Un franc succès

Salle pleine et élus applaudis par les spectateurs lors de la réunion publique de RamDam. À l’évidence la défense de la liberté d’expression ne laisse pas tout le monde indifférent.

Oubliés la pandémie ou le marathon judiciaire endurés par notre association citoyenne ! Après une première victoire le 14 janvier 2025, traduite par un verdict favorable dans le procès qui nous opposait au maire de Benquet Pierre Mallet, la présence de plus de soixante-dix personnes jeudi 6 février dans la grande salle de la maison des Associations de Biarritz a été ressentie comme une nouvelle consécration. Et comble de bonheur, après l’exposé sur notre combat judiciaire de quatre ans et les réelles menaces sur la liberté d’expression, les interventions ont été multiples et pertinentes.

Maire de Bayonne et président de l’Agglo, Jean-René Etchegaray a évoqué le fragile équilibre entre des lois nécessaires pour protéger les élus et d’autres qui créent le déséquilibre, intervention qui lui valut d’être vigoureusement applaudi. Élue LFI à Anglet, Sandra Pereira Ostanel soulignera tous les obstacles mis dans les roues des opposants, que ce soient des gilets jaunes ou des syndicalistes, tandis que Maud Cascino, adjointe à la mairie de Biarritz évoquera le changement de génération en train de se produire dans la classe politique locale et des pratiques beaucoup plus vertueuses que par le passé.

(Photos Philippe BUSSO)


Les spectateurs présents se sont aussi beaucoup interrogés sur l’avenir de RamDam car nous n’avons pas caché que nos difficultés judiciaires ont fait peur à certains d’entre nous. Si nous ne trouvons pas de nouveaux informateurs prêts à nous donner un peu de temps en observant la vie publique et de nouvelles « plumes » pour rédiger des articles, il est clair que l’avenir de RamDam s’inscrira en pointillés…

Ce qui ne vous a pas empêché, malgré ces propos un peu alarmistes, de venir en nombre renouveler votre cotisation ou adhérer pour la première fois. Le plus beau pied de nez que vous pouviez adresser à tous ceux qui préfèrent les citoyens qui ne s’intéressent à rien !

RamDam 64-40

Le sujet de notre réunion publique était d’importance puisqu’il s’agissait du droit d’expression qui concerne  les organes de presse mais aussi tous nos concitoyens soucieux de pouvoir s’exprimer individuellement ou collectivement. En dehors de la procédure en diffamation ou Ram Dam a obtenu la relaxe, ce sont les  moyens d’action du citoyen qui veut dénoncer des dysfonctionnements préjudiciables à toute la collectivité qui ont été abordés .

Tous les intervenants ont été conscients du délicat équilibre à maintenir entre la protection de nos élus et le droit de nos concitoyens à en critiquer l action. Beaucoup de sympathisants nous ont rejoint au terme de la séance estimant notre action noble citoyenne et utile. Mais où était la presse ce jour là ? Nulle part, à croire que cela ne les concernait pas. On aurait attendu mieux de ceux qui se considèrent comme le troisième pouvoir, même si à RamDam tout le monde a apprécié les trois pages consacrés à notre procédure dans “La Semaine du Pays basque” et l’annonce de notre réunion dans “Sud Ouest”.

Si demain avec les nouvelles lois les médias continuent à s’enfoncer dans le silence, je leur rappellerai que le courage ce n’est pas courage fuyons.

Pascale VIOT

Alpagué par un auditeur loquace et plusieurs autres, je me tenais prêt à dégainer, pour me défendre, une « protection fonctionnelle » à laquelle je n’ai malheureusement pas droit. Eh bien non ! ils voulaient tout simplement féliciter RAMDAM 6440 d’avoir réveillé, éveillé, secoué les consciences de chaque citoyen sur les risques que peut entraîner l’usage d’une « liberté d’expression » par une association citoyenne comme la nôtre.

En effet, en matière de Justice, on peut gagner et perdre à la fois. Ces auditeurs ont été surpris que, même si nous avons gagné juridiquement et c’est tant mieux, nous avons perdu beaucoup d’argent dans cette « procédure bâillon » et un temps précieux pour nos enquêtes soumis que nous étions à une réelle censure de nos propos pour éviter d’énerver le juge tant que son jugement n’avait pas été rendu.

A titre personnel, j’ai dû batailler contre deux élus dévoyés qui ont été condamnés du délit de « prise illégale d’intérêts » soutenus parallèlement par neuf élus du même conseil municipal qui me poursuivaient pour diffamation sur les faits que j’avais exposés et qui ont été déboutés.

