Membre titulaire du Conseil National consultatif des personnes handicapées et représentant départemental des Landes à APF France-handicap, Florian Deygas, ancien salarié de Trans-Landes RRTL, viré après avoir déclaré une sclérose en plaques, a réussi à faire condamner son employeur pour harcèlement moral et licenciement abusif. À l’occasion de la venue à Mont-de-Marsan de la ministre chargée de l’autonomie et du Handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq, Florian Deygas aurait dû être invité. Oui, mais voilà, des élus comme Geneviève Darrieussecq, ex-ministre de la Santé, ou Renaud Lagrave, vice-président de la Région Nouvelle-Aquitaine, en charge des transports étaient présents et il ne fallait pas gâcher leur plaisir d’être sur la photo. Voilà des semaines et des semaines que ces élus sont interpellés par les salariés de Trans-Landes RRTL et qu’ils font semblant, tout comme François Bayrou pour Betharram, de n’être au courant de rien.
Existe-t-il plus triste en politique qu’un élu qui se planque et refuse le dialogue avec ceux qui l’ont élu ? La réponse, avec cette lettre ouverte de Florian Deygas à Renaud Lagrave.
Lettre ouverte à Renaud Lagrave
Monsieur Renaud Lagrave,
Aujourd’hui, je découvre votre présence officielle auprès de la ministre lors d’une visite sur « l’inclusion des personnes handicapées » dans les Landes.
Votre présence est une insulte.
Une insulte à ceux que votre silence a abandonnés. Une insulte à ceux qui, après avoir été harcelés et détruits dans les entreprises publiques sous votre responsabilité, ont tenté de mettre fin à leurs jours. Une insulte à ceux qui ont tout perdu : leur santé, leur emploi, leur dignité.
Vous présidez toujours Trans-Landes. Votre collègue Éric Sargiacomo préside RRTL. Aujourd’hui, ces deux entreprises publiques de transport sont mises en examen pour harcèlement moral. C’est inédit. Inédit qu’une structure publique soit ainsi rattrapée par la justice pour avoir brisé la santé de ses salariés, en particulier des personnes malades et handicapées. Et malgré cela, malgré ma victoire en Cour de cassation qui a libéré la parole, malgré les alertes syndicales répétées ces dernières semaines, pas un mot.
Depuis plus d’un mois, ni vous ni les élus du département des Landes n’avez réagi.
Pendant que la CARSAT publie des rapports alarmants dénonçant des risques psychosociaux graves, voire mortels, vous continuez à fuir vos responsabilités, à vous taire, à protéger une vitrine institutionnelle qui s’effondre. Et aujourd’hui, vous osez parader pour parler d’inclusion ?
C’est une indécence politique.
Tous ceux qui étaient là aujourd’hui me connaissent, et savent que je suis représentant départemental de l’APF France handicap dans les Landes. Ils savent mon histoire. Nos histoires.
Je n’ai pas été convié. Je savais très bien que je ne serais pas « sélectionné » par la MDPH pour échanger avec la ministre Charlotte Parmentier-Lecocq. Pas parce que j’aurais créé un scandale. Je n’aurais pas créé de scandale.

J’aurais parlé. J’aurais parlé des invisibles. J’aurais parlé de ceux qu’on oublie dès que les caméras sont parties. J’aurais parlé des salariés qui continuent de souffrir dans vos structures, sept ans après mon départ. J’aurais aussi parlé de celles et ceux que vous n’invitez jamais sur vos photos officielles : les personnes en situation de handicap qui ne sont pas dans des entreprises adaptées mises en avant par les élus, mais qui vivent dans l’isolement, dans la précarité, dans l’invisibilité.
Car moi, je représente aussi ceux-là. Je connais leurs réalités. Je connais leurs souffrances. Je connais les problématiques du handicap dans notre territoire landais, loin des discours officiels et des vitrines de communication. Parce que mon combat n’est pas personnel. Parce que mon combat est collectif. Parce que je représente toutes celles et ceux que vous avez voulu faire taire.
Monsieur Lagrave, à partir d’aujourd’hui, vous me trouverez toujours sur votre route. Les médias préfèrent baisser les yeux ? Moi, je parlerai. Je raconterai. Je rappellerai ce que vous avez laissé faire. Parce que l’inclusion véritable ne se construit pas sur l’oubli. Parce que la dignité des victimes mérite mieux que vos silences et vos sourires pour les photos.
Monsieur Lagrave, vous pouvez fuir la parole des victimes. Vous ne pourrez pas empêcher leur vérité de se lever.
Florian DEYGAS
Bravo à toi Florian.
un ancien de RDTL ET Translandes
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