Gros malaise hier soir à Biarritz, avec l’arrivée du promoteur Robert Alday venu expliquer juste avant le vote, les qualités de son projet.
Aucun doute possible, Robert Alday porte beau, s’avère excellent orateur et sait se montrer convaincant quand il parle de ses projets. Mais est-ce vraiment sa place dans un conseil municipal quelques minutes avant un vote qui engage les derniers hectares fonciers appartenant à la ville de Biarritz ? Qu’on ne se méprenne pas, je n’ai aucune compétence en matière d’urbanisme pour juger de la qualité de tel ou tel projet. En revanche, je connais un peu la vie publique et de toute ma carrière journalistique je n’ai jamais vécu un événement aussi obscène politiquement que celui d’hier soir.
Puisque le projet d’Alday est excellent mais que ceux des deux concurrents Vinci et Icade étaient aussi « très bons », selon les mots de Maider Arosteguy, pourquoi ne pas avoir invité les trois pour que chacun se fasse une idée, pourquoi avoir jeté un voile pudique sur les sommes proposées par chacun et les 4 millions d’écart entre le mieux-disant et le projet Alday ?
L’opposition a été excellente hier, en particulier Guillaume Barucq qui estime que « ce soir on a abîmé notre démocratie locale », tandis que Corine Martineau, Patrick Destizon et Nathalie Motsch se montraient eux aussi particulièrement incisifs, faisant prendre conscience aux Biarrots qu’une fois de plus on a cherché à leur cacher des informations.
Contactée ce matin, Maider Arosteguy déplore que « la vie publique est désormais une longue série d’attaques et de recours en tous genres » mais n’explique pas de façon convaincante pourquoi les offres de Vinci et Icade n’ont pas elles aussi été détaillées. Quant à la venue de Robert Alday, Maider y voit « un acte de transparence vis à vis des Biarrots ». Elle est bien la seule, tant l’obscurité délibérée semble avoir régné sur ce dossier !

La tension était palpable hier sur les bancs de la majorité, comme l’ont démontré certaines explications un peu lunaires et surréalistes. On ressort Kleber et Bigueyrie pour justifier le choix du moins disant et pour justifier le refus de 4 millions supplémentaires dans l’escarcelle municipale, on explique, pas gêné, avoir « privilégié l’équilibre d’un projet » et effectué « un travail d’aiguille extrêmement fin ». Un vrai travail de broderie, en sorte.
Pour ma part, ma conviction est faite : si les offres concurrentes ne nous étaient pas parvenues, personne n’en aurait rien su car l’intention de la mairie était visiblement de ne pas en parler. Et un document le prouve.
La note qui prouve la volonté de dissimulation
Désolé d’être un peu technique, mais un conseil municipal obéit à un protocole presque aussi strict qu’un ballet de Malandain. Avant le conseil, un ordre du jour est établi, annoncé au grand public, tandis que les services de la mairie adressent uniquement aux élus de la majorité comme de l’opposition une « Note explicative de synthèse » pour argumenter les intentions du maire avant chaque délibération.
Lorsque plusieurs entreprises sont en concurrence pour un marché et que l’on choisit le moins bien disant, ce qui peut arriver lorsque des faibles écarts de prix sont en jeu, le maire et ses adjoints expliquent pour quelle raison leur préférence s’est portée sur l’entreprise élue.
Mais cette fameuse note explicative adressée aux élus quelques jours avant le conseil ne cite ni Vinci ni Icade et se garde bien d’annoncer les moindres chiffres.

On demande aux élus de voter les délibérations en leur âme et conscience, mais on se garde bien de leur donner les éléments pour décider. Une étourderie sans doute, comme on n’en voit qu’à Biarritz.
Jean-Yves VIOLLIER
Guillaume Barucq annonce demander au préfet un contrôle de légalité de la délibération et l’ensemble de l’opposition, scandalisé par les arguments énoncés hier par la majorité, envisage de se tourner vers le tribunal administratif pour contrer cette délibération votée comme un seul homme par la majorité.
LES ÉCHOS DU CONSEIL

Et revoilà Loulou !
Il faut croire que la majorité, hier, était décidée à sortir la grosse artillerie, puisqu’une heure après le début du conseil, l’élu Louis Bodin, alias Monsieur Météo roi de l’éclipse, qui n’était pas venu depuis quatre ans a fait une apparition remarquée. Détail comique, un membre du cabinet a dû aller vers lui pour lui indiquer où il devait siéger.
Rendre justice à Nathalie Motsch
Nathalie Motsch a suffisamment été épinglée par nos soins depuis le début de la mandature Arosteguy pour que nous la défendions quand elle doit l’être. Fort démunie pour justifier une perte de recette de 4 millions d’euros et faisant visiblement feu de tout bois, Édouard Chazouillères, au nom de la majorité, a exhumé des archives deux délibérations municipales où avait été fait le choix d’un moins bien disant pour s’en prendre à Nathalie Motsch.
La première date de 2012 et du lancement du quartier Kléber, ce qui n’est guère élégant puisque Didier Borotra, alors maire, est décédé et que Nathalie Motsch était simple conseillère municipale. La deuxième de 2017 concerne les écuries Bigueyrie. La Ville souhaitait vendre pour 540 000 euros alors qu’un promoteur local offrait 700 000 euros. Devant le tollé Michel Veunac avait retiré son projet , avant de vendre normalement pour 950 000 euros. Nathalie Motsch était alors adjointe à l’Urbanisme mais je peux affirmer, puisque j’enquêtais à l’époque sur l’affaire, qu’elle avait été court-circuitée par Veunac, qui recevait en douce le candidat choisi en mairie sans qu’elle ne soit informée. Outrée, Nathalie Motsch avait même organisé une conférence de presse pour dénoncer la déloyauté de Veunac qui lui avait présenté des excuses.
𝐋𝐞𝐬 𝐚𝐦𝐢𝐬 𝐝𝐞 𝐑𝐨𝐛𝐞𝐫𝐭 𝐀𝐥𝐝𝐚𝐲
Le BO? Un petit club de rugby dont on a vaguement entendu parler. Hier soir la majorité ne voulait surtout pas établir un lien entre l’aménagement d’Aguilera confié à Robert Alday et le Biarritz Olympique, car de mauvais esprits auraient pu y voir un délit de favoritisme. Fort heureusement, le promoteur local n’a pas eu cette pudeur et s’est cru obligé de me chambrer sur sa capacité à injecter 4 millions d’euros au BO et a énoncé la liste de ses amis.
Nous voilà totalement rassurés!
Quelle mascarade… Mr Barucq exprime ce que toute personne sensée ressent.
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