Quel dommage que des parlementaires ou des magistrats influents n’aient pas pu assister à cette réunion pour faire remonter ce défaut d’équité : faire payer l’élu fautif et le condamner s’il perd son procès à toutes les dépenses engagées par le citoyen, l’association ou le lanceur d’alerte (que Ramdam n’est pas) qui a soulevé l’illégalité commise.

Dominique DE LA MENSBRUGE

« Ce n’est pas normal » c’est le commentaire minimum que j’aurais attendu de nos élus présents dans la salle, à l’énumération des difficultés qui nous furent opposées lors de notre procès, puis après l’exposé de la loi « renforçant la sécurité et la protection des maires et des élus locaux » qui est une aubaine pour tout élu dévoyé.

Non, aucun élu ne s’est prononcé, mais nous ont ressorti la vieille rengaine : « Moi je fais honnêtement mon boulot, et c’est pas facile et c’est pour le bien de tous… »,  ce qui est certainement vrai, mais n’avait rien à voir avec le sujet puisque on pointait ceux qui sont loin d’être des saints et qui ont désormais un immense pouvoir pour faire taire la voix des citoyens.

Certes, leur seule présence à notre réunion est un soutien, mais je suis déçu quand même. Par contre, le public a bien compris l’enjeu, et nombre de sympathisants nous ont posé la question : « Ramdam va-t-il continuer ? » Pour nous encourager, ils se sont montrés particulièrement généreux. Pourrons nous poursuivre pour être à la hauteur de leurs attentes ? That is the question !

Michel GELLATO

Même si cette réunion publique a été particulièrement positive, reste la question essentielle de savoir si RamDam 64-40 n’a pas remporté une victoire à la Pyrrhus. Pour ma part, j’ai particulièrement apprécié la présence de Jean-René Etchegaray, président de l’Agglo et maire de Bayonne, qui, égal à lui-même, a eu des propos, précis, positif et certainement sincères. J’ai regretté l’absence de Maider Arosteguy, maire de Biarritz, même si elle avait délégué son adjointe à l’Urbanisme Maud Cascino, qui semble exemplaire de probité dans l’exercice de sa fonction et a tenu elle aussi des propos très estimables.
Le soutien des 80 personnes présents dans la salle de la maison des Associations de Biarritz a été très perceptible et nombreux d’entre eux ont joint l’acte à la parole
en prolongeant leur bail de confiance avec nous.

La nouvelle loi sur la protection des élus, votée mais non promulguée à ce jour, pose la question de savoir si une association de lanceur d’alerte, telle que RamDam 64 40 peut poursuivre utilement son activité.

RamDam 64 40 ne saurait contester qu’il faut protéger les élus contre les agressions physiques qui ont été à l’origine de la rédaction de cette loi. Mais faut-il rappeler que sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ? Quatre ans ont été nécessaires à notre petite association pour obtenir une décision favorable, suite à une plainte pour diffamation, parfaitement illégitime. Elle ne saurait envisager une nouvelle affaire du même type.
Ainsi, est pleinement posée dans notre prétendue démocratie, la question de la liberté de blâmer les élus, malveillants ou corrompus. La peur devrait changer de camp, mais force est de constater avec tristesse que cela est loin d’être acquis dans la vie publique d’aujourd’hui. Une certaine idée de la France et de la République, ne saurait s’en accommoder !

Jacques-André SCHNECK

Si, par extraordinaire, un chasseur de têtes a assisté à notre réunion publique, il est assez probable qu’il ne confiera pas à un membre de RamDam ce poste de vendeur de réfrigérateurs à des esquimaux, non pourvu depuis des lustres. « Vous êtes de drôles d’oiseaux tout de même, me confie un spectateur à la fin de la réunion. Vous annoncez que vous allez peut-être arrêter sous peu et en même temps vous demandez aux gens de cotiser ». Désolé, cher participant, mais c’est notre style à RamDam ! Nous acceptons bien volontiers d’être les pires vendeurs de l’Aquitaine et même de la France, mais nous tenons à tout prix à être transparents avec vous et à ne rien vous cacher de ce que nous vivons en ces temps si difficiles pour les associations citoyennes.

Il faut croire que notre fraîcheur et notre honnêteté ont été convaincantes, puisque vous êtes une vingtaine de nouveaux sympathisants à avoir adhéré à notre association. Et nous sommes restés sans voix quand une famille, qui souhaite rester anonyme, nous a donné deux cents euros pour nous aider dans notre cauchemar judiciaire.

La sauvegarde de la liberté d’expression est un combat de tous les instants et a un prix. Vous l’avez bien compris et nous en sommes heureux.

Jean-Yves VIOLLIER

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