Largement battue et n’ayant pas rédigé ses bulletins correctement, la liste « Un nouveau souffle pour Arbonne » se voit remise en selle par le tribunal administratif. La mairie a décidé de faire appel de la décision.
C’est l’histoire d’un cambrioleur qui s’introduit nuitamment dans une maison. Alerté par un bruit insolite, le propriétaire découvre l’intrus et le rosse d’importance. Blessé, le visiteur de la nuit porte plainte. N’ayant eu le temps de rien voler, il subit un simple rappel à la loi pour sa tentative de cambriolage et obtient des dommages et intérêts pour ses blessures. Toutes proportions gardées, c’est un peu ce que vit Arbonne actuellement : un jugement du tribunal administratif a annulé, le 22 septembre dernier, l’élection qui avait reconduit Marie-José Mialocq et son équipe à la tête de la mairie en raison d’une faute commise… par la liste adverse.
Marie-José Mialocq : « Une histoire de fous »
Chef de file de l’opposition, Beñat Arla admet sans détour l’erreur commise : « Nous avons mal lu le guide électoral et avons fait une erreur dans la rédaction de nos bulletins ». En effet la nationalité espagnole du candidat numéro 5 de cette liste aurait dû être mentionnée comme le prévoit la loi. « La sincérité du scrutin a été altérée, estime le candidat fautif et pas gêné. On ne peut pas balayer d’un revers autant d’électeurs qui se sont déplacés en période Covid ».

« C’est une histoire de fous, répète en boucle Marie-José Mialocq qui reçoit RamDam 64-40 en sa mairie en compagnie de quatre de ses colistiers. Dès que j’ai constaté l’irrégularité des bulletins de la liste de Beñat Arla, j’ai immédiatement téléphoné à la préfecture qui m’a demandé de comptabiliser ces votes comme nuls. Comme tout le monde est d’accord sur le chiffre de 416 voix obtenues par cette liste, notre avocate a proposé au tribunal administratif qu’on valide ce résultat car nous sommes très favorables à ce qu’il y ait une opposition au sein du conseil municipal ».

L’élue semble touchée par la suspicion que fait peser sur elle le jugement du tribunal administratif : « J’ai lu et relu ce jugement et je ne le comprends pas. Je me suis conformé en tous points à ce qu’on m’a dit de faire et je vois dans la décision du tribunal administratif une sorte de prime à l’incompétence de la liste adverse ».
Les colistiers de Marie-José Mialocq évoquent la gêne dans la gestion municipale provoquée par la perspective d’une nouvelle élection : « On a un gros projet autour de l’école. On peut le préparer mais pas le budgétiser pour le moment, faute de visibilité. »
Beñat Arla : « Nous ne sommes pas en Corée du Nord ! »
Beñat Arla qui se définit dans Sud Ouest comme un candidat « Arbonazale et non abertzale », triomphe sur sa page Facebook « Un souffle nouveau pour Arbonne » (https://www.facebook.com/pourarbonne2020/
) et se montre persuadé pouvoir remporter la future élection : « Le temps de la gouvernance autocratique peut enfin se terminer et donner place à une gestion de village démocratique ». Au téléphone avec RamDam, le candidat oublie totalement sa propre erreur pour enfoncer encore et encore le clou : « On est en France. Pas en Afrique noire ou en Corée du Nord ! »

Qu’on rassure tout de suite les inquiets et les électeurs arbonars qui nous ont contactés en avouant ne pas comprendre grand-chose à ce qui se passe actuellement dans leur village : lors de notre reportage, nous n’avons pas croisé de missile balistique intercontinental sur la grande place du village.
RamDam 64-40 attend pour sa part avec impatience les résultats de cette nouvelle élection pour savoir à qui les électeurs vont donner raison dans cette cacophonie ambiante. Pas de doute possible, ce serait un joli hold-up, presque le casse du siècle, si Beñat Arla profitait d’une erreur initiale sur ses propres bulletins pour s’emparer quelques mois plus tard de l’écharpe tricolore !
Jean-Yves VIOLLIER
Une situation insoluble pour un maire sortant
Le commentaire du vieux sage de RamDam 64-40.
Cet imbroglio juridique a le mérite de mettre en lumière la situation de conflit d’intérêts dans laquelle se trouve placé de facto le maire sortant responsable de la bonne organisation des élections mais qui est aussi candidat à sa réélection. Dans le cas présent c’est non pas la candidate qui est sanctionnée mais la première magistrate chargée de la tenue réglementaire du scrutin. Sans doute soucieuse d’éviter aux Arbonars la lourdeur d’un nouveau scrutin, la décision du maire de faire appel du jugement du tribunal administratif peut se justifier.
Dominique LAPIERRE

