CHEZ LES ÉLUS CHOSE PROMISE N’EST PAS CHOSE DUE

La préservation de l’environnement, c’était juste pour amuser les ballots pendant le confinement. Retour maintenant aux GPA (Grands Projets Absurdes) !

Durant la récente campagne électorale baignée dans un climat anxiogène de pandémie nous avions cru voir se dégager un consensus : les futurs élus avaient tous promis que dorénavant l’urgence absolue serait la préservation de l’environnement et la lutte contre le changement climatique. Au plus haut niveau de l’État on nous annonçait le grand chambardement que le nouveau gouvernement allait orchestrer avec Brio (surnom de Jean Castex)

Et bien tout cela c’était du pipeau car en fait les atteintes mettant à mal ce que le droit de l’environnent est censé protéger n’ont jamais été autant facilitées. L’ordre des valeurs se trouve en permanence inversé et les enjeux écologiques jugés prioritaires sont régulièrement piétinés face à une concurrence déloyale des enjeux économiques. Malgré  »le trompe couillons » que fut  »la convention citoyenne pour le climat » la situation n’a jamais été aussi préoccupante.

Mais qui sont les responsables ? En premier lieu les élus qui dans leur mégalomanie n’hésitent pas sur leur territoire à initier ou faciliter les GPA (Grands Projets Absurdes) C’est à croire que sur les conseils d’Alfred Jarry le père Ubu a décidé d’installer son royaume dans le sud des Landes.

Petit florilège landais

-Dans la paisible commune de Tosse pour un coût de 250 millions d’euros, le pharaonique projet de complexe golfique porté à bout de bras par le Conseil départemental des Landes devrait accueillir sur 240 hectares, un golf de 45 trous, 500 logements, des hôtels.

Complexe golfique de TOSSE

– À Ondres où 8 hectares de terres agricoles ont été bradées à un promoteur afin qu’il réalise un énième centre commercial XXL de 54 000 m2 baptisé  »les Allées Shopping » pour un coût annoncé de 200 millions d’euros. Un projet initié en 2011 alors qu’à l’époque tout le monde reconnaît que le secteur du BAB est déjà saturé par ce type de surface commerciale au modèle dépassé. Pour preuve le centre commerciale BAB 2 avait déjà doublé sa surface de vente lorsque le nouveau complexe  »Ametzendo » initié par Ikéa a ouvert ses portes à moins de 10 km d’Ondres. Trois ans plus tard la rentabilité n’est toujours pas au rendez-vous. Mais le plus beau est que presque dix ans plus tard les terrains sont toujours en friche même si des routes d’accès à cette virtuelle zone commerciale ont été réalisées, des routes qui mènent nulle part si ce n’est à des culs de sac en rase campagne. D’autres voies d’accès déjà existantes ont été, elles aménagées au frais du contribuable pour recevoir le flot des acheteurs compulsifs. Ce centre commercial devait être la poule aux œufs d’or de la municipalité d’Ondres, il en est devenu le boulet

Centre commercial XXL à Ondres

– À Castets commune située à quinze minutes de l’océan, le projet de construction d’une vague artificielle pour la pratique du surf a suscité l’émoi. Un projet qui sur ce site semble à ce jour abandonné mais immédiatement repris par la commune de Saint-Jean-de-Luz

Un concept chiffré à 40 millions d’euros nécessitant d’artificialiser 8 à 9 hectares de consommer 25 et 35 000 m3 d’eau potable et pas moins de 120 m3 par jour uniquement pour maintenir le niveau, alors que l’eau devenue une ressource rare sur notre planète.

On veut nous faire avaler qu’utiliser de l’eau potable et de l’électricité pour produire des vagues artificielles par ailleurs disponibles à l’état naturel à 2 kilomètres de là serait un progrès pour notre société de consommation alors que partout dans le monde d’éminents chercheurs se vrillent le cerveau pour trouver comment produire de l’énergie à partir de la force des vagues et des marées de nos océans.

Bassin à vagues artificielles

– À Tarnos, on ne manque pas non plus d’idées géniales. Il s’agit de réaliser une nouvelle voie d’accès à cette enviable  »plage de la digue » enclavée entre un complexe chimico-sidérurgique, un estuaire de l’Adour peu attractif du point de vue sanitaire et un champ de tir militaire.

