Le Christophe Colomb de Bidart

On connaît l’entrepreneur qui a réussi à faire survivre TVPI pendant deux décennies, mais on ignore beaucoup des autres vies du découvreur Michel Lamarque. Dans « Mémoires vifs », il se raconte sans détours.

Il est ici… ou là… ou peut-être ailleurs ! Michel Lamarque, le fondateur de TVPI, n’est pas à proprement parler un membre de RamDam 64-40, puisque son statut d’élu à Bidart lui interdit de faire partie de notre bureau. Il est en revanche un ami de notre association où tout le monde l’apprécie et adore le voir arriver sans crier gare le vendredi après-midi pour échanger des idées ou nous expliquer un truc qu’il a déniché. C’est ainsi qu’on l’a vu débarquer, il y a quelques semaines, avec un livre au format d’un « Que Sais-je » et un titre déroutant « Mémoires vifs », comme si, au lyrisme parfois dangereux de la mémoire, le chef d’entreprise préférait la froideur du mémoire que rédigent les hommes dont la réflexion est le métier.
Mais, rassurez-vous, Michel Lamarque reste Michel Lamarque et la passion et l’imprévisible ont grandement leur place dans cet ouvrage très personnel qui nous a tous enthousiasmés.

« Je n’ai jamais pratiqué le tir à l’arc mais je devine qu’on peut s’y exercer selon deux techniques principales : soit on vise la cible avec sa flèche, soit on tire la flèche et on dessine la cible ensuite. Je vous laisse deviner ma technique favorite ». Il faut être rudement rapide pour dessiner une cible après avoir tiré une flèche, mais les fulgurances, intuitions et vivacités caractérisent le personnage qui nous semble capable de cet exploit encore jamais réalisé dans Koh Lanta.

Après une enfance basque heureuse où Pagnol et Jules Verne lui tenaient compagnie, même s’il était « aussi fluet physiquement que brillant scolairement », des études au lycée Maurice Ravel de Saint-Jean-de-Luz où il croisera Patrick Pouyanné, futur PDG de Total, Lamarque, arrive à Paris pour suivre les cours de l’École Supérieure de Commerce. « Un pur bonheur » pour ce provincial qui va hanter les salles de spectacle. S’ensuit une vie de vagabond planétaire, idéale pour ouvrir l’esprit : la Réunion, le Zaïre, l’Espagne, mais aussi commis de salle dans un restaurant de San Francisco pendant des vacances.

Élevage d’anguilles, golfeurs japonais ou karaoké…

Diverses expériences en entreprise donnent à Lamarque le sentiment qu’il n’est pas fait pour une vie de cadre. Trop franc-tireur, trop indépendant… et trop attaché au Pays basque. « Début 1991, notre Côte basque était en plein désarroi, ou plus exactement avec 30 ans de  recul, elle venait de toucher un point bas, avant qu’une croissance présumée sans fin, industrie de la glisse, Izarbel et gentrification aidant, la mène à notre effervescence actuelle. »

D’un éclectisme débordant, Michel Lamarque envisage d’élever des anguilles ou… d’accueillir des golfeurs japonais, avant de trouver le filon qui va lui donner son indépendance : la location, puis la vente d’installations de karaoké. Le voilà donc contraint de repartir pour Paris pour un septennat avant de revenir en 1998 et de pratiquer, bien avant les autres le travail à distance. Le karaoké se portant particulièrement bien, notre boîte à idées favorite pour qui l’inaction est un supplice, décide donc en mars 1999 de déposer la marque « TVPI, Télévision de Proximité Indépendante ». Tentatives sur le web, mépris des plus gros, lourdeurs administratives. Lamarque a l’idée de génie pour diffuser ses reportages d’utiliser une antenne espagnole sur la Rhune ; «  Le maire Batasuna de Bera, Josu Goia, me reçut et en dix minutes m’autorisa ce que le CSA mettrait dix ans à faire ».
On connaît la suite et le beau succès que va connaître TVPI, même si la vie n’y fut pas toujours un long fleuve tranquille.

Car le maître mot de Michel Lamarque est la sérendipité, c’est à dire la capacité, l’aptitude à faire par hasard une découverte inattendue et à en saisir l’utilité. « D’autres me reprochaient de ne pas savoir où nous allions, or c’était effectivement le cas. Car, comme Christophe Colomb, nous voguions plein Ouest toutes voiles déployées mais sans carte marine ». On ne peut mieux résumer la méthode de l’intéressé, cette façon de savourer la vie avec gourmandise que par cette citation de Mandela qui semble écrite pour l’entrepreneur bidartar : « Je ne perds jamais, je gagne ou bien j’apprends »

Avec ces « Mémoires vifs », c’est un sacré voyage que vous propose le découvreur aux mille existences, montrant une jolie plume qui ne nuit vraiment pas au récit.

Jean-Yves VIOLLIER

« Mémoires vifs » de Michel Lamarque, 128 pages, 10 €, en vente dans toutes les librairies de la Côte basque.

2 commentaires

  1. Je ne mets pas en doute l’intégrité intellectuelle de Michel Lamarque (Voir son portrait dans l’article). Cependant j’ai l’impression que vous n’avez pas tenu pas compte des réticences que je ne crois pas être le seul à avoir formées.

    Certains considèrent les actions menées sous la direction de M. Lamarque à TVPI comme manipulatrices au vu des conséquences sociales, économiques et intellectuelles.

    Vous pouvez juger cela excessif.

    Simplement, passer complètement sous silence les analyses objectives autour de son action à TVPI relève, à mon sens, de la désinformation.

    Sur le plan éthique, il faut opposer éthique de conviction et éthique de responsabilité. Je pense que Michel Lamarque a indiscutablement une éthique de conviction, mais le résultat de son action au sein de TVPI me semble plus que douteux ! Or un homme se juge aux actes posés.
    Loup landais

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    1. Merci de votre réponse et de votre franchise. Il n’ y a pas désinformation, car, comme tous les membres de RamDam nous ne savons pas grand chose sur ce qui se passait à TVPI. Nous avons juste fait la critique d’un livre qui nous a séduits. Et évoqué un homme qui apporté beaucoup à RamDam par ses réflexions.

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