Espionnage russe ou farce basque ?

Repoussé deux fois le procès en diffamation qui oppose l’Angloy Pierre Haffner à la conseillère municipale biarrotte Elena Bidegain, accusée d’être proche des services secrets russes, aura lieu le 21 mars. Bon courage aux juges !

Allez savoir pourquoi, mais les procès en diffamation opposant un militant à un élu intéressent beaucoup ces temps-ci RamDam ! Nous étions donc sagement présents au tribunal correctionnel de Bayonne, mardi 13 février pour assister à la séance qui devait décider si Pierre Haffner, qui avait réussi à pénétrer dans la villa de l’ancien gendre de Poutine au début du conflit contre l’Ukraine, avait diffamé la conseillère municipale de Biarritz, Elena Bidegain, née Kutuzova, accusée d’être un relais des services secrets russes. Elle avait en effet, en compagnie d’Anne Pinatel adjointe à la Culture, fait venir en 2021 à la mairie de Biarritz un ancien journaliste russe Alexei Lushnikov qui passe officiellement une grande partie de son temps à Anglet à peindre. Ce dernier avait proposé d’inviter les ballets de Saint-Pétersbourg à Biarritz, proposition que Maider Arosteguy avait sagement déclinée. Et comme s’il y avait besoin de rajouter un peu de piment à cette salade russe, ne voilà-t-il pas que France 5, deux jours avant le procès, consacre une large place à l’histoire dans un documentaire intitulé « France, nid d’espions » ! On peut sourire à cette idée d’espions installés sur la Côte basque en se disant qu’ils ne doivent pas être débordés, mais il faut savoir que le lieu est idéal pour des discussions informelles, nombre de politiques fréquentant L’Hôtel du Palais, même si c’est moins vrai depuis quelques années, et que l’importante communauté russe est très divisée entre pro et anti-Poutine et mérite donc surveillance.

Une excuse qui ne passe pas

L’audience commence par un coup de théâtre. Alors qu’Elena Bidegain est présente avec son conseil, l’avocate de Pierre Haffner affirme à la Cour avoir été prévenue le jour même à cinq heures du matin par son client qu’il ne pourra être à Bayonne, car retenu à Berlin par une manifestation de soutien aux prisonniers ukrainiens. Une affirmation qui semble corroborée par une photo de l’intéressé sur sa page Facebook devant la porte de Brandebourg. Et une excuse visiblement très mal vécue par la Cour qui se retire pour délibérer sur la décision à prendre, un Palais de Justice n’étant pas tout à fait un self-service où on vient quand ça arrange.

(Page Facebook de Pierre Haffner)

Après une quinzaine de minutes de discussions, la Cour estime que l’audience ne peut se tenir sans le principal intéressé et décide de bloquer la date la plus proche possible, à savoir le 21 mars, ce qui est une sage décision.

Une enquête qui interpelle

S’il est rare de voir un citoyen manifester autant de talent pour se mettre la Justice française à dos, ce serait une grave erreur de résumer Pierre Haffner à un simple allumé qui agite le drapeau ukrainien parce qu’il aime le jaune et bleu. L’homme a longtemps travaillé en Russie, connaît l’oligarchie et certains éléments qu’il met en lumière sur sa page Facebook sont troublants. Il en va ainsi de l’enquête qu’il a menée sur l’invité surprise de la mairie de Biarritz, le journaliste peintre Alexei Lushnikov. Dans un premier temps, Pierre Haffner a souligné ses liens avec les proches de Poutine et le réseau Wagner, même si l’intéressé affirme qu’il a rencontré toutes ses personnalités dans le cadre de son travail de journaliste. Haffner fait surtout voler en éclats « la légende » de l’homme qui vient peindre depuis 31 ans sur la Côte basque et qui vend ses tableaux partout dans le monde, en démontrant que tous les tableaux exposés sont des grossières copies d’œuvres d’autres peintres et photographes.

