François Bayrou bien dans ses baskets

L’équipe de basket de Pau, l’Élan Béarnais, constitué en SEM (société d’économie mixte), est un gouffre financier pour le citoyen. François Bayrou a-t-il réussi un bon « plan » en le cédant aux Américains ?

Des deux offres de reprises, il ne fallait pas être grand devin pour deviner quelle proposition aurait la grâce de notre François Bayrou. Déjà, Olivier Dartiguolles, conseiller municipal d’opposition de Pau, nous  avait confié : « des investisseurs locaux (les frères Darnauzan) ont un projet mais pas l’oreille de Bayrou ».

Effectivement, la première proposition, venait des frères Darnauzan, anciens basketteurs, qui projetaient de reprendre l’Elan pour poursuivre son activité sportive en espérant, bien sûr, la développer et retrouver le lustre d’antan. Bref, proposition classique, sans originalité, pour tout dire trop Béarnaise pour un homme politique que le monde entier nous envie.

La seconde offre, par contre, est américaine et émane de CSG (Couterpoint Sport Group). Que les Américains parlent de Pau, ça ne peut faire que plaisir. D’autant que pour la présentation de leur projet, ils n’ont pas mesuré la pommade.

« Pau est le club idéal, dans la ville idéale, pour créer un modèle de transformation durable » « l’Elan Bearnais est stratégiquement positionné au cœur de la communauté de Pau » « Le Palais des sports est la première “cathédrale du basket-ball” en France » « La ville s’est engagée à être neutre en carbone d’ici 2040. » « Les habitants de Pau, la région et la communauté des affaires méritent d’avoir un programme de basket dont ils peuvent être fiers, qui représente les atouts uniques de Pau dans le monde. » «Couverture médiatique nationale et internationale» « Nous avons l’obligation de contribuer à améliorer la vie des gens de la communauté de Pau et de faire notre part pour aider la planète »

Comment ne pas glisser sur tant de vaseline ?

Mais, « pour être véritablement couronné de succès, ce projet doit servir un objectif plus élevé que de simplement gagner des matchs de basket ».  Aussi, cette reprise est adossée à un vaste « projet polyvalent humain », (« team planet » et « team people » qu’es aco ?) mais surtout immobilier appelé « parc technologique climatique » : hôtel de 94 chambres, immeubles résidentiels, restaurant, commerces, terrain de basket (bien sûr) et amphithéâtre de 3000 places. Toujours ce goût immodéré pour l’immobilier que l’on retrouve désormais chez tous les investisseurs sportifs, que ce soit un fonds de pension hong-kongais comme à Biarritz ou un investisseur américain !

L’Élan Béarnais, « entreprise sociale », deviendra « ambassadeur des objectifs de développement durable ». Sont anticipées : 100 manifestations par an au Zenith (1 chaque 3 jours) soit 300 000 entrées ; pour le palais des sports, 50 manifestations minimum par an, (1 par semaine) donc 300 000 autres spectateurs et pour « servir l’ensemble de la communauté, du berceau à la tombe, qu’elle aime ou non le basket. », 500 000 visiteurs minimum dans le « parc technologique climatique »,

Peut-être, chers lecteurs, ce concept emphatique vous dépasse : associer ‘sport’ et ‘développement durable’ n’est pas facile à conceptualiser, mais c’est dans l’air du temps, donc, rassurez-vous, ce verbiage américain, maitrisé par François Bayrou, ce ne peut-être que du bon.

Le Bayrou est fermé de l’intérieur

L’Élan Béarnais, renfloué constamment par la mairie de Pau et l’Agglo, l’actionnaire majoritaire est, du coup, le citoyen, qui aimerait bien savoir ce qu’on fait de ses sous.. Or, pour des raisons mystérieuses, c’est le cas de le dire, toutes les négociations furent tenues secrètes. « secret étant gage de succès » nous a-t-on dit !? Nous nous sommes donc tournés vers nos élus. Surprise, pas un seul ne possédait la moindre information, et pour cause : reçus par Jean Yves Lalanne maire de Billère, celui-ci nous affirme « ce projet n’a jamais été évoqué en conseil des maires ni lors des comités de pilotage de la communauté  »

D’où la question naïve de Ramdam: « Dans ces conditions, comment avez-vous eu connaissance du projet ?» Réponse : « Comme bien souvent ici, par un entrefilet dans ‘la République des Pyrénées’ ». Voilà qui est bien gênant. Si « quand c’est flou c’est qu’il y a un loup », pour RamDam « si c’est caché, faut chercher ». Avant d’attendre que quelque obscure clarté monte de notre étoile François Bayrou, situons le contexte des négociations.

