À quarante-huit heures de notre réunion publique sur les indemnités des élus, il était intéressant de demander le point de vue d’un élu de commune intermédiaire qui est aussi conseiller départemental.
– Vous êtes maire de Villefranque, mais aussi conseiller départemental, membre de la commission permanente « Aide aux communes », et aussi professeur en « économie de la construction » au lycée Cantau à Anglet, chargé de 16 heures de cours par semaine. Arrivez-vous à tout gérer ou êtes-vous obligé de déléguer vos fonctions au département à des vice-présidents ?
Au Conseil départemental, je suis délégué à l’aide aux communes. Je fais donc partie de la troisième commission, dirigée par Philippe Etcheverria. L’aide aux communes est divisée en deux volets, représentants un budget annuel de 16 millions d’euros. Oui, j’arrive à exercer les deux fonctions car je travaille beaucoup et je suis très organisé. De plus, mon métier me permet une telle organisation.
Tout ceci étant bien sûr possible, avec la compréhension et l’aide de ma conjointe qui pallie à mes nombreuses absences au sein du cocon familial. La vie d’élu demande de gros sacrifices sur le plan personnel et familial. De plus, et heureusement, la loi encadre le cumul des mandats. Nous sommes nombreux à être maires et conseillers départementaux.
– Comment procédez-vous pour préparer vos dossiers de conseiller départemental alors que les fonctions de maire sont si prenantes ?
Chaque conseiller de la majorité est responsable d’un domaine et travaille avec des techniciens spécialistes de ce domaine. Les projets finalisés sont présentés d’abord à l’exécutif, puis en commission, pour enfin être votés soit lors d’un « conseil permanent », soit en « session ».
– Sauf erreur le budget total du Conseil départemental étant d’environ 914 millions d’euros, dont 115 millions d’euros d’investissement, comment pouvez-vous vous pencher sur ces dossiers alors que déjà le budget d’une commune est si ardu à défendre ?
Un maire se doit de prendre le temps car les dossiers liés à la fonction de maire sont étroitement liés à ceux de la fonction de conseiller départemental. Les compétences s’imbriquent : scolarité, routes, social, syndicats, aides financières, …
La lecture et la compréhension d’un budget communal ne sont pas si complexes. La difficulté est dans l’écriture comptable qui peut paraître indigeste. Au-delà du budget, ce qui est très important quand vous gérez une commune de la taille de Villefranque, c’est de s’appuyer sur des élus avec des compétences professionnelles qui rejoignent la gestion de la vie publique.
J’ai autour de moi, pour la partie budgétaire, deux banquiers et un expert-comptable ; pour la partie travaux, un conducteur de travaux TP et un ingénieur bâtiment ; pour la partie école, deux professeurs des écoles ; pour la partie réseaux, un employé d’Enedis et un employé de Suez ; deux agriculteurs pour la gestion des baux agricoles…
Quand on est maire, il est impératif de déléguer !
– Combien y a-t-il de commissions et, si elles existent, combien y a-t-il de membres ? avez-vous le temps d’y participer ?
Il y a six commissions. Je fais partie de la troisième commission. Je participe à toutes ses réunions. Il y a environ 8 membres par commission.
– À quelle fréquence vous réunissez-vous ? Combien y a-t-il de réunions plénières par mois ou par an ?
Il y a une commission permanente tous les mois, alternativement à Pau et Bayonne, puis quatre sessions (une par saison) auxquelles participe la presse. Il y a une commission thématique avant chaque commission permanente ou session. (Environ 12 par an). Ensuite, au quotidien, les élus gèrent l’avancement, avec les services, des dossiers en responsabilité. Puis nous représentons le CD64, dans de nombreuses instances (Syndicats, instituts, assemblées générales, conseils d’administrations…).
– Combien d’agents travaillent au sein du Conseiller départemental ?
Le conseil départemental compte environ 2400 agents, dont 1500 administratifs.
– Enfin, êtes-vous libre d’agir ou votre action est-elle conditionnée par une logique de parti ?
Jean Jacques Lasserre est un homme qui délègue et qui donne sa confiance à ses élus. Il est épaulé par 12 vice-présidents, puis par des délégués, chacun menant sa partie, en cohérence avec les visions de la majorité. Il est, à mon avis, plus facile de s’exprimer au Conseil départemental qu’à la CAPB, vu la taille de notre agglomération, et ses nombreuses petites communes, qui parfois, n’osent pas s’exprimer.
– Comme maire, selon nos informations, vous touchez environ 2 000 € bruts et 2 575 € bruts comme conseiller départemental. Estimez-vous être raisonnablement rémunéré ou est-ce insuffisant compte-tenu du travail demandé pour l’ensemble de vos fonctions ?
Je suis correctement rémunéré (1 500 €/net pour la partie maire et 2000 €/ net pour la partie conseiller départemental). Je ne me suis jamais engagé dans la vie publique pour des raisons financières. Les salaires des élus sont encadrés par la loi. Je tiens, quand même, à souligner les responsabilités d’un maire et d’un conseiller départemental, avec tous les tracas du quotidien, les dossiers, la semaine comme le week-end, parfois à n’importe quelle heure.
Dominique DE LA MENSBRUGE

Franchise et dialogue au programme
Le maire de Villefranque, Marc Saint-Esteven, dans l’entretien qui précède, répond avec la franchise que RamDam souhaite avoir avec les élus. Aucun pilori ne sera dressé jeudi soir dans la salle qui accueillera les sympathisants de RamDam à la maison des Associations de Biarritz à partir de 18 heures.
Il y aura de l’ironie bien sûr dans notre présentation, car sinon RamDam ne serait pas RamDam, mais surtout une volonté de dialoguer, d’échanger, de comprendre.
Plusieurs élus nous ont promis qu’ils seraient là, prêts à prendre la parole et à s’expliquer. Qu’ils en soient remerciés, en espérant que vous serez nombreux pour leur poser des questions.