En campagne pour la présidence de LR, le ministre de l’Intérieur sait se montrer plein d’astuce et faire croire à un emploi du temps de ministre.
« La politique devrait être une vocation, mais pour le plus grand nombre elle est un métier », affirmait Jean Gabin dans « Le Président », en reprenant un dialogue écrit par Michel Audiard. Lors de sa venue sur la Côte basque, vendredi 11 avril, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau nous a démontré qu’il maîtrisait à merveille la vie publique en sachant habilement mélanger vraie-fausse raison d’état et calcul personnel. C’est l’édition de Sud Ouest du 12 avril qui nous a mis la puce à l’oreille avec le compte-rendu de la visite ministérielle de Bruno Retailleau à Anglet sur une simple colonne, ce qui démontre un événement sans le moindre intérêt, et sur cinq colonnes – passons aux choses sérieuses ! -le meeting au casino Bellevue du candidat à la présidence du Parti républicain Retailleau Bruno.

RamDam va donc vous raconter à sa façon le vendredi en politique de notre ministre de l’Intérieur. Il convient tout d’abord de savoir qu’une campagne électorale pour s’emparer de la présidence de LR, représente la première marche qui peut conduire à une investiture pour l’élection présidentielle de 2027. Il est donc de bon ton, petits notables provinciaux obligent, de rendre visite à chaque fédération et de faire savoir à tous les militants à quel point on est bien supérieur à l’autre candidat, en l’occurrence Laurent Wauquiez. L’ennui est que tout cela est chronophage et coûte cher. Sauf si on est membre du gouvernement et qu’on peut déguiser une escapade personnelle en… emploi du temps de ministre !
Retailleau a donc utilisé une vieille ficelle politique, à l’image d’une Anne Hidalgo, maire de Paris, soudainement passionnée par le surf et la vague olympique de Teahupoo à Tahiti et profitant du voyage pour passer quelques jours en compagnie de sa fille installée sur place… Sans finalement aller voir les installations prévues !
Pour Bruno Retailleau, la solution est simple : on trouve un copain détenteur d’une écharpe tricolore. On invente avec ce maire une convention à signer de la plus extrême urgence. Naïvement, Sud Ouest a cru que le ministre de l’Intérieur venait enfin apporter à Claude Olive, maire d’Anglet, le commissariat pour sa ville dont il rêve depuis des lustres. Il n’en était rien et nous avons juste eu droit à – tenez vous bien ! – un échange de signatures sur « le renouvellement de la convention triennale qui coordonne l’action des policiers nationaux et municipaux réunis sous un même toit à Anglet ». Un événement de portée quasiment mondiale qui nécessitait à l’évidence la présence du ministre de l’Intérieur un vendredi après-midi sur la Côte basque, la délinquance n’ayant pas l’habitude de travailler ce jour-là !

Pour la venue de Bruno Retailleau, la famille Brisson était évidemment là.
Et comme notre pauvre ministre débordé a bien droit à quelques moments de détente et de réconfort, Bruno Retailleau a pu arriver à Biarritz avec une escouade de policiers (« J’ai cru qu’il y avait un nouveau G7 à Biarritz », racontera un Biarrot encore éberlué), aller serrer quelques mains au casino Bellevue et convaincre les bonnes pâtes qui avaient fait le déplacement que le parti ne saurait fonctionner avec un autre président que lui. Et tout cela sans bourse délier puisque ce meeting a eu lieu à la suite d’un déplacement professionnel dans le département.
On laissera à chacun le soin d’estimer le coût de l’opération pour les contribuables avec l’armada de policiers présents pour l’occasion, même si la moitié des frais de sécurité ont été pris en charge par la fédération départementale LR. Chapeau, l’artiste !
Jean-Yves VIOLLIER