« Le Journal du Dimanche » de Vincent Bolloré décide des grands et des petits candidats. Au mépris de toute démocratie.
Si la presse écrite n’a pas les obligations de la télévision, tenue les quinze derniers jours à une stricte égalité du temps de parole entre tous les candidats, les quotidiens et hebdomadaires nationaux, jusqu’en 2017 au moins, veillaient à se montrer équitables. Un journal comme « Sud Ouest » applique une stricte équité, mais ce n’est visiblement plus le cas du « Journal du Dimanche » dont l’actionnaire majoritaire, via le groupe Lagardère, est… Vincent Bolloré. Pour décortiquer les programmes de ceux qui rêvent de l’Élysée, l’influent hebdomadaire parisien a décidé de se contenter de… huit candidats sur les douze prévus.
Les plumitifs de Bolloré ne peuvent même pas invoquer les sondages, ce qui constituerait un argument fort détestable, puisqu’une page avant, un croquis sur les intentions de vote des Français nous apprend qu’Anne Hidalgo est toujours en dixième position, ce qui ne l’empêche pas d’être invitée, tandis que Jean Lassalle (8e), et Nicolas Dupont-Aignan (9e), tous comme les deux candidats d’extrême-gauche, ne sont pas conviés à détailler leurs programmes.

Depuis quand, ce sont les journalistes qui décident de la démocratie et déterminent les « grands » et « petits » candidats ?
Jean-Yves VIOLLIER

La santé de la planète attendra… la fin des élections
Un site Internet ne coûte quasiment rien à faire, Jamais Trop de RamDam en est la preuve, mais les mauvaises habitudes ont la peau dure. Vous pouvez parcourir tout le web, vous ne trouverez pas de site officiel sur la présidentielle de 2022 où vous pourriez retrouver tous les programmes détaillés des candidats et pourquoi pas un clip de campagne de même durée pour tous, où chaque candidat pourrait détailler ses objectifs prioritaires sans être « pollué » par les questions des journalistes, tellement déférents quand ils ont en face d’eux le Président de la République et tellement pugnaces quand il s’agit d’un candidat plus modeste.
Comme au siècle précédent, les Français vont recevoir dans leur boîte à lettres les professions de foi et bulletins des candidats en version papier, courriers que la plupart n’ouvriront même pas. Il aurait pourtant été simple pendant le dernier quinquennat de demander à tous les Français désireux d’économiser les ressources de la planète de s’inscrire en ligne pour recevoir par numérique tout ce matériel électoral.
La remarque vaut aussi pour les magazines municipaux en version papier, magazines aux coûts souvent astronomiques. Alors que la plupart des mairies offrent la possibilité de les lire en ligne, les versions papier devraient être réservées à ceux qui n’ont pas Internet ou aux personnes âgées. Les années passent et les mauvaises habitudes perdurent, alors que cette économie serait tellement simple à réaliser. Il est vrai aussi que les imprimeurs « amis » des mairies ont très souvent contribué au financement des campagnes électorales, comme Jacques Darrigrand, l’ancien patron d’Atlantica, l’avait fait en 2014 à Biarritz avec Michel Veunac. Ceci explique sans doute cela.

À Biarritz, une élue d’opposition agressée en public : la mairie botte en touche
Gros malaise, lors de l’écoute du dernier conseil municipal (1er avril) à Biarritz. Corine Martineau, élue d’opposition, et Maïder Arostéguy ne sont visiblement plus sur la même longueur d’ondes, ce qui est leur droit. La première magistrate estime qu’il faut louer le salon Diane du casino municipal et prendre les 120 000 minimum de recettes annuelles, quand la deuxième s’étonne des conditions de l’appel d’offres. (débat à écouter entre 1h08’ et 1h20’)
Mais un maire devrait s’abstenir de déclarations du genre « Je n’ai jamais entendu une intervention aussi lamentable » et botter en touche, à la Didier Borotra, en affirmant « Je ne répondrai pas à vos questions ». Avant de lancer, perfide : « Si vous vous comportiez comme une élue responsable et digne de ce nom, il ne vous arriverait pas ce qui vous arrive en ville ».
Corine Martineau s’était en effet étonnée, lors du conseil municipal du 31 janvier, que l’on consacre 45 000 euros d’argent public à une exposition consacrée à Brigitte Kardesh, « au lieu de regrouper plusieurs artistes basques ». Faisant ses courses aux docks de la Négresse, il y a douze jours, Corine Martineau s’est retrouvée nez à nez avec Brigitte Kardesh, une grande amie de Maïder Arostéguy qui affiche dans son bureau un tableau de l’intéressée.

Le ton est monté très vite devant des Biarrots médusés. Brigitte Kardesh : « Toi, fais gaffe à ce que tu dis. Tu n’es qu’une idiote. Tu n’es qu’une merde ! », tandis que l’élue d’opposition tentait de dire qu’il était normal de veiller sur l’utilisation de l’argent public. La violence verbale était telle que Corine Martineau est allée porter plainte au commissariat. Mais la majorité municipale n’a pas eu un mot pour soutenir l’élue agressée, ce que n’a pas manqué de souligner Nathalie Motsch.
On a connu périodes plus élégantes.