l’état et à enlever toute installation ancrée dans le sol, sous astreinte de 500 euros par jour de retard, passé un délai de 30 jours à compter du jour du jugement. La société SAS Playa devra également verser 10 000 euros à la commune de Saint-Jean-de-Luz et deux fois 4 000 euros au Cade, au titre du préjudice écologique et moral.
Mais l’affaire ne s’arrête pas là puisque le propriétaire a décidé avant l’audience devant le tribunal de Bayonne (16 février 2023) de mettre en vente le camping Playa et son espace bar et restauration le Carlos Beach Lafitenia pour 7,843 millions d’euros. Dans l’annonce affichée sur le site cessionpme.com, on peut y lire qu’il y a la « possibilité de création d’une résidence ou d’une habitation avec vue sur l’océan ». Une mention pour le moins étonnante au regard de la loi littoral et des fortes craintes d’érosion à Saint-Jean-de-Luz qui grignote les falaises de la ville depuis quelques années.
Mais dans le domaine des campings locaux, on n’en est visiblement plus à une approximation près…
François BERLAND
Jamais Trop de Ramdam 