Un ticket Bruno Le Maire-Nathalie Motsch aux législatives dans la VIe circonscription ? RamDam vous révèle les basses manœuvres politiciennes derrière cet étrange attelage.
Le talent en politique, c’est d’avoir deux coups d’avance, quand le commun des citoyens est bien content lorsqu’il en a un. Lorsque la très informée Marquise de Vérité annonce dans La Semaine du Pays basque (4/3) que notre ministre des Finances Bruno Le Maire envisage de se présenter dans la sixième circonscription aux législatives, en compagnie de… l’UDI Nathalie Motsch, on se frotte les yeux, en se disant que notre vieille Marquise est devenue un peu gâteuse, puisque l’UDI a décidé de soutenir Valérie Pécresse aux présidentielles, tandis que Bruno Le Maire est un LaRem bon teint depuis 2017.
Et c’est là justement qu’interviennent les fameux coups d’avance… Prenez des notes dans cette histoire où vous verrez apparaître successivement Jean-René Etchegaray, Bruno Le Maire, Vincent Bru, Nathalie Motsch et Frédérique Espagnac. Si ce n’est pas du haut du panier tout cela !
Etchegaray décidé à revenir dans le jeu avec l’UDI
Commençons d’abord par le très malin Jean-René Etchegaray. Dès que le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde a annoncé son soutien à Valérie Pécresse, le maire de Bayonne et président de l’Agglo a décidé de prendre des distances avec son parti de cœur. Mais prendre des distances, surtout quand on est un bon centriste, ne signifie pas claquer la porte. Jean-René est juste « en congé », comme on prend ses cinq semaines de vacances annuelles, et plus que jamais décidé à reprendre après la présidentielle le contrôle au niveau du département de son parti de toujours. En effet – et il n’a même pas besoin pour cela d’utiliser la boule de cristal posée sur son bureau – le lehendakari, qui ne cache pas son soutien à Macron, est persuadé que Valérie Pécresse va prendre une claque mémorable aux présidentielles et que l’UDI va se tourner vers le parti présidentiel au moment des législatives.
Le Maire redoute une vengeance des Républicains
Même s’il possède une maison à Saint-Pée-sur-Nivelle, ce n’est pas pour le simple plaisir de respirer le bon air basque que l’actuel ministre des Finances envisage d’abandonner sa circonscription de l’Eure où il avait été facilement élu en 2017. Le Rassemblement national progresse beaucoup plus vite dans son département d’origine que sur la Côte basque, et Bruno sait très bien que LaRem aura beaucoup de mal à remporter les législatives, même si Macron est réélu président. Les Républicains pourraient devenir le premier parti au Palais-Bourbon, entraînant de fait une cohabitation. Dans ce cas-là, il est clair que tous ceux qui ont quitté les Républicains pour le parti présidentiel auront quelque mal à conserver leur fauteuil ministériel. À 53 ans, Bruno Le Maire, trop occupé pour choisir tout seul la dame de son cœur, a donc sollicité ses réseaux locaux pour lui trouver une « fiancée politique » présentable qui lui permettrait d’élargir son socle électoral. Et c’est ainsi que l’on retrouve Nathalie Motsch.
Motsch fait toujours illusion
Si les relations se sont un peu tendues entre Jean-René Etchegaray et Nathalie Motsch à qui il reproche – On se demande bien pourquoi ! – de ne pas bosser, la fumiste préférée de RamDam garde de sérieux atouts pour séduire un monde politique majoritairement composé de vieux mâles blancs. Intelligente et bonne oratrice, Nathalie a gardé de solides réseaux et a multiplié les appels du pied en direction du parti majoritaire. Après que le nom de Nathalie Motsch lui ait été glissé à l’oreille, Bruno Le Maire a estimé qu’il élargirait son électorat potentiel en prenant comme suppléante la déléguée départementale de l’UDI, qui aurait de fait toutes les chances de siéger au Palais-Bourbon si l’actuel ministre des Finances était reconduit dans ses fonctions.

À RamDam, on espère simplement que les réseaux locaux vont alerter le très bosseur Le Maire sur les capacités plus que limitées de sa future suppléante. Surnommée « L’éolienne » pour sa propension à faire du vent lorsqu’elle était adjointe à l’Urbanisme de la mairie de Biarritz, Nathalie Motsch s’est distinguée par une désinvolture hors du commun avec ses mandats, que ce soit dans l’opposition municipale à Biarritz ou à l’Agglo (vingt minutes de présence au total lors des cinq derniers conseils communautaires, qui dit mieux ? ) Comment imaginer que soudainement visitée par la grâce, elle deviendrait une députée bosseuse et impliquée sur le terrain, après avoir hissé la désinvolture et la fumisterie au rang d’œuvre d’art depuis ses débuts politiques en 2008 ?
Bru planqué derrière… Espagnac
Reste enfin le cas du cocu de service lors de cette somptueuse manœuvre, presque aussi tactique que l’encerclement de l’Ukraine par les chars russes. Certes Vincent Bru a le charisme d’un bigorneau, ne répond jamais aux courriers qu’on lui adresse et fuit le contact avec ses administrés, mais il se montre présent à l’Assemblée. Il faut donc lui trouver un lot de consolation pour qu’il cède sa place sans trop rechigner. L’idée actuelle est de lui proposer de devenir sénateur. Mais comme il n’a vraiment pas l’étoffe d’une tête d’affiche, on lui offrirait une place de numéro deux, derrière… Frédérique Espagnac. L’ancienne porte-parole de François Hollande et actuelle compagne de Jean-Baptiste Lemoyne est toujours officiellement socialiste, mais, préférant la survie à l’idéologie, elle est visiblement prête à entrer en Macronie pour pouvoir continuer à pantoufler au Palais du Luxembourg.
Pauvre Côte basque qui, après avoir eu un député qui ne répondait jamais à ses administrés, risque de se retrouver avec une dilettante jamais présente ! Quant à ceux qui croient encore que la politique est avant tout une affaire de convictions et de fidélité à son parti, qu’ils lèvent la main !
Jean-Yves VIOLLIER