« La Bayrouse nous voilà » n’a pas réussi à sauver l’Elan Béarnais : rétrogradé au niveau amateur il vient d’être racheté par des Français. Mais les coups bas et les manœuvres pour croquer dans le gâteau continuent.
L’important est que François Bayrou, à l’origine du fracas de ce contrat « top-secret » conclu avec les Américains de CSG (1) mais qui ne manque jamais d’estomac, soit encore une fois auto satisfait : « Une étape importante a été franchie, s’est félicité le maire de Pau François Bayrou. Au terme de cette période rocambolesque, finalement le club n’appartient plus aux Américains. Il va être repris par des Français ». (2)
Pas si vite ! Le « rocambolesque » n’est certainement pas terminé. Vu l’état actuel du club, « gouffre financier » il était, « gouffre financier » il restera car les Amerlocks veulent de bons euros, et si François Bayrou se satisfait de Token, ça lui fera une breloque de plus à accrocher à son veston.
Revenons un an en arrière quand nos élus, maires, représentants, anciens présidents, ont tous baissé les bras devant l’impudence arrogante d’un Bayrou prétendant que lui seul pouvait mener à bien le projet sans parasitage de leur part. Et le citoyen là-dedans ?
L’art de vendre du vent
Certes, le sport en général, c’est beau et le basket en particulier ; mais pour l’amoureux des échecs ou des fléchettes, ce n’est pas le faire rêver qu’entendre se désoler l’ancien trésorier de l’Elan Béarnais Luis-Miguel Conéjéro : « à l’époque on s’est fait hara-kiri pour que l’esprit de l’Élan demeure. Aujourd’hui, on ne parle que d’argent. Tout le reste, c’est fini ».
Alors, parlons argent.
La longue interview (13 juillet, voir le site BeBasket, (3)) de David Otto alors président de l’Elan Béarnais, (au passage déjà condamné par la justice américaine, pour flouer les clients de ses sociétés bidons (4)), est claire … comme le jus de chique d’un cow-boy.
Commençons. (Un peu d’aspirine aidera la lecture NDLR)
David Otto, (patron du groupe CSG), est le propriétaire de l’Elan Béarnais … rien n’a encore été payé, mais il est « ouvert à la discussion pour le vendre ». Vendre un club et son trou financier de 2 millions, qui n’a pas coûté 1 cent, du grand art. Que vont acheter les Français ?
Pau de chagrin
Le prix initial de vente négocié par François Bayrou s’élevait à 800 000 €. Il fut réduit à 600 000 € après signature du contrat, car « des éléments de passif inconnus [sont] remontés à la surface ». « découverts après l’achat » « il y a encore d’autres dettes, donc notre conversation n’est pas terminée. J’ai tenté de joindre Monsieur Bayrou, je n’ai pas eu de réponse »
Est-ce à dire que François Bayrou se serait cru malin en ne disant pas tout pour fariner les Américains ? Et maintenant, la discussion de marchand de tapis ayant échoué, François Bayrou se serait fait tout petit, en Bayrou libre jusqu’à la reprise du club par les Français ? En tout cas, excellente raison pour David Otto de ne pas verser un seul $.
David Otto « a montré des preuves qu’il disposait des fonds nécessaires aux États-Unis, en euros et en cryptomonnaie ». Question : pourquoi ne voit-on pas cet « argent arriver sur les comptes de l’Élan Béarnais ? »
David Otto répond : la « raison qui me pousse à ne pas vouloir déposer 1 million d’euros sur un compte de l’Élan Béarnais, c’est comment être sûr que ce capital sera correctement géré. Cela n’a pas été très bien géré au cours des dernières années, et cela nous a menés dans cette situation. » Ah si c’est la faute aux anciens qui ont gêné l’accomplissement d’un accord dont ils furent tenus écartés, tout s’explique.
La cryptomonnaie de singe
Aussi, David Otto va certainement faire appel, car on a été « injuste envers lui » Et il a des arguments : « comme l’obligation de garder un budget de 7 millions d’euro » c’est faux d’après lui. (Pourtant, ce budget de 7 millions a été claironné dans toute la presse mais peut-être David Otto ne sait pas lire le Français) ; « ou le refus de la municipalité de Pau de nous accorder une subvention (annuelle de 1,2 millions d’€) selon les termes du contrat d’achat ». Ah bon, on vend le club qui était un « gouffre financier », mais on continue à l’alimenter ? C’est le citoyen payeur qui va être content. Sûr qu’avec ces 1.2 millions annuels donnés par les Palois, David Otto aurait pu facilement honorer les 600 000€ pour l’achat. Donc même sans argent venu des US, c’est bien lui le proprio, Pau lui doit encore des sous et c’est David Otto qui va vendre aux Français, charge à eux de réclamer à Bayrou. Un arrangement de cette qualité, il valait effectivement mieux que François Bayrou le tienne secret.
Dans l’interview, passage discret sur la cryptomonnaie, qui n’a pas l’heur de plaire aux Palois et n’a pas convaincu la Direction Nationale de Conseil et du Contrôle de Gestion (DNCCG), David Otto se désole : « Je leur ai expliqué les raisons, mais ils ne semblaient pas comprendre ». Mais pourquoi la DNCCG n’appelle pas directement François Bayrou, signataire du contrat secret, qui a donc fatalement tout compris ?
