Le témoignage bouleversant de Florian Deygas après sept ans de procédures judiciaires.
Trans-Landes RRTL, société dont le management « délétère » a été mainte fois pointé par Ramdam pour subornation de témoins, incitation au faux témoignages, gestion inhumaine, dysfonctionnements graves concernant la sécurité des passagers, désinvolture quant au respect des deniers publics, vient aujourd’hui de perdre en cassation contre un ex employé, Florian Deygas que Trans-Landes RRTL poursuivait depuis 7 ans. Oui, la Cour a reconnu que son employeur l’avait bien harcelé puis licencié abusivement dès que Florian avait annoncé être atteint de sclérose en plaque.
La direction de Trans-Landes RRTL » l’a comparé aux salariés qui se mettent en arrêt pour rien et qui demandent des restrictions à caractère médical uniquement pour leur confort personnel ». (extrait Cour d’appel de Pau, arrêté du 5/10/2023) Voir notre article « Pas de pitié pour les malades ! » sur « ramdam6440.fr »

Avant de transcrire le témoignage particulièrement émouvant de Florian, rappelons que Trans-Landes RRTL avait perdu le procès que lui avait intenté Florian. Bien sûr, Trans-Landes RRTL avait fait appel, procès encore perdu, alors pourquoi pas la cassation. Malheureusement, au lieu de casser Florian c’est Trans-Landes RRTL qui s’y est cassé les dents. Pas grave c’est le contribuable qui paye, dommage qu’il n’y ait pas possibilités d’aller plus loin.
Michel GELLATO
Le témoignage poignant de Florian Deygas
La Cour d’appel de Pau a déjà condamné Trans-Landes, reconnaissant le harcèlement moral, les insultes racistes, [il est d’origine étrangère NDLR) les humiliations sur ma maladie, le refus de respecter les préconisations médicales et les pressions qui ont conduit à mon inaptitude. Mon licenciement a été jugé nul et mon ancien employeur condamné à me verser des dommages et intérêts. Mais au lieu d’assumer leurs responsabilités, ils ont décidé d’aller en cassation. Non pas sur un véritable débat juridique, mais par orgueil. Parce qu’il leur était insupportable d’avoir été condamnés pour ce qu’ils ont fait subir. Parce qu’une entreprise publique, dirigée par des élus locaux paradoxalement socialistes, ne supporte pas d’être reconnue coupable de harcèlement envers un salarié handicapé. »
Aujourd’hui, la plus haute juridiction du pays m’a donné raison. Après sept ans de combat, après les brimades, les insultes racistes pour lesquelles ils ont été condamnés, après les pressions, les refus d’appliquer les préconisations du médecin du travail, après les attaques visant à briser ma santé et ma carrière, Trans-Landes a perdu.
Cette entreprise publique, les autocars que vous voyez circuler dans les Landes, a brisé ma carrière à 27 ans. Ses dirigeants m’ont poussé à l’inaptitude. Aujourd’hui, à 35 ans, je suis en invalidité. Mais eux n’ont jamais été inquiétés. Aujourd’hui encore, certains de ceux qui ont participé à ce harcèlement, qui ont contribué à briser ma carrière et ma santé, continuent d’occuper tranquillement leurs postes. Protégés par un conseil d’administration composé d’élus locaux, qui ont préféré le silence à la responsabilité.
Ce conseil, présidé aujourd’hui par Renaud Lagrave, tout comme l’ont été avant lui Pierre Froustey, Monique Lubin, Éric Kerrouche, Xavier Fortinon et maintenant Alain Rousset, depuis que la SPL a été transférée à la Région Nouvelle-Aquitaine. Tous soi-disant socialistes. Informés dès 2017 ou plus tardivement, aucun d’entre eux n’a jamais pris publiquement position. Aucun n’a répondu à mes alertes. Tous ont préféré couvrir l’inacceptable plutôt que de stopper cette machine à broyer. (voir notre article « Il n’est pire sourd …. » sur ramdam6440.fr »
Trans-Landes a dépensé des sommes faramineuses en frais de justice, en honoraires d’avocats, en dommages et intérêts, tout cela avec de l’argent public. De l’argent qui aurait dû servir à l’amélioration des conditions de travail, au service public. Au lieu de cela, il a été utilisé pour défendre l’indéfendable, pour tenter d’écraser une victime plutôt que de reconnaître des faits pourtant établis par la justice. Je ne veux pas en faire un combat politique, mais les valeurs que je défends ne sont pas celles qu’ils prétendent incarner en tant qu’élus socialistes.
Jennifer, mon pilier, mon amour, celle qui a traversé toutes ces épreuves avec moi, depuis dix ans. Un an après notre rencontre, j’apprenais ma sclérose en plaques. Quelques mois plus tard, Trans-Landes décidait de me broyer. Elle a tout enduré avec moi, soutenu chacun de mes pas, séché mes larmes, trouvé les mots pour que je tienne debout. Enfin, nous allons pouvoir nous marier sereinement le 14 juin prochain.
Mattéo, mon fils, mon tout petit, mon chaton, arrivé en pleine tempête, et qui, grâce à son insouciance, ses « je t’aime » et son sourire, m’a donné la force de continuer, malgré mes angoisses, malgré cette bataille judiciaire interminable. Cette victoire, c’est aussi la leur. Celle de notre famille, de notre combat, de notre amour.
Les affaires judiciaires se sont multipliées à Trans-Landes ces dernières années, mais tout le monde reste passif. Et l’État ? Il ne protège pas les salariés malades ou en situation de handicap, il les laisse seuls, face à un mur bien souvent infranchissable. Ce système préfère protéger ceux qui harcèlent plutôt que celles et ceux qui en sont victimes.
Aujourd’hui, je pense à toutes celles et ceux qui subissent en silence. À celles et ceux qu’on harcèle au travail, qu’on pousse dehors parce qu’ils sont malades ou en situation de handicap, à celles et ceux qui n’ont pas les ressources pour se défendre. Je continuerai à porter votre voix, à travers mes engagements.
Mes merveilleux amis, mes innombrables soutiens sur les réseaux sociaux, vous avez été ma force quand la mienne vacillait. Merci. À ceux qui savaient et qui ont choisi de me tourner le dos, je n’oublierai jamais votre silence complice. Vous avez préféré protéger vos tout petits médiocres intérêts, plutôt que d’agir. Je veux aussi avoir une pensée pour mon « vieil ami » Jean-Paul, syndicaliste engagé, qui m’a tant aidé et qui n’est plus là aujourd’hui pour voir cette victoire. J’espère que, de là où il est, il est fier de son « jeune ami ».
Aujourd’hui, je suis épuisé. Tout est à reconstruire. Mais je suis debout. Je vous aime. »
Au-delà de ce poignant message, Florian ajoute :
« Et pourtant, paradoxalement, c’est à travers ces épreuves que s’est forgé mon engagement. À force de devoir me battre, à force de voir l’injustice de ce système qui broie les plus fragiles, j’ai décidé de ne plus jamais me taire et d’agir. C’est ce qui m’a conduit à m’engager dans la défense des droits des personnes handicapées et du monde associatif. Parce que personne ne devrait avoir à traverser ce que j’ai vécu. »