(Page Facebook de Pierre Haffner)

Pour Haffner, aucun doute n’est possible : ce sont les services secrets russes qui fabriquent ces faux à la chaîne pour donner une « couverture » à l’affable Luchnikov (qui signe Lusnikov).

https://www.facebook.com/PierrejeanalbertHAFFNER

Haffner va plus loin dans ses affirmations dans le documentaire « France nid d’espions ». Il affirme que la villa qu’occupe Alexei Lusnikov, était remplie d’espions russes au moment du G7. Les voisins confirment une grande agitation à cette époque. Rappelons pour mémoire que la Russie n’était pas invitée au G7 de 2019 et que ce sont donc sans nul doute possible des « admirateurs » du peintre Lusnikov qui se sont entassés précisément à ce moment-là dans sa villa.

Haffner classée ou Bidegain de cause ?

Est-ce suffisant pour faire de la conseillère municipale Elena Bidegain un agent des services secrets russes ? Bien sûr que non ! Il n’est pas anormal quand on ne vit pas dans son pays d’origine de nouer des contacts avec ses compatriotes. Et, à supposer qu’Alexei Lusnikov soit bien en service commandé dans le Pays basque, son rôle consiste à bâtir un réseau le plus conséquent possible. Les journalistes français en mission à l’étranger se souviennent tous de personnages charmants qui faisaient une irruption inopinée dans leur vie et devenaient très questionneurs avec le temps. Pour autant tous les journalistes français ne sont pas des agents secrets sous couverture même si quelques exemples fâcheux comme Jean Clémentin au Canard enchaîné, rémunéré par les services tchèques, ou Philippe Grumbach, directeur de L’Express, au service des intérêts soviétiques, prouvent que la porosité existe.

Alexei Lushnikov et Elena Bidegain (chaîne YouTube de Pierre Haffner)

Ce n’est pas parce que des photos existent ou qu’une vidéo a été tournée, vidéo dans laquelle Lushnikov demande à Elena Bidegain comment elle s’est retrouvée dans la liste Arosteguy aux élections municipales de 2020, qu’on doit en tirer des conclusions excessives.

Dans les années 1990, Le Canard Enchaîné, s’était lustré les plumes quelques jours en recevant une série de photos où le ministre de la Défense de l’époque, François Léotard s’affichait tout sourire en compagnie de deux truands niçois aux casiers judiciaires longs comme le bras. Courageusement le ministre était venu voir la rédaction en certifiant qu’il ne connaissait absolument pas les deux personnes en photo avec lui et qu’il lui arrivait très souvent d’être arrêté par des passants lui demandant d’être immortalisé avec lui. L’enquête avait démontré qu’il disait vrai.

Même s’il est certain que l’audience du 21 mars prochain promet d’être agitée. RamDam 64-40 est donc bien incapable de dire pour l’instant qui a raison et qui a tort entre Pierre Haffner et Elena Bidegain. Notre sentiment, alors que la Justice croule sous les dossiers, est que cette affaire n’aurait jamais dû aller au tribunal et que les deux intéressés auraient beaucoup mieux fait de s’expliquer en public. Le premier a visiblement mis le doigt sur des informations intéressantes et la seconde, très probablement de bonne foi, doit comprendre qu’une élue n’est pas toujours approchée pour des raisons très avouables.

S’ils veulent s’expliquer devant RamDam, c’est promis, nous fournirons la vodka.

Jean-Yves VIOLLIER

Un commentaire

  1. Bonjour,

    Merci pour cet article.

    Elena Kutuzova Bidegain, Directeur et représentante de l’artiste pour la France et le Pays basque.

    https://publuu.com/flip-book/401263/913820

    Une organisation internationale de distribution de plagiats exécutés en Russie, en doublure des réseaux de renseignement et d’intrusion d’Alexey Luxnikov. Elena Kutuzova Bidegain a les deux fonctions.

    https://publuu.com/flip-book/401263/911813

    Pierre Haffner

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