Le gavé de Pau
Quelques autres points de litige sont soulevés, mais c’est vraiment « peanuts » : « des dizaines de fournisseurs attendent encore d’être payés. Par exemple, un hôtel de Gravelines attend encore plus de 2 000 euros » ; « Une dette à honorer de 58 200 euros pour « SNCF Voyageurs ». Détail que David Otto balaiera par un « la SNCF n’en mourra pas » (« SNCF will survive »)
Et c’est bien vrai. Ce n’est pas François Bayrou qui va le tracasser pour de telles peccadilles, lui dont la mairie s’assoie allégrement sur 250 000 € (6)
De toute façon, David Otto est un type honnête. « les facturations seront renégociées ou honorées selon les cas ». Par les nouveaux repreneurs peut-être.
Ça ressemble à des pertes
« BeBasket » pose une question simple : « Vous avez trouvé une situation nette positive lors de votre arrivée. Comment expliquez-vous qu’un an plus tard, le club se retrouve avec des pertes estimées à deux millions d’euros sur la saison ? »
La réponse est transparente comme un milk-shake : « Quand nous avons acheté le club, la trésorerie était de 1,2 millions d’euros. Cet argent a été injecté dans des opérations où il était nécessaire. En complément, CSG a versé entre 800 000 et 900 000 euros. [Comment ? Quand ? Puisque l’argent est toujours séquestré aux US ? Ou alors on parle de pomper dans la subvention de 1.2 millions de la mairie de Pau] « Alors oui, cela ressemble à une perte de deux millions d’euros » « mais ce ne sont pas des dettes, c’est un capital versé » « il faut expliquer les choses sérieusement ». En effet, ce serait mieux.
De toute façon, pas de panique, « Pour 2022/23, nos prévisions font état d’un exercice net positif de 4 000 euros… ». « La LNB avait initialement jugé notre budget trop agressif. Ils n’y croyaient pas. On s’est donc remis au travail et fourni un budget plus conservateur. Ce n’est pas un tour de magie de CSG. » Effectivement, pour un budget de 7 millions, prévoir 4 000 € d’exercice net, ça n’a rien de magique.
Bayrouste en vue ?
Quant au copain de François Bayrou, David Bonnemaison Carrere, dernier président français de l’Elan Béarnais et grand stratège de l’accord top-secret, il en prend pour son grade : « Il ne va plus travailler avec CSG. Sa loyauté envers l’Élan Béarnais ou envers les actionnaires est très suspecte ». Parole de David Otto, un spécialiste bien connu de la justice américaine.
Et enfin, il termine sur une sourde menace : « Vous savez, moi, je suis un avocat de profession » « Si l’initiative Pau ne se révélait pas être un succès, il faudrait alors se demander pourquoi et qui a causé ce préjudice. » « il est indéniable que la réputation de CSG a été détériorée par toute une série d’évènements. Cela ne fait aucun doute (il le répète) ». « Je ne dis pas que des choses nous ont été cachées, du moins pas pour le moment. »
Aie aie aie, pauvre Bayrou.
Pau de banane
Maintenant que la reprise de l’Elan Béarnais est acquise, flash-back sur la genèse de cette opération foirée. Pau et son agglomération serait-elle une république bananière qu’un tyranneau en recherche de gloire, gère à sa guise ? Un roi de l’esbrouffe qui en impose tant (l’esbrouffe pas Bayrou) que nul élu, maire, préfet ne s’est légalement opposé à une transaction secrète, antidémocratique, à la limite de la légalité, engageant l’argent public.
Aussi, Ramdam pose certaines questions :
En cas de procès (fort prévisible), qui sera accusé ? La ville de Pau et l’Agglo, -donc les citoyens- ou ceux qui se sont assis sur la démocratie : François Bayrou en tête.
Sa faconde coutumière suffira-t-elle à justifier ce fiasco que tout le monde prédisait sauf lui ? Toute honte bue, recollera-t-il ses plumes pour faire voter par ses élus les dédommagements ?
Si cela se passe ainsi, il sera temps que la Cour Régionale des Comptes s’y penche et que devant ce cas unique de mépris du citoyen, de rejet de la démocratie, de gaspillage indécent, une commission d’enquête soit créée et prive de leurs droits de tels potentats aveuglés par leur ego.
Michel GELLATO
- https://wordpress.com/post/ramdam6440.fr/3640
- https://www.eurosport.fr/basketball/rachete-par-des-investisseurs-locaux-pau-orthez-reprend-espoir-pour-son-avenir-l-elan-bearnais-dans-_sto9055825/story.shtml
- https://www.bebasket.fr/entre-urgence-financiere-et-guerre-interne-pau-peut-il-etre-sauve/
- https://wordpress.com/post/ramdam6440.fr/6534
- https://wordpress.com/post/ramdam6440.fr/4252
- https://wordpress.com/post/ramdam6440.fr/5989