Suite au verdict de la Cour d’appel, la rue de la Négresse devient rue de l’allégresse. Mais la demande par des élus de la majorité d’un vote à bulletins secrets montre bien à quel point certains se sont planqués sur ce dossier.
Avec l’aide de son équipe de communication et de son cabinet, Maider Arosteguy avait préparé quelques phrases ronflantes pour souligner à quel point elle déplore la décision de la Cour d’appel de Bordeaux l’obligeant à changer l’appellation La Négresse, « une affaire qui touche notre ville, notre histoire, notre cohésion ». Avant d’adresser un vibrant hommage à ses électeurs « une population qui vit dans un esprit d’accueil et de mixité… Non les Biarrots ne sont pas racistes ! »
Pour affirmer cela, l’équipe municipale en place ne doit pas avoir eu le temps de lire les réseaux sociaux et la page Facebook de « Mémoires et Partages » où des Biarrots parfaitement identifiables ont invité les mécontents à rentrer chez eux, se sont offusqués de voir Karfa Diallo porter un béret basque ou ont commenté d’un détestable « ça donne envie » une photo de sortie de tribunal montrant des Français d’origine africaine se réjouissant du verdict .
Et comme si ça ne suffisait pas, la maire de Biarritz a dû annoncer à une assistance un peu ébahie que les panneaux portant le nom de La Négresse ont été volés le jour même et que les services municipaux n’y sont pour rien.
Une opposition toujours aussi dispersée
Maladresses en cascade, récupération politique, dépenses inutiles d’argent public en se portant en cassation… Face aux errances de la majorité c’était le moment ou jamais pour l’opposition de jouer groupé. Mais fidèle aux traditions de Biarritz, chacun y est allé de son petit numéro de soliste.
C’est Guillaume Barucq, partisan du maintien du nom La Négresse, qui ouvre le bal : « Vous cédez à la pression des censeurs qui vous ont déjà fait effacer la baleine de notre logo. On capitule en acceptant cette décision injuste de la Justice ».
Jean-Baptiste Dussaussois-Larralde se montre plus politique. Il reproche à Maider Arosteguy son double jeu et s’étonne de la voir encore parler de recours au Conseil d’état, histoire de cajoler les Biarrots en colère. La défaite en Cour d’appel est la « conséquence d’une énième mauvaise gestion de ce dossier. Vous auriez pu trouver un accord avec l’association « Mémoires et Partages » . L’opposant s’étonne que la maire de Biarritz n’ait pas voulu attendre la décision du Conseil d’état. Comme si Maider était prête à devenir inéligible !
Patrick Destizon, contre le changement de nom, souligne « la négligence impardonnable de la Ville » de ne pas avoir recherché avant le procès la délibération municipale de 1861.
Corine Martineau, avec son sens légendaire de la nuance, rejoint un peu Patrick Destizon. Opposée à tout changement, elle se demande « comment peut-on choisir une défense aussi nulle ? Tout a été fait pour que ça échoue ». Avant de finir sur un trait d’humour qui a dû lui valoir de longues insomnies : « Mon choix ne se fait pas dans l’allégresse ».
Nathalie Motsch, très présente depuis peu aux conseils municipaux après avoir quasiment déserté les trois premières années de ce mandat et qui s’agite beaucoup pour monter une liste en 2026, se drape dans une posture républicaine « On est dans un état de droit donc je respecterai la décision de Justice ».
Deux belles interventions et des planqués dans la majorité comme l’opposition
Fort heureusement, deux interventions ont relevé le niveau de cette opposition qui défouraille à tout va sans jamais toucher qui que ce soit.
Richard Tardits, dont on connaît la façon de parler franc, pose enfin la bonne question à ses collègues : « Si on devait renommer ce quartier aujourd’hui, est-ce qu’on le nommerait La Négresse ? Je ne le pense pas » Magnifique réponse à tous ceux qui ressortent du tiroir l’histoire en refusant de voir l’évolution de notre société. Si dans les années 50, un quartier de Biarritz s’était appelé « Quartier des pédés » est-ce que ce nom perdurerait encore aujourd’hui ? Bien sûr que non !
Sébastien Carrère enfin, qui mérite incontestablement le titre de révélation de la mandature tant ses interventions sont pertinentes et réfléchies, s’est montré très touchant avec le récit de ses visites à sa grand-mère qui habitait La Négresse et sa prise de conscience progressive. Jamais il n’aurait imaginé voter un jour pour le changement de nom du quartier de son enfance. Mais l’humain a le droit d’évoluer au lieu de se crisper sur le passé : « Il faut se mettre à la place de son interlocuteur. Ce terme est vécu comme une insulte par certaines personnes. On est tous passés par une belle occasion de sortir par le haut. Je suis légaliste et il faut appliquer cette décision de Justice. »

Un vote à bulletins secrets, tellement révélateur du malaise de la majorité.
Restent tous ceux qui, conscients qu’il n’y avait que des coups à prendre dans ce dossier, se sont bien gardés d’intervenir, ce qui est la négation même de la politique. Énorme surprise, plusieurs membres de la majorité, dont Adrien Boudousse et Sébastien Ménard, ont demandé à ce que le scrutin final se déroule à bulletins secrets. Un choix qui n’est pas neutre et signifie probablement un désaccord avec la majorité municipale. Mais croyez-vous que les citoyens ont eu le bonheur d’entendre leurs points de vues ? Pas un mot, même si leurs votes semblent ne faire guère de doute puisqu’aux 4 opposants déclarés (Barucq, Destizon, Dussaussois-Larralde et Martineau) se sont ajoutées deux « Non » mystère et deux abstentions (Louis Bodin, absent comme d’habitude, avait inhabituellement donné procuration à Adrien Boudousse et non à Anne Pinatel. Il pourait être un des auteurs des votes contestataires)
Et que dire de l’attitude des deux élus abertzale, Lysiann Brao et Brice Morin, qui eux ont carrément séché le débat et n’ont même pas daigné donner une procuration ? C’est tout simplement inadmissible : si on ne veut pas d’ennuis et qu’on préfère la tranquillité aux convictions, alors on ne fait pas de politique.
Jean-Yves VIOLLIER
Pour ceux qui n’ont pas suivi les débats
La rue de La Négresse a donc été débaptisée et sera nommée à compter du 16 juin prochain rue de l’allégresse à la suite d’un scrutin à bulletins secrets. 25 élus se sont prononcés en faveur de cette décision, 6 s’y sont opposés et deux se sont abstenus.
Suite au verdict de la Cour d’appel de Bordeaux, la mairie avait trois mois pour prendre cette décision. En cas de refus, des sanctions financières étaient prévues et surtout Maider Arosteguy risquait de se retrouver inéligible. D’où cette hypocrisie qui consistait à voter cette décision pour pouvoir faire campagne en 2026, tout en annonçant un recours devant le conseil d’État, où Maider Arosteguy ne risque rien personnellement, histoire de cajoler dans le sens du poil l’électorat biarrot avec l’argent des contribuables.
Bonjour,
Voyant « L’allégresse » j’ai cru à une pauvre blague de Ramdam, mais non ! Pas sûr que ce terme n’ait pas gardé un peu de sexisme, attention quand même. Et pour faire encore plus mauvais, les graisses, c’est pas forcément top.
Tant pis pour cette occasion manquée de consultation popupassionnée, mais vive le parti « pas d’vagues ».
Bon huythmé 🙂 allez …
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