Klaxon à Ramdam !
Jésus, Marie-Josèphe !!! Voilà une analyse de Ramdam qu’on pourrait ne pas partager au vert et arrosé royaume de Bavards. Dans cette affaire, plus que les coups de bec échangés entre les parties, ce qui est en cause semble être le pointillisme de nos textes de loi, que personne ne peut manier sans risque de se tromper. Franchement en quoi le fait d’oublier de préciser la nationalité d’une personne de nationalité espagnole, vivant au village depuis de longues années et candidate en 5ème position d’une liste, soit une cause d’annulation de 40 % des bulletins de vote de ladite ville…
L’excès d’administration est à l’origine de ce problème.
En pareille circonstance stigmatiser l’une des parties est une action à charge. Elle me semble malvenue dans un contexte d’élections à peut-être refaire. Qu’en pensent les limiers de Ramdam ?
Guy AUBERTIN
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Cher Guy,
Je suis bien évidemment d’accord avec la première partie de ton analyse. L’excès d’administration est bien à l’origine du problème et la maire sortante n’avait aucune solution possible face à l’erreur de la liste adverse.
En revanche, en tant qu’auteur de ce papier, j’assume complètement mon parti-pris et ce que tu considères comme un papier à charge. J’ai écouté les deux parties. je suis toujours un peu gêné quand un candidat qui aspire à la fonction de maire m’explique qu’il « n’a pas lu le guide électoral jusqu’au bout« . Si je commets une erreur en tant que journaliste (et comme tous mes confrères, cela m’est arrivé souvent), je rase les murs. Je n’ai pas du tout aimé que Monsieur Arla parle d’attentat démocratique, d’altération de la sincérité du scrutin ou d’une ville qui ressemble à la Corée du Nord, alors qu’il est à l’origine de l’erreur.
C’est en cela que le jugement du tribunal administratif est étonnant. Tu me connais et tu sais que je ne serai jamais candidat à quoi que ce soit. Mais imagine que je sois un opposant et que j’ai le sentiment à quinze jours d’un scrutin municipal que je suis en mesure de gagner si je bénéficie d’un délai supplémentaire de quelques semaines. Je fais délibérément une erreur sur mon bulletin, le tribunal administratif annule l’élection et je peux repartir en fanfare pour une nouvelle campagne.
Lorsque je suis allé à la mairie d’Arbonne avec Michel Gellato, c’était la première fois de ma vie que je rencontrais Madame Mialocq. Mais je fais tout à fait mien son commentaire sur le jugement du tribunal administratif : « C’est une prime à l’incompétence« .
Comme tu peux le vérifier, cher Guy, comme au temps où nous étions ensemble à RamDam, nous n’avons perdu ni l’un ni l’autre le goût des débats. Continue ton travail formidable sur la Côte basque, à ta façon qui n’est pas la mienne ce qui ne l’empêche pas d’être tout à fait respectable, et sois sûr de mon amitié.
JYV
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Pas du tout d accord avec votre analyse! Je pense que tout le monde à Arbonne devait savoir que le mis en cause était d’origine espagnole et la maire elle s’est aperçu après le vote que le bulletin n’était pas conforme. Qui nous dit quelle ne l’avait pas vu avant ! Je trouve tout à fait logique ce jugement et que les électeurs doivent revoter. Un peu trop facile d’éliminer 416 bulletins pour une faute infime!
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Bonjour Ketty,
Tout d’abord, merci pour votre envoi qui permet de nourrir le débat citoyen. Nous souhaitons simplement au sein de Jamais Trop de RamDam que chacun écrive à visage découvert et nous vous demanderons donc lors de votre prochain commentaire de le signer, l’anonymat étant la plaie des réseaux sociaux.
Pour répondre à votre commentaire, je vais commencer par vous raconter une histoire. Lorsque je jouais au rugby, il nous arrivait de deviner qu’un adversaire jouait sous fausse licence. Bien entendu, si nous avions perdu le match, nous posions réclamation pour tenter d’inverser le résultat. Vous parlez d’une « faute infime« . Je ne partage pas votre point de vue, la connaissance du code électoral étant tout de même la moindre des choses à attendre d’un candidat à la mairie.
Malgré notre rencontre avec Madame Mialocq, je n’ai pas bien compris si la maire sortante avait réalisé dès le matin que les bulletins étaient irréguliers. Mais que pouvait-elle faire? Si elle avait empêché les gens de voter, tout le monde aurait crié au scandale. Comme tous les maires de France dans pareille situation, elle a appelé la préfecture qui lui a demandé de compter comme nuls les bulletins. Bien sûr, il est préférable dans un conseil municipal d’avoir une opposition pour aiguillonner la majorité. Ce que l’équipe en place a proposé au tribunal administratif. Mais ce qui me gêne le plus dans cette affaire, c’est l’arrogance d’un candidat qui s’est planté dans les grandes largeurs mais qui crie au loup et tisonne les braises en espérant renverser la table lors de la prochaine confrontation électorale.
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