Accusé d’avoir manœuvré en douce avec le promoteur du parking Foch Saint-Jean, le président François-Xavier Letamendia a dû interrompre son assemblée générale sous les huées et les quolibets des autres adhérents.
Cet adhérent de Gardena est sorti totalement écœuré de l’assemblée générale qui s’est tenue jeudi 23 février au cinéma Le Sélect à Saint-Jean-de-Luz : « Je ne sais pas si nos dirigeants ont postulé pour l’édition 2024 de l’émission « Les traîtres », mais il est sûr qu’en cas de candidature de leur part, la chaîne M6 se sentira obligée d’étudier sérieusement leur dossier« . François-Xavier Letamendia accusé d’avoir joué perso sur le dos de l’association Gardena (qui signifie en basque transparence… Défense de rire!) avait promis dans Sud Ouest (14/1) que la lumière sur cette ténébreuse affaire serait faite lors de la prochaine assemblée générale en plastronnant auprès du journaliste Vincent Dewitte : « Je mettrai les points sur les i en temps voulu. Tout ce que je peux dire à ce stade, c’est que certains d’entre eux se sont fait abuser, qu’ils ne sont pas nets et qu’à la sortie, ils vont être gênés. »
RamDam était présent lors de cette houleuse réunion et le moins que l’on puisse dire est que la présidence de l’association nous a semblé, contrairement à ce qui avait été annoncé, beaucoup plus gênée que les 50 membres de l’association, pratiquement tous scandalisés des agissements de l’équipe dirigeante.

De gauche à droite, François-Xavier Letamendia, président de Gardena, Étienne Renoux trésorier et Daniel Margnes, administrateur.
Est-ce un signe d’embarras ? L’assemblée générale démarre à 10 h 30 avec plus de trente minutes de retard et commence par une faute majeure pour une association 1901. Contrairement à ce que prévoit la Loi, les adhérents ont été convoqués sans que ne soit adjoint à la convocation le rapport moral et le rapport financier. Et benoîtement, le président François-Xavier Latemendia, qui ne doute décidément de rien, a prévu, après la lecture des rapports moraux et financiers et l’élection du conseil d’administration, d’évoquer le protocole qu’il a signé avec le promoteur dans les « questions diverses ». Avec la suavité d’un prélat, il annonce une « réunion un peu particulière avec des avis un peu divergents ».
La salle hurle sa colère et obtient que le protocole signé par le président, le trésorier et l’administrateur, soit évoqué avant toute chose, ce qui nous vaut d’entrer dans un pitoyable jeu de demi-vérités, de menaces et de minauderies qui n’ont pas leur place dans une association digne de ce nom. Alors que les protestations fusent dans la salle, « Il n’y a aucune raison de mettre une association patrimoniale dans le jeu du promoteur », « Vous êtes là pour défendre vos intérêts, vous nous avez trompés ! », « Nous étions opposés à ce que vous rencontriez seuls le promoteur », le président croit trouver une échappatoire en rappelant le calendrier des événements. 22 juin 2022 : référé refusé. 8 juillet 2022, signature d’un protocole avec la SCCV Donibane Berri. 1er octobre 2022, assemblée générale de Gardena.
L’argumentation du trio dirigeant est plus que laborieuse. Selon eux, les adhérents ont été informés en octobre 2022 de la signature du protocole. La salle se récrie : « Vous avez évoqué ce protocole en parlant d’une hypothèse, alors que vous l’aviez déjà signé ».
Battant en retraite, François-Xavier Letamendia affirme que le conseil d’administration n’a eu « que trois ou quatre jours en juin 2022, car le promoteur était très pressé » pour informer les adhérents, ce qui s’est avéré matériellement impossible. RamDam 64-40 est ravi d’apprendre qu’à Saint-Jean-de-Luz on communique encore par pigeons voyageurs quand d’autres associations comme la nôtre échangent par mail et réussissent à faire valider par les membres du bureau l’article que vous lisez en quelques heures.
