À Anglet, le réchauffement climatique prend de l’avance

Les habitants du Sextant, un bâtiment du quartier Hausquette à Anglet ont de l’eau froide à…. 36 degrés. Et cela fait cinq ans que dure la plaisanterie.
Une histoire que n’aurait pas désavouée Raymond Devos. Lorsque ce bâtiment, situé à proximité du BAB, est sorti de terre en 2010, les bénéficiaires de logements sociaux choisis pour occuper les lieux étaient contents. L’immeuble paraissait bénéficier de normes climatiques plutôt en avance pour l’époque avec un système de réchauffement de l’eau mélangeant panneaux solaires et relais par le gaz. Une occupante des premiers jours raconte : « On s’est très vite aperçus que les locataires des derniers étages avaient beaucoup de mal à avoir de l’eau chaude. On a donc multiplié les courriers à notre gestionnaire l’Office 64 , jusqu’à ce qu’ils se décident en 2019 à faire enfin les travaux. (Sourire ironique) … Une réussite au-delà de toutes nos espérances ! »

En effet, si tout le monde a désormais de l’eau chaude, plus personne ne dispose d’eau froide !

C’est sympa, l’été, d’avoir un tuyau à 60° qui traverse votre pièce…

Les relevés effectués par les habitants et les représentants d’Office 64 ont permis de constater que l’eau froide, en période de canicule pouvait atteindre les 36 degrés. Quand aux tuyaux qui traversent les pièces et sont censés véhiculer l’eau chaude, ils frisent les 60 degrés, donnant à chacune des pièces concernées le sentiment de vivre dans une serre tropicale.

Le sale air de la sueur

Sans compter les risques de légionelle, une bactérie qui aime les eaux chaudes et peut s’avérer mortelle. Au point que les habitants, pourtant pas très argentés, sont obligés d’acheter de l’eau en bouteille pour se désaltérer. Seul avantage à leur situation : ils ouvrent les fenêtres de leur appartement sans avoir froid l’hiver.

Thierry Montet , directeur général de l’Office 64 tandis que Claude Olive est le président depuis 2015, ne nie pas les faits : « En 2019, l’eau mettait beaucoup de temps à se réchauffer. Nous avons donc investi 120 000 euros dans un système de bouclage pour aller plus vite. ». À l’évidence, la solution technique retenue n’était pas la bonne. Les 57 résidents voient leurs factures augmentées en moyenne de 100 euros alors que leur eau froide est chaude !

Alain Krausz, journaliste résidant dans le bâtiment Le Sextant raconte : « Bien entendu, nous avons protesté, mais à chaque fois on nous répondait que nous étions les seuls dans ce cas. Nous avons vécu l’enfer pendant cinq étés consécutifs avant de nous décider à contacter l’association Alda. Avec eux nous avons passé deux journées à faire du porte-à-porte et nous nous sommes aperçus que tout le monde était impacté. Les militants d’Alda, qui sont pourtant habitués à bien des situations extrêmes, n’en revenaient pas de la chaleur qui règne au dernier étage de l’immeuble. »

Locataires en surchauffe

La situation est telle que dans les couloirs des tentatives de courant d’air sont faites, sans grand résultat, entre les fenêtres et les portes coupe-feu qui restent ouvertes, au mépris de la sécurité, pour tenter de rafraîchir le bâtiment.

Cette fois, la mobilisation s’avère payante. Des spécialistes d’Office 64 viennent sur place et constatent les dysfonctionnements. Thierry Montet, le directeur général, affirme n’avoir découvert le problème que cette année : « Les travaux de déconnexion des deux réseaux vont démarrer fin août et on va investir 100 000 euros dans ce problème. J’espère que le système sera efficace, car on y met de la conscience professionnelle et des moyens ».

Pourvu que tout cela ne finisse pas en eau tiède généralisée qui attiserait encore un peu plus la grogne des habitants du Sextant ! Car si le rôle traditionnel du sextant de marine est de relever la hauteur angulaire du soleil, tous les habitants du bâtiment vous affirmeront que depuis cinq ans, ils ont le sentiment que l’astre qui éclaire notre planète s’est particulièrement rapproché d’eux.

Jean-Yves VIOLLIER

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