Dans les Landes, des autobus nommés mépris

Dans les deux Sociétés Publiques landaises de transport, Trans-Landes et RRTL, tout le monde est soucieux : les salariés pour la sécurité des passagers de leurs bus, les élus pour éviter les vagues et les directeurs pour choyer leurs bas de laine.

Habitants des Landes, si vous avez des enfants, les confier aux transports scolaires de la SPL Trans-Landes et RRTL dont certains chauffeurs sont en infraction ou stressés, c’est comme envoyer votre belle-mère cueillir des champignons en pleine ouverture de la chasse.

Suite à nos articles (1&2) reprenant les témoignages de salariés courageux des deux sociétés SPL Trans-Landes et RRTL (Régie des transports des landes) dénonçant les diverses entorses et infractions concernant la sécurité des transports, des correspondants nous ont demandé : la situation a-t-elle évolué ?

Effectivement, des mesures ont été prises et d’urgence : vider les emmerdeurs ! Et de la pire façon : les harceler pour qu’ils partent d’eux même.

Traduisant l’ambiance, pour une société de seulement 310 employés, 9 procès ont été lancés par les salariés. Aussi, avant de témoigner des graves tracas qu’on subit ces témoins, partant du postulat qu’une société est à l’image de leurs patrons, nous allons commencer en détaillant le rapport au vitriol que la Cour Régionale des Comptes a décerné à la Régie Régionale de transport des Landes pour les années 2016 à 2019.

La Cour ne consacre pas moins de 25 pages (page 40 à 64) quant à la rémunération du directeur et pose un nombre impressionnant de questions portant sur les avantages accordés, les frais imputés à RRTL etc.. la liste est une vraie bible de « comment on peut gratter un maximum d’argent public quand on a un poste de direction » (3)

D’abord, pour une société de 310 personnes, un salaire dépassant les 12 000 €/mois. Pas mal ! La CRC commentera : « ces rémunérations s’avèrent très supérieures à celle perçue par des agents occupant les mêmes fonctions » On s’en doutait.

Suit une liste de gâteries diverses et variées allant jusqu’au simple ticket restaurant indûment accordé. Il n’y a pas de petits profits. Déplacements facturés sans motif de mission ou privés (indemnités kilométriques, avion, hôtel repas (p.49), même les jours de repos ou de maladie ; incohérences dans les dates et les imputations (p 48) ; 284 repas facturés pour 185 jours de présence en 2017 ; 259 repas pour 206 jours en 2018 (p.54) ; Remboursements en double (p.55) Invitation hors de sa zone d’activité ou sans rapport avec les activités de Trans-Landes… Bref  un total des frais de missions de 22 800 € pour 2017 (p.55)

Mais c’est un homme honnête, il s’engage à rembourser la part employeur de 40 tickets restaurants (repas facturés par ailleurs) : soit 120 €. Quelle générosité ! Pour tout le reste, pas question. Il défend ses sous bec et ongle en dépit des lourdes critiques de la Cour Régionale des Comptes, tout comme les 13 333 € annuels d’indemnités kilométriques.

Car c’est un homme qui roule (sa bosse) beaucoup : 34 500 km par an. Malgré les véhicules de fonction mis à sa disposition, il préfère sa propre voiture : 34 500 km par an à 60 km/h de moyenne, (ville et route), il passe donc 575 heures dans sa voiture, soit 15 semaines de 39 heures ! Un record pour quelqu’un qui déclare 1600 h de travail par an. Voilà qui mérite bien ce petit plus de 13 300 €.

La Cours Régionale des Comptes est surprise de ces déplacements, que ce soit de leur destination ou de leur opportunité ! Par exemple, le directeur effectue un aller en train, mais revient avec son véhicule personnel. Curieux.

Arrêtons-nous là. 24 pages ainsi résumées, vous vous dites bien que nous n’avons pas tout dit, nous ne voulons pas lasser le lecteur.

Quant à la gestion de son entreprise, que peut-on espérer d’un directeur si occupé ? La CRC relève beaucoup de « distorsions ». Entre autres, des délégations de signature floues. Par exemple, le DRH a signé en 2016 pour 360 000 € de prestations en dehors de son domaine de compétences.

Comment s’étonner que la CRC pointe un « climat social dégradé » dans les deux sociétés.

Extrait du rapport de la Cour Régionale des Comptes

Dans un prochain article, nous rapporterons les témoignages des salariés, soucieux de la sécurité des passagers, qui ont dénoncé un tel système au péril de leur emploi, certes, mais aussi de leur santé. Vous découvrirez le cheminement de citoyens honnêtes, qui, devant le mutisme de leur direction, des pouvoirs publics, des élus n’eurent d’autres alternatives que de devenir lanceurs d’alertes, et y laisser et leur travail et leur santé.

Michel Gellato

  1. https://ramdam6440.fr/2021/04/30/nos-politiques-font-rouler-en-zone-de-non-droit-des-cars-chers-a-leurs-electeurs/
  2. https://wordpress.com/post/ramdam6440.fr/3490
  3. https://www.ccomptes.fr/fr/publications/regie-regionale-des-transports-des-landes-mont-de-marsan-landes

3 commentaires

  1. J’ai travaillé dans ces 2 entreprises et vraiment tout est flou . Qui occupe ce poste ,à quoi sert il beaucoup de postes crées dans les bureaux pour pouvoir fliquer les salariés productifs.Ne parlons des depots extérieurs installés de bric et de broc sur des terrains n’appartenant jamais aux 2 sociétés. J’ai fais partie du CHSCT. Vive la retraite.

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  2. Bonjour,
    Un bon papier comme d’habitude qui incite à la curiosité.
    Une gestion publique de ce niveau c’est du grand art.
    La lecture de l’audit de la CRCNA est digne d’un roman policier voire d’un scénario d’un film polito/juridique/financier sauf qu’il est bizarre à priori que la CRC n’est pas trouvé dans son arsenal juridique un seul motif de sanction ???
    Bonne lecture!

    PS:Dans les exemples suivants cela va raviver des souvenirs Biarrots…

    Le risque pénal des élus locaux et des agents est en hausse …
    https://www.weka.fr › Services à la population › Élus
    7 févr. 2020 — … abus de biens sociaux, abus de confiance, corruption passive, prise illégale d’intérêts, détournement de fonds publics, favoritisme…

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