D’abord, seuls notre François Bayrou et Maître David Bonnemason, avocat de l’Elan Béarnais depuis 2008 ont cornaqué les discussions avec CSG. De surcroît, Maitre Bonnemason est le nouveau président de l’Elan Béarnais depuis que le précèdent, Monsieur Didier Rey, maire de Lacq, ait démissionné déclarant « ce projet je n’y ai pas été et je n’y suis toujours pas associé » Dommage ! Monsieur Rey, ancien président, n’aurait-il pu être de bon conseil ? Si la présence d’un avocat est certainement une bonne idée, Maître Bonnemason n’est pas un élu.

Des exigeants de bien

CSG a quelques exigences : d’abord, une « rénovation entièrement durable (et fonctionnelle) du Zénith et du palais des sports, première “cathédrale du basket-ball” en France », à la charge de qui sinon de la ville  « Un terrain lui a été cédé  [à CSG] à proximité du Palais des sports » pour situer l’hôtel, le parc, les commerces prévus, etc..  mais aussi un parcours environnemental » (ref la république des Pyrénées)

Bizarrement dans ce projet, les Américains ne parlent pas de « sous » et pour cause : financer ce projet se fera par un mode de « Finance inclusive » afin de « démocratiser l’accès à la propriété des actifs sportifs » « la communauté devrait avoir la possibilité de faire partie du groupe de propriétaires ».

Actuellement, la communauté (mairie de Pau et Agglo) étant actionnaire majoritaire, il semblerait que rien ne change. Erreur. ! les actifs CGS seront vendus « sous la forme d’une action numérique, un STO, “security token offering”, au lieu d’une action normale ». Un STO? Très simple c’est “un actif financier « tokénisé, [un jeton] digitalisé qui permet d’effectuer des transactions quasi-instantanées. » (pour faire des paris pendant le match ?)

La blockchain des Pyrénées

Nouveau et intéressant, ces « actions numériques [sont] basées sur la blockchain » : « une technologie qui permet aux propriétaires d’actifs de suivre et d’échanger des éléments financiers dans une « chaîne » de transactions sécurisées, transparentes et privées »

Un exemple pour bien comprendre : prenons le cas d’une transaction entre deux personnes : le vendeur d’un actif et un acheteur potentiel. Dans les transactions traditionnelles, il faut une tierce entité (banque, notaire etc.. ) qui garantisse la sincérité de la transaction. Avec la blockchain, plus de problème : les deux rentrent dans la blockchain, le transfert est immédiatement exécuté en cryptomonnaie (le « Token ») pour éviter d’autres intermédiaires (banque, agent de change ..) Ainsi, la transaction n’est connue que des intéressés, et invisible aux extérieurs de la blockchain.

Est-ce pour cela qu’un si grand secret fut entretenu ?

Maintenant que vous savez tout, espérons que nos représentants François Bayrou et Maître  Bonnemason sont experts en blockchain et ne vont pas se faire « cryptofariner ». Car, si les citoyens ne cautionnent pas le résultat, existe-t-il une possibilité de marche arrière ? Par exemple, revenir au projet des frères Darnauzan ?

Enfin, si dans l’avenir, changer de bons euros en « Tokens » n’inspire pas vraiment et si les beaux rêves d’attirer des capitaux « cryptocapotent », qui paiera, avec des bons euros cette fois-ci, les installations laissées à l’abandon, l’hôtel de luxe vide, les commerces désertés …

Un nouvel emprunt russe ?

Michel GELLATO

2 commentaires

    1. Cher Monsieur,
      Effectivement, nous n’avons pas développé la proposition des frères Darnauzan, et pour cause : comme les tractations avec les Américains se faisaient dans le plus grand secret, en réaction, les frères Darnauzan ont refusé de révéler les détails de leur propre projet.
      La seule info est qu’ils voulaient reprendre l’Elan Béarnais « en adaptant ses racines puissantes à l’époque actuelle pour qu’elles puissent s’épanouir pleinement, mais surtout durablement » et qu’ils avaient « le soutien d’un investisseur majeur. »
      Avec ça ……
      Cordialement
      MG

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