À Pau, la villa Clermont a été vendue à un promoteur bordelais pour 100 000 €, alors qu’un Palois proposait 350 000 € pour l’acquérir… Bizarrement, personne ne s’en souvient !
« Dire cela, c’est de la démagogie ! » s’étrangle Jean-Louis Peres, premier adjoint chargé des Finances et des Affaires juridiques à la mairie de Pau, quand Ramdam lui rappelle qu’un manque à gagner de 250 000 € correspond à 10 ans de travail d’un employé au SMIC, cotisations sociales incluses.
Les petits salaires apprécieront.
Propriété de Pau Béarn Habitat, la Villa Clermont a-t-elle été bradée ou cédée à des petits copains ?C’est une question que le restaurateur Benjamin Lauer peut légitimement se poser. Ce Palois était en lice pour faire l’acquisition de cette bâtisse du XIXe siècle, abandonnée depuis au moins une décennie. Il accepte le prix de 350 000 € proposé par Pau Béarn Habitat, avant de découvrir presque par hasard, qu’il a été évincé et que la bâtisse a finalement été vendue pour… 100 000 euros! Voilà de la gestion municipale de haut vol ou on ne s’y connaît pas !
250 000 € de manque à gagner pour le citoyen palois ! Difficile d’imaginer que nos élus dont le respect de l’argent public est le premier devoir, aient permis cela. Aussi, avons-nous rencontré Benjamin Lauer, l’acquéreur potentiel à 350 000 €. Le dossier qu’il nous a communiqué nous a fait tomber de la chaise de son bar, vous voyez le danger.
Le contagieux Alzheimer palois
La décision de vendre au promoteur bordelais CIR (Compagnie Immobilière de Restauration) pour 100 000 € fut décidé lors du Conseil d’administration de Pau Béarn Habitat (PBH), tenu le 4 juin 2021 sous la présidence de son Directeur Général, Olivier Subra : « Quelques promoteurs se sont positionnés également sur cette villa mais n’ont pas donné suite ou n’avaient pas une capacité financière suffisante pour mener à bien le projet. »

Lors de cette réunion, outre Olivier Subra qui présentait le projet de cession à CIR, étaient aussi présents Josy Poueyto et Jean-Louis Peres, tous deux membres du Conseil d’administration de Pau Béarn Habitat. Aucune mention de l’offre de Benjamin Lauer, se portant acquéreur pour 350 000 €, n’est évoquée. Amnésie totale et généralisée.
Pourtant, dès 2019, deux ans auparavant, Benjamin Lauer avait pris contact avec Olivier Subra Directeur Général de PBH. Après la visite des lieux par son architecte, à son tour, le restaurateur palois se faisait accompagner par du personnel de Pau Béarn Habitat et se rendait sur site.

Le 22 avril 2020 il présentait une première version de son projet qu’il adressait parallèlement, le 9 juillet 2020, au Groupe Foncier (groupe de travail gérant le patrimoine de la ville de Pau). Ce même jour, le prix de 350 000 € était confirmé par mail.
Le 22 janvier 2021 le Groupe Foncier demande quelques modifications pour son projet, et le 11 mars 2021 Benjamin Lauer, son deuxième projet peaufiné, demande par mail une réunion pour le présenter.
Aucune réponse et pour cause : l’Alzheimer palois vient de frapper. Ni Jean-Louis Peres ni Josy Poueyto ne se souviennent du projet de Benjamin Lauer et encore moins Olivier Subra, destinataire de tous les échanges avec le potentiel acquéreur prêt à débourser 350 000 €. Aussi, en déplorant comme il se doit le manque d’entrepreneurs intéressés (ou oubliés), le 4 juin 2021 la villa Clermont est bradée pour 100 000 € au soi-disant seul promoteur intéressé par cette acquisition.

« Monsieur le président évoque la qualité architecturale du bâtiment ainsi que la beauté de l’espace vert qui l’entoure et regrette de devoir vendre ce bien à un prix qu’il juge bas …. Monsieur Subra précise que vu l’ampleur des travaux, Pau Béarn Habitat ne peut trouver d’acquéreur sur le marché palois. …..Madame Poueyto et monsieur Peres s’accordent sur la beauté …. Au nom de l’intérêt général ( NDLR 250 000 € de perte) ils souhaitent que ce bâtiment soit vendu pour être rapidement réhabilité ( NDLR à l’abandon depuis 2013 il est temps de se presser) »
Voilà François Bayrou à son tour frappé par cette inquiétante épidémie d’amnésie collective ! Questionné par Benjamin Lauer, le maire lui répond : « Je regarde et je vous rappelle » ce qu’il oubliera de faire…
Dieu merci, nos vaillants administrateurs de PBH retrouvent la mémoire, mais trop tard. Le 22 juillet 2021 ils se souviennent du restaurateur palois pour lui annoncer que son offre n’a pas été retenue (ou ignorée ?). Sympa de l’avoir laissé bosser lui et son architecte pour l’envoyer sur les roses. Mais la maladie, vous savez ce que c’est.
Une enchère pas chère
D’ailleurs, comment ce promoteur bordelais, CIR, a-t-il eu connaissance de cette opportunité ? Quelle fut la publicité faite par PBH de cette vente ? Questionné, Jean-Louis Peres ne s’en souvient pas très bien ; « il ne sait pas très bien ce que fait Pau Béarn Habitat » dont il est membre du Conseil d’Administration rappelons-le.
Peut-être par le bouche-à-oreille ? Benjamin Lauer a appris cette vente tout à fait incidemment lors d’un repas avec un conseiller municipal. Interrogé par Benjamin Lauer un grand promoteur de Pau ignorait totalement cette mise en vente, car « il se serait porté lui-même acquéreur à 350 000 € ». Apprenant que la villa a été bradée à 100 000 €, ce promoteur expérimenté a failli en tomber de sa chaise.
Mais tout cela pour Jean-Louis Peres « c’est peu de chose par rapport au montant très important des travaux » C’est bien vrai, sauf que les 250 000 € que la ville y laisse, le promoteur lui, les gagne et allège d’autant le « montant très important des travaux. » Pourquoi lui et pas un autre ? That’s the question !
Nous avons alors suggéré à Jean-Louis Peres ne nous rencontrer en présence de Benjamin Lauer. Non, il ne préfère pas, « parce qu’il le connait », mais il n’en dira pas plus. Donc on voit que la guérison est en bonne voie, il se souvient bien de lui à présent.
Malgré un échange téléphonique de plus de 20 minutes, où l’expert-comptable Jean-Louis Peres nous a répété en boucle que « tout est clair », nous maintenons bêtement notre calcul arithmétique, certes simpliste, mais irréfutable : si, pour un bien que tu peux vendre 350 000 €, tu ne reçois que 100 000 €, qui est gagnant et qui est perdant dans l’opération ?
Certainement pas les Palois !
Michel GELLATO
J’imagine que pour 100000 €, le promoteur bordelais a également tout le terrain autour et en plus, on ne sait rien sur le projet. Cherchez l’erreur ? Peut on obtenir les critères du « cahier des charges » et le PV des avis du CA ?
J’aimeJ’aime
Bonjour Monsieur Larroudé,
le PV des avis du CA de PBH : nous avons reproduit que les extraits (de mauvaise qualité joints).
Quant au cahier des charges, bien qu’il y ait aussi des interrogations, sauf alourdir le texte, nous pensons que le pb principal est la différence de 250 000 €
Cordialement
MG
J’aimeJ’aime
C’est comme à Biarritz : offre à 700 000€ pour chalet Biarrot vendu 500 000€ seulement (au seul choix de la municipalité). Qui dit mieux ? Pau et Biarritz gèrent le bien de leurs administrés de drôle de façon. Il faut éviter de leur laisser ce genre de négociation à mener… Ne croyez vous pas ?
G. Malabat
J’aimeJ’aime
Et on pourrait rappeler, en 2017, l’affaire des écurie de Bigueyrie où l’offre d’un promoteur local avait été écartée.
J’aimeJ’aime
Bonjour,
Un peu de lecture pour se détendre…
Deuxième enquête nationale relative à la prévention de la corruption dans le secteur public local.
19 avril 2022
Conformément à la mission confiée à l’AFA par le législateur et en application du plan national pluriannuel de lutte contre la corruption 2020-2022, l’AFA vient de réaliser une deuxième enquête nationale relative au déploiement des dispositifs anticorruption dans le secteur public local. Cette enquête a porté sur les 34 965 communes, 95 départements, 1 253 établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre et 9 065 syndicats, 95 centres de gestion, 237 Offices publics de l’habitat et environ 1 300 entreprises publiques locales.
Deuxième enquête nationale relative à la prévention de la …
https://www.agence-francaise-anticorruption.gouv.fr › …
Guy Vanmeulebroucke
J’aimeJ’aime