Le président : « Mais qu’est-ce que ça peut vous faire ? »
Et le trio dirigeant de continuer à s’enfoncer : « C’est un protocole privé signé par les intéressés et donc confidentiel ». Un adhérent rue dans les brancards : « Vous avez signé au nom de Gardena, la confidentialité ne peut donc être opposée aux membres de l’association ». Le président Letamendia tente de reprendre la parole puis explose : « Vous me laissez terminer, sinon, on arrête tout ! ». Le trésorier Étienne Renoux, lui-même signataire de l’accord concède du bout des lèvres que le promoteur a octroyé aux six signataires du protocole 14 places de parking et 50 000 euros à l’association Gardena. Tandis que le président Letamendia a cette phrase sublime : « Qu’est-ce que ça peut vous faire ? »
Une octogénaire intervient pour demander si c’est le président qui a distribué les parkings. « Certains ! » laisse échapper François-Xavier Letamendia… Quel aveu !
La suite devient lunaire : « « Combien de parkings avez-vous eu à titre personnel ». « Je suis parmi les requérants » répond le « transparent » président. « Un ? Deux ? » insiste la salle. « Je refuse de répondre ». Question à l’administrateur Daniel Margnes : « Avez-vous touché de l’argent? » Réponse très informative : « ça ne vous regarde pas! »
Nouvelle tentative pour changer de sujet : « Je remercie beaucoup le corbeau qui a informé la presse ». Une riveraine du parking Foch, qui a refusé de signer quoi que ce soit avec le promoteur, le coupe « Ce n’est pas un corbeau mais un lanceur d’alerte ! ». Le président perd pied : « Il y avait une association et vous êtes en train de l’entériner, euh !… de l’enterrer ! ». Qui est en train de tuer cette association ?
Agacée par tous ces atermoiements, la salle une fois de plus demande à ce que le protocole signé soit affiché à l’écran. Le trio dirigeant semble vouloir obtempérer, mais, c’est ballot, ils ne trouvent plus le document dans leur ordinateur. Excédés, les opposants se mettent à scander dans la salle du Sélect, qui n’avait pas dû connaître un aussi beau chahut depuis des lustres : « LE-PRO-TO-COLE ! LE-PRO-TO-COLE ! »
Il est midi et le président tente de ramener sa troupe dissipée (une seule personne dans la salle lui a manifesté son soutien) à l’ordre du jour. Refus unanime et demande que soit convoquée une assemblée générale extraordinaire où le document signé avec le promoteur sera communiqué à tous. Le président promet mollement mais qui peut encore croire en ses propos ?
Jean-Yves VIOLLIER
Un double jeu très discutable
Toute l’argumentation du président François-Xavier Latemendia tient en un fait auquel il s’accroche désespérément : contrairement à nombre d’adhérents de Gardena, il est un riverain du Parking Foch et donc directement impacté par le bâtiment qui va être bâti en surface. Le problème, c’est que les adhérents de Gardena pensaient être venus dans une association de défense du patrimoine de Saint-Jean-de-Luz. En 2022, François-Xavier Latemendia et Étienne Renoux auraient pu très bien démissionner de leurs fonctions à Gardena et aller négocier directement avec le promoteur pour le préjudice subi. Ce n’est pas très glorieux mais ça arrive dans les associations. Au lieu de cela, consciemment ou inconsciemment, ils ont fait monter les enchères en mettant Gardena dans la corbeille de mariés. Il est fort probable que le promoteur n’aurait pas donné autant face à de simples particuliers (le chiffre couramment évoqué est de plus de 700 000 euros). On l’a vu, l’argument de ne pas avoir eu le temps de prévenir les adhérents ne tient pas la route en 2024. En sortant de l’assemblée générale, plusieurs adhérents de Gardena, s’estimant trahis, annonçaient vouloir donner des suite judiciaires à l’affaire. Le feuilleton n’est donc pas fini.