Il suffit de se rendre sur ce spot truffé de blockhaus, vestiges de la dernière guerre pour contempler le paysage industriel, respirer les effluves de l’activité chimique classée SEVESO et entendre les bruits du laminoir voisin ponctués par les détonations des armes de guerre pour comprendre immédiatement l’escroquerie intellectuelle sur laquelle ce projet est construit  en l’occurrence : vouloir faire de cette plage jusqu’alors non aménagée et peu fréquentée un site touristique que nous enviera le monde entier.

Du coup, bien qu’une voie desserve déjà le site il devient indispensable pour plus de 8 millions d’euros de créer un nouvel accès spécifique à cet hypothétique afflux touristique.

Le hic est que ce tracé se fera aux dépens de la faune et de la flore exceptionnels de cette zone protégée qui sera dès lors traversée par 2,5 km de chaussée bitumée. Une zone endémique qui abrite en particulier la plus grande concentration en Europe de  »lézards ocellé ». Ce plus grand lézard européen (75 cm de long) classé sur la liste rouge des espèces en danger au niveau national et protégé au niveau international par la convention de Berne se verra ainsi sacrifié par ce déferlement de bitume et de touristes à pied à cheval et en voiture.

Le plus grand lézard d’Europe en danger à TARNOS

Un dossier exemplaire dans lequel le préfet des Landes, malgré l’avis défavorable de l’instance scientifique compétente, le  »Conseil National pour la Protection de la Nature », accorde une dérogation aux lois sur la protection des espèces. Décision confirmée par la suite par le tribunal administratif de Pau.

Les points communs de ces  »GPA’ sont qu’ils coûtent  »un pognon de dingue », s’élaborent au détriment de la préservation des écosystèmes, parfois même en contradiction avec les objectifs d’économies d’énergie prônés par nos dirigeants et contenues dans les 150 propositions émises par fameuse et fumeuse convention citoyenne pour le climat si importante aux yeux de notre président. Bien sur ces aberrations sont toujours justifiées par le prétexte fallacieux de la création d’hypothétiques emplois.

Enfin on ne peut que déplorer, que malgré des avis défavorables des instances scientifiques et l’opposition des citoyens concernés, ces rois de la dérogation que sont les préfets ne jouent plus leur rôle de contrôle de la légalité administrative et de l’intérêt publique. Ils entérinent avec l’aval de la justice et des plus hautes instances de l’État les divagations absurdes de certains élus peu soucieux des véritables enjeux de préservation des territoires à long terme.

En fait la politique c’est un peu comme l’apiculture il faut enfumer pour pouvoir récolter le miel et surtout éviter de se faire piquer.

la commission enfumage au grand complet

Dominique LAPIERRE

Un commentaire

  1. Au nom du sport pro, doit-on créer une structure d’entraînement pro avec tout son environnement lourd d’accueil, restauration, hôtellerie etc., à 500 m de l’océan ? La Côte basque a-t-elle besoin de ça pour développer son tourisme alors qu’elle est déjà surchargée jusqu’à la gorge ? Juste derrière la Côte, à peine dans l’arrière pays, on voit qu’en 20 ans, la zone urbanisée a doublé – triplé ? quadruplé ? décuplé ? Je n’en sais rien – de surface, entre Btz et Hendaye. Et Anglet brûle. Alors sacrifier chaque fois des zones vertes protégées, ça finit par faire beaucoup. Trop. Le charme s’en va. L’air itou. La verdure avec. Les animaux aussi. Les habitants suivent ou précèdent. Restera, si l’on continue, le parc d’attraction, point. Abertzale ? Moi ? 🤣

    Ensuite, on peut digresser vers l’essence même du surf, loisir né plutôt baba-cool années 70 (toujours assez argentée, mais cool. On ne disait pas encore bobo). Et se demander ce qu’il devient : un sport de fric comme les autres, où les surfeurs, souvent écolos (logique), prennent le premier jet privé pour une vague annoncée superbe à l’autre bout de la planète avec sponsors sur place + jet-skis + bateaux d’accompagnement + hélicos pour filmer + fans + public (moins logique). On est loin de la philosophie de naissance du sport. C’est ça qu’on veut ? Et uniquement ça ?

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