Guillaume Barucq : « L’écologie punitive est contre-productive »

La suppression des douches de plage fait hurler le médecin et élu d’opposition de Biarritz qui aimerait qu’on se souvienne des règles de base de l’hygiène.

Toujours aussi affable et souriant, le docteur Barucq qui est aussi un élu expérimenté de la ville de Biarritz, fait un constat sans appel : « Depuis deux ans, les infections cutanées, oculaires et de la sphère ORL sont en hausse très nettes. Je vois aussi des infections chez des jeunes enfants, touchés par des staphylocoques, que je n’avais jamais vues auparavant ». Comme nombre de Biarrots, l’élu d’opposition grand adepte du surf, est vent debout contre la décision des maires de la Côte basque de supprimer les douches de plage.

« Je n’en reviens pas en tant que médecin de devoir dire cela. C’est un confort pour les gens qui viennent pour une journée à Biarritz ou ceux qui travaillent de pouvoir se doucher, mais c’est aussi et surtout une question d’hygiène par rapport à la pollution et aux algues toxiques. Le ministère de la Santé se montre d’ailleurs très clair sur le sujet. En plus, une ville est censée offrir des douches à toutes ses populations, y compris les SDF ».

Recommandation extraite du site du ministère de la Santé, rubrique eaux de baignade.

Le médecin biarrot s’agace que des esprits chagrins voient dans ses affirmations une posture d’opposant : «  Je voudrais que le bon sens prévale. On n’a jamais eu à Biarritz de maire qui va à la plage régulièrement. Si Maider Arosteguy, que l’on ne voit que très occasionnellement en maillot de bain, se baignait un jour dans une eau graisseuse au Port-vieux, comme ça arrive trop souvent, elle serait la première à souhaiter se doucher. J’ai d’ailleurs souvent rêvé de voir le conseil municipal au complet aller se baigner ensemble, mais il y en a toujours un ou deux qui trouvent une bonne excuse » se marre le médecin généraliste qui enfonce les deux pieds dans le sable. «  Quand tu en es à payer 8 à 15 euros la journée de plage, le minimum que te doit la Ville est une douche. L’autre jour, j’ai croisé un groupe de Chinois à la sortie d’une baignade. Ils cherchaient partout les douches et n’en revenaient pas quand on leur a expliqué qu’ils devaient se doucher à leur hôtel. »

« On a des usages de l’eau aberrants »

Le médecin passionné de vie publique se veut plus sérieux et sa démonstration fait mal : « On continue à balancer des eaux polluées dans l’océan et on supprime les douches ! Je ne suis pas un hygiéniste forcené mais le minimum doit être offert aux citoyens. Les douches ne signifient pas un usage déraisonnable de l’eau. Il existe des douches écologiques qui permettent 90% d’économies. Actuellement, les rince pieds sont bloqués. On a les installations mais plus les robinets, ce qui amène les parents à rincer comme ils peuvent leurs enfants dans les lavabos des toilettes publiques. C’est dégueulasse ! »

Guillaume Barucq poursuit son réquisitoire : « On a des usages de l’eau aberrants, avec des volumes impressionnants qu’on ne récupère pas. Sur sa page Facebook, le journaliste Philippe Etcheverry a démontré que le coût annuel des douches pour les touristes ne représentait même pas la consommation d’eau d’un golf. C’est de l’écologie punitive et contre-productive ».

« Le double discours de Maider Arosteguy »

Le médecin biarrot, qui goûte aux joies de l’opposition depuis 2020 (« Une excellente école !») sans rechigner le moins du monde après avoir été six ans dans la majorité, déplore l’attitude du maire de Biarritz : « Maider a été opposante pendant douze ans. Je regrette qu’en devenant maire elle ait tout oublié et ne se rende pas compte que les bonnes idées peuvent venir parfois de l’opposition. Il y a un double discours chez elle. Quand des déversements sont effectués dans l’océan, c’est la faute du dérèglement climatique et des précipitations excessives. Mais pour expliquer la suppression des douches, c’est parce qu’on doit économiser l’eau. Mais, il n’a jamais autant plu au Pays basque ! Je pense qu’il faut solliciter l’ARS (Autorité de Régulation de la Santé) au nom des impératifs de santé publique. Le problème est pourtant simple à comprendre. Dans les eaux usées, déversées dans l’océan, il y a tous les agents pathogènes possibles. Heureusement, ils ne survivent pas longtemps. Quant aux eaux courantes, elles sont désormais tellement traitées qu’elles jouent quasiment un rôle de désinfectant. Plus on se douche vite au sortir du bain et plus on élimine les risques. »

À Hossegor, comme en Espagne, les douches sont présentes sur toutes les plages. Mais au Pays basque, c’est bien connu, il ne pleut jamais et l’eau est rare.

Et le médecin de conclure dans un sourire : « Les maires de la Côte basque refusent d’entendre nos explications de bon sens, mais je suis sûr qu’ils vont être obligés de faire machine arrière sous peu. » Puisse-t-il avoir raison !

Jean-Yves VIOLLIER

Extrait du programme électoral de Maider Arosteguy en 2020.

2 commentaires

  1. Pas d’accord avec le titre: fermer le robinet des douches n’est pas une mesure écologique, qu’elle soit punitive ou pas. C’est en fait du green washing c’est à dire avancer une finalité écologique pour camoufler une démarche économique. En 2022 et selon la mairie de Biarritz, la consommation d’eau par les douches des plages s’est montée à 65 000 €….et l’arrosage du golf du Phare (municipal) à 68 394 € ! Cherchez l’erreur…

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