Pas de pitié pour les malades !

Dans cette deuxième partie de notre série, vous allez découvrir que Trans-Landes a un sens de l’humour bien particulier.

Pour le directeur de l’entreprise, tout va plutôt bien (lire le premier épisode), ce qui n’est pas forcément le cas des salariés qui ont la malchance de tomber malade. Continuons donc à explorer les tiroirs de l’entreprise.

Troisième tiroir : pas de pitié pour les malades

Le dernier procès perdu par Trans-Landes RRTL est la cruelle illustration de l’égarement de la hiérarchie : « Florian Deygas, ancien conducteur de la SPL Trans-Landes injustement licencié, vient de gagner son procès civil contre son ancien employeur devant la Cour d’Appel de Pau (64). La Cour a reconnu la SPL Trans-Landes coupable de harcèlement moral et déclare que le licenciement de Florian Deygas est nul. » (Sud-Ouest)

Quant au médecin du travail qui demandait pour Florian un aménagement de son bus avec boite automatique, « le médecin du travail ne se rend pas compte de la complexité de travailler avec des salariés qui ont des restrictions médicales. Le directeur lui a dit que s’il n’avait pas le choix, il serait obligé de conduire un véhicule à boîte mécanique »

Florian Deygas dira : « Mon chef de secteur m’a dit qu’il fallait que je change de médecin, que mes restrictions médicales étaient trop importantes, que j’allais perdre mon emploi. » Pourtant, un collègue de travail, Jean-Marie Larrère, « attestera que le 29 juin 2016 il a vu Florian Deygas arriver, en pleurs, au volant d’un « véhicule qui ne semblait pas adapté à son état physique avec une boîte de vitesse dure ». Jean-Marie Larrère atteste également que, le 24 août 2016, il a effectué le service de Florian Deygas « en souffrance et très affaibli », qui « n’était vraiment pas bien ».

On est loin du « confort personnel » jugé par la direction.

Quatrième tiroir : tout est mal qui finit bien, mais le mal est fait

Extrait audio de Florian Deygas :https://x.com/flodeygas/status/1710629978419658838?s=46

Au milieu de l’avalanche de témoignages, celle de l’inspectrice du travail, Nadine Moreau, (procès verbal du 9 mai 2018 adressé directement au proc de Mont de Marsan Olivier Janson) qui « informe M. Deygas qu’à la suite de l’enquête effectuée du 11 octobre 2016 au 2 octobre 2017 concernant sa situation au sein de la SPL Trans-Landes, un procès-verbal a été relevé à l’encontre de Messieurs Alain Cazeneuve (directeur de la société) et Reynald Blaevoet (directeur de production) »

In fine, la cour « dit que le licenciement de M. Florian Deygas est nul pour cause de harcèlement moral et condamne la société Trans-Landes à payer à M. Florian Deygas les sommes suivantes …. etc.. etc ». Notons au passage que la cour condamne aussi Trans-Landes RRTL à dédommager le syndicat CFDT qui avait accompagné Florian Deygas. C’est de l’argent public, ce n’est pas grave.

Au passage, notons que Trans-Landes RRTL s’est attaqué à plus fort que lui, car Florian DEYGAS est élu au conseil municipal de Soustons (opposition), ancien vice-président du conseil national consultatif des personnes handicapées ; expert sclérose en plaques et travaille à ce titre dans des commission sénatoriales.

Cinquième tiroir : à Trans-Landes RRTL, on peut vraiment rire de tout

Pour ajouter à son handicap, la sclérose en plaques, il faut dire que Florian Deygas est coupable d’un autre forfait qui semble au moins aussi grave : il est d’origine étrangère.

Pas de pitié pour les immigrés non plus. Toujours extrait du procès de Florian : « des insultes, des remarques inadaptées » seront le lot de Florian. Mais pour Trans-Landes RRTL ce n’étaient rien que de bonnes plaisanteries : « Adolphe Ferreras, chef du secteur de Labenne a dit « qu’il ferait attention à l’avenir à ne pas tenir de propos racistes envers un salarié et qu’il avait tenu ces propos sur le ton de l’humour ». D’ailleurs, le directeur de la société [avait connaissance] « des dites insultes racistes et à la reconnaissance des faits par leur auteur, M. Ferreras, le supérieur hiérarchique direct de M. Deygas ». Mais si c’est pour mettre la bonne ambiance……

Car c’est un gros plaisantin Adolphe Ferreras, la preuve, il avait innocemment participé à un jeu de très bon goût : le jeu de la mosquée.

Ne cachant pas son appartenance à Trans-Landes RRTL, devant un panneau factice de sortie de mosquée il répond : « J’accélère » et ajoute avec tact : « avec semelle de plomb en plus » !

Gross rigolade!

Par contre, le MRAP40 (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples) a moins rigolé et le 6 février 2017, sous le titre « Quand les poubelles d’internet débordent dans les Landes. » il ajoute « La compagnie [Trans-Landes RRTL ] ne saurait donc être responsable des publications privées de chacun de ses employés. Mais il faut un manque total d’éthique pour accoler, comme le copier-coller l’atteste, le sigle d’une société qui transporte toute la diversité de notre département, à des écrits racistes d’une telle gravité »

Et le MRAP note non sans ironie : « Espérons que l’individu concerné qui invite à écraser les musulmans n’est pas de surcroît chauffeur, cela poserait un problème de sécurité aux abords des lieux de culte si des déséquilibrés racistes suivaient les conseils de cet irresponsable. »

Chance pour notre Adolphe, les faits datant de plus d’un an, le MRAP n’intentera pas de procès. Bien entendu, Trans-Landes RRTL n’a pas dû avoir vent de ce jeu bien anodin, sinon, sûr, la direction aurait vigoureusement réagi. A Moins que la hiérarchie ait estimé que ces plaisanteries étaient bien dans l‘esprit de la maison. Chacun choisit le climat social qu’il goûte.

Un passage du jugement de Florian Deygas (tiroir n°3) fait référence à un procès précédent de harcèlement contre une salariée, Véronique LEFILLIATRE. Un copié-coller du procès de Florian Deygas. Il s’agit d’« un arrêt de la cour d’appel de Pau en date du 7 décembre 2017 qui a reconnu l’existence d’un harcèlement moral concernant une salariée de la RDTL Trans-Landes, caractérisé par les manquements réitérés de l’employeur à son obligation de respecter les prescriptions de la médecine du travail quant aux restrictions d’exercice de son poste de travail, relatives notamment à la conduite d’un véhicule adapté »

Ramdam a déjà évoqué cette affaire : https://wordpress.com/post/ramdam6440.fr/7130 « à Translandes la direction incite ses salariés à faire des « faux témoignages ».

Sixième tiroir : bis repetita placent

Qu’elle était pénible cette Véronique Lefilliatre! Conductrice de bus, mais aussi déléguée du personnel dans l’entreprise Trans-Landes RRTL, où les syndicats, selon la hiérarchie, « foutent la merde ». Comment la virer ?

Veine pour la direction, en 2014, elle tombe malade et leur fout la paix, mais pas assez longtemps. Elle revient avec un statut de handicap suite au diagnostic d’une maladie auto-immune, donc fragilisée, mais déterminée à reprendre une vie active. Pas de souci, la directrice des Ressources Humaines de l’époque lui propose un nouveau poste censé être adapté à son handicap. Or, ce nouveau poste se révèlera plutôt comme une grave dégradation de ses conditions de travail.

Incapable de travailler faute de bus adapté, elle est licenciée. Classique !

Devant l’acharnement de la hiérarchie, Véronique dépose une première plainte, plaidée en 2017, plainte qu’elle gagnera. Le harcèlement sera reconnu, Trans-Landes RRTL condamnée et le licenciement annulé. Bien sûr, ceci n’améliore ni ses relations avec la direction ni ses conditions de travail, conditions qui lui valent de rechuter et subir une autre opération en 2017.

Véronique dépose alors une seconde plainte, en 2018, (plainte qui devrait être plaidée début 2024). Décidément, les avocats de Trans-Landes vont faire fortune à force de camper au tribunal.

3 commentaires

    1. Conformément à l’article L3242-1 du Code du travail, votre employeur doit accepter votre demande d’acompte sur salaire s’il s’agit de votre première demande ce mois-ci. Toutefois, si vous avez obtenu un premier acompte et que vous sollicitez un nouvel acompte, votre employeur peut alors vous refuser le bénéfice du second. Dans le cas présent votre employeur est dans l’illégalité totale, car il a subordonné le versement de l’acompte à la remise de votre caisse, ce qui est totalement interdit. A vous de porter plainte devant la justice maintenant, il n’y a que cela qui pourra faire changer l’ordre des choses dans ces entreprises.

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