Le maire de Pau est comme le laboureur, il ne laisse nulle place ou sa main n’arase et ne ré-arase. Place de la Monnaie à Pau, adieu les marronniers… Vivent les poiriers!
Après avoir défriché maintes places de Pau, c’est au tour des marronniers de la place de la Monnaie d’y passer. Oh pour à peine 5,3 millions d’€ et 3 ans prévus de travaux, on peut laisser Monsieur le maire faire joujou quand même.
Et bien non ! il y a toujours des aigris. D’abord Les résidents du quartier qui avaient rédigé un volumineux dossier comportant une série de questions qui leur semblaient utiles, nécessaires et participatives pour un projet qu’ils n’avaient jamais demandé.
En plus diront-ils, ils ne furent jamais consultés. Oh les menteurs! D’après La République de Pyrénées la mairie a distribué « un avis que les riverains ont reçu dans leur boîte à lettres le 8 juin dernier » pour un chantier qui a débuté le 13 juin… ils avaient 5 jours, et ils se plaignent !
Émouvantes Bayroucoulades
Le projet démarre et on commence à abattre tous les marronniers. Du Coup, la Sépanso 64 s’en mêle et pose un arrêté-suspension qui sera rejeté par le TA de Pau le 6 juillet dernier. Les marronniers sont marrons. Certes, leur arrachage avait démarré en 2014, Onze devraient suivre. Onze de plus ou de moins, on va pas se battre… Surtout qu’ils seront remplacés par des poiriers d’ornement : cinquante-trois! Le compte est bon, non ?!
Bref, les résidents vivent dans un quartier potentiellement fabuleux, mais seul François Bayrou peut l’imaginer.
Bien entendu, les magistrats du TA de Pau ne pouvaient contester une prouesse bayrouesque d’un goût si sûr qu’il semble né d’une inspiration quasi divine. Extraits :
« C’est une transformation des plus attendues », par qui ? Il faut demander aux résidents ? « L’actuelle place de la Monnaie sera réinventée autour d’un parvis noble et dégagé », « créer un nouvel équilibre » une « renaissance pour cet ancien quartier » « un nouvel environnement dans un écrin de verdure et de voies partagées » « la mise en scène de la Ville Haute, de la Tour et du Château » « Un panorama accentué et mis en valeur par la vue d’ensemble des prairies (?) ouvertes » « un jardin d’inspiration médiévale au cœur d’une trame végétale dense et riche. » « Une place conviviale, un cadre de vie vert et apaisé » .
A Pau, nous l’avons noté, ça apaise beaucoup. François Bayrou élu maire pour la première fois et découvrant l’aspect sinistré de la ville, envahie de végétation séculaire, avait déclaré (nous a-t-on dit) : il faut que je l’apaise !
Bref, la magnificence des bayroucoulades a sans aucun doute convaincu, ou plutôt énivré, enthousiasmé, transporté les magistrats du TA dans un monde fascinant auquel nul ne peut s’opposer.
Cependant, parmi les allégories, paraboles et autres absconeries, nous en avons relevées deux qui justifient pleinement à elles seules un projet de 5,3 millions : la « maîtrise du stationnement », métaphore qui rappelle le « tarif vert » de la place du foirail, (3) et les « profondes mutations grâce à l’émergence de projets immobiliers. »
Nous y voilà, il fallait bien y arriver !!!
Michel Gellato
Jamais Trop